Le successeur du très réussi R6 pousse encore plus loin la cadence, avec une subtile, mais bienvenue, hausse de la définition. Résultat : un hybride 24×36 diablement polyvalent, dont les performances ont de quoi faire trembler les modèles pros. Explication à l’issue de notre prise en main.
En résumé
Identique au R6 en apparence, le R6 Mark II cache en réalité pas mal d’évolutions dans ses entrailles, ce qui peut en partie expliquer les 200 € de plus (le R6 Mark II coûte 2 899 € nu) que le R6 à sa sortie. Si bien qu’il est actuellement l’un des hybrides les plus polyvalents du marché, pour ceux qui ne cherchent pas à tutoyer les cimes de la haute définition. Son capteur de 24 Mpx reste raisonnable (et pourtant, la définition est en progrès par rapport au R6) et rend une copie excellente en hautes sensibilités ; la qualité d’image, servie lors de notre prise en main par le haut du panier en matière d’optique, la série L, est au rendez-vous, et ce malgré une technologie de capteur plutôt classique, en comparaison notamment avec la structure empilée du Cmos de 24 Mpx du R3, hybride pro de la marque.
À l’usage, on retrouve les sensations éprouvées à l’époque du reflex avec le 6D Mark II… tout en bénéficiant d’un niveau de performances supérieur à un 1D X Mark III ! L’EOS R6 Mark II pourra ainsi affronter tout type de terrain et il incarne parfaitement l’ère moderne ; celle où les boîtiers à optiques interchangeables sont appelés à régner sans partage. L’apport de la stabilisation, la robustesse de la construction, la qualité du viseur, la justesse de l’autofocus ne laissent aucune place au regret par rapport aux reflex. Le futur appartient au R6 Mark II et, au vu de la gamme optique RF, dont la fréquence de développement impressionne (même s’il manque encore des optiques fixes meilleur marché), il s’annonce rayonnant, malgré une concurrence féroce sur ce segment. Peut-être qu’une définition aux alentours de 30 Mpx aurait encore accentué la polyvalence du R6 Mark II. Voilà en tout cas un axe éventuel d’évolution pour la succession.
Note technique
Les plus et les moins
- Ergonomie et menus intuitifs
- Prise en main confortable, digne des reflex 6D et 5D
- Qualité d’image excellente en hauts Iso
- Stabilisation redoutable
- Performances de l’autofocus
- Autonomie très correcte
- Capacité de la mémoire-tampon
- Gestion du rolling shutter
- Définition « sage » de 24 Mpx
- Pas de mode Haute résolution
- Optiques RF assez chères
- Banding avec obturateur électronique
Notre prise en main détaillée
L’EOS R6 a fait une entrée discrète sur le marché de l’hybride 24×36 en 2020. La raison ? Il a été annoncé en même temps que son grand frère, l’EOS R5, qui joue la carte de la haute définition en photo (45 Mpx) comme en vidéo (8K).
Le R6 est plus mesuré, avec son capteur de 20 Mpx et la vidéo en 4K. Mais les performances et le mode Rafale à 20 i/s, couplés à une ergonomie plus proche de celle des reflex de séries 6D et 5D, en font rapidement l’un des hybrides les plus équilibrés du marché. En cette fin d’année, alors que les pronostics penchaient plutôt en faveur d’un hybride professionnel dont la définition et les performances seraient supérieures à celle du R3, Canon propose un R6 Mark II.
Pas de révolution par rapport à son aîné, mais une série d’évolutions notables que nous avons pu apprécier pendant quelques jours, avec deux optiques RF : le RF 24-105 mm f/4L IS USM et le RF 100-500 mm f/4,5-7,1L IS USM.
Prise en main réalisée sur un produit prêté par le constructeur.
Design et ergonomie
Pas de surprise lors de la prise en main. Alors qu’un virage à 180° a été opéré par Canon entre les EOS R et R6, l’ergonomie du R6 Mark II se montre très proche de celle de son aîné. Tant mieux, car l’agencement des touches et molettes a fait mouche sur ce dernier, après que la tentative d’une « touch bar » made in Canon a fait un flop sur l’EOS R. Tout juste peut-on regretter, sur la série EOS R6, l’absence d’afficheur sur le dessus, pour avoir constamment un œil sur les réglages, comme le permet l’EOS R5.
Seul réel changement du R6 au R6 Mark II, le sélecteur photo-vidéo trône désormais sur la gauche, selon le même principe que sur l’EOS R5C. La prise en main est excellente, la poignée généreuse rappelant la sensation confortable que l’on avait en utilisant l’EOS 6D Mark II.
Sur l’EOS R6 Mark II, la mise sous tension s’effectue désormais près du déclencheur, avec une position intermédiaire « Lock », qui verrouille certaines touches, selon ce qui a été défini dans les menus. L’écran de 3 pouces et 1,62 Mpts, orientable dans toutes les directions, est conservé, tout comme le viseur OLED de 3,68 Mpts, avec un grossissement x0,78.
Au niveau de la construction, le châssis en alliage de magnésium comporte de nombreux joints d’étanchéité. Sur la balance, il ne pèse que 10 g de moins que le R6, soit 670 g. Un hybride situé à mi-chemin entre les univers expert et pro.
Les menus
Toujours aussi clairs, les menus, régis par un code couleur inchangé par rapport aux dernières générations, sont certainement les plus intuitifs du marché à l’heure actuelle. Le premier onglet rouge rassemble les réglages de prise de vue. On y ajuste la qualité d’image, en photo comme en vidéo, la sensibilité Iso, le mode de prise de vue (HDR, Time-lapse…), ou encore la façon dont la stabilisation va être mise en route.
En passant aux onglets violets, ceux dévolus au système autofocus, on constate quelques nouveautés, puisque l’éventail de sujets détectés s’étoffe un peu plus. Désormais, outre les personne et les animaux, il sera possible de sélectionner des véhicules, dont des hélicoptères et des trains, par exemple. En outre, en portrait, on pourra donner une préférence pour une mise au point sur l’œil droit ou gauche.
Qualité d’image
La définition augmente légèrement par rapport au R6 et se retrouve au niveau du R3. On passe ainsi de 20 Mpx sur le R6 à 24 Mpx. Une valeur un peu sage : nous aurions préféré une trentaine de millions de pixels, comme sur l’EOS 5D Mark IV ou le récent Sony Alpha 7 IV. Néanmoins, cette légère hausse place le R6 Mark II dans les standards de sa catégorie. Il aurait été intéressant d’accéder à une fonction Haute résolution, que l’on peut voir chez la concurrence (Sony, Lumix, Fujifilm, OM System) pour accroître la définition, mais Canon ne propose toujours pas cette option.
La nature du capteur n’est pas de type « stacked » (empilée), contrairement au Cmos du R3. Néanmoins, lors de nos essais, nous avons été agréablement surpris par un rolling shutter plutôt bien contenu. En revanche, gare au banding en utilisant l’obturateur électronique sous un éclairage artificiel, comme en attestent les photos suivantes ! Il est toutefois possible d’ajuster la vitesse d’obturation dans les menus en fonction de la fréquence d’éclairage.
Par contre, la qualité d’image est toujours aussi bonne en hautes sensibilités (on peut aller jusqu’à 102 400 Iso). Si bien qu’on pourra aisément flirter avec les 12 800 Iso (en Raw, de préférence, pour de grands tirages) en Jpeg ou en Heif. La stabilisation est également toujours rassurante, le système interne sur cinq axes fonctionnant de paire avec celui intégré dans des optiques IS, tels les zooms RF 24-105 mm f/4L IS USM et RF 100-500 mm f/4,5-7,1L IS USM, à l’œuvre au cours de notre prise en main.
Autofocus et cadence
L’EOS R6 était déjà ultrarapide. Le R6 Mark II va encore plus loin. C’est dire le niveau de performances atteint, qui le place face aux modèles pro sur le terrain de l’action. En obturation mécanique, la cadence est toujours de 12 i/s, une valeur déjà très élevée. En obturation électronique, on passe à 40 i/s, soit le double de l’EOS R6. Et la bonne nouvelle, c’est que la mémoire-tampon suit largement avec des cartes SD UHS-II.
Selon Canon, le système autofocus hérite d’algorithmes vus sur l’EOS R3 (nous avons évoqué la présence de sujets détectables supplémentaires). La mise au point est toujours aussi redoutable, qu’il s’agisse de figer un joueur de tennis ou un écureuil en pleines acrobaties sur une branche. Et si vous avez peur de rater le décollage d’un oiseau, ou bien le départ d’une course, vous pouvez activer le mode Rafale Raw. L’exemple suivant montre bien l’efficacité de cette fonction, déjà vue sur le récent EOS R7, hybride au format APS-C de la marque.
Un petit regret cependant, puisque la marque fait référence au R3 : nous aurions aimé que le système de pilotage des collimateurs par l’œil (littéralement), à l’œuvre sur l’hybride pro, soit également de la partie sur le R6 Mark II ; or, ce n’est pas le cas. On se console avec le joystick, très bien dessiné, ou encore la possibilité de déplacer les collimateurs AF directement sur l’écran LCD… à condition qu’il ne soit pas retourné contre l’appareil, bien sûr.
Vidéo
Là non plus, pas de changement majeur par rapport à l’EOS R6. Le R6 Mark II reste un appareil essentiellement conçu pour la photo. Mais, en regardant de près les fonctionnalités en matière de tournage, on réalise qu’il a tout à fait son mot à dire ! On pourra ainsi filmer en 4K 50p, comme sur le R6, mais plus de recadrage dans ces conditions, sans limite de durée. Certes, le « crop » était pour le moins léger sur le R6 (x1,07), mais les plus pointilleux ou amateurs de focales grand-angle apprécieront certainement de pouvoir exploiter toute la largeur du cadre en vidéo.
Il faut également mentionner le slow motion à 180 i/s en 1080p, avec fonctionnement de l’autofocus. Dans le registre de la mise au point, soulignons la présence d’une fonction qui permettra de fixer le suivi sur un sujet défini, si bien que la détection s’arrêtera dès qu’il aura quitté le champ. Il existe aussi une fonction de correction du focus breathing. Enfin, une prise micro et une prise casque permettent de filmer en mode « run & gun » ; la sortie HDMI mini type D, en revanche, est moins fiable que la Type A pour brancher un enregistreur externe. L’EOS R6 Mark II sera alors capable de tourner en 6K 50p, au format Apple ProRes Raw.
Zooms pour débuter
Possesseurs de reflex Canon, si vous souhaitez conserver vos optiques EF et que vous hésitez à franchir le Rubicon et investir dans un boîtier hybride, soyez rassurés ! Avec la bague adaptatrice proposée par Canon, tous les automatismes sont conservés : l’autofocus et la stabilisation fonctionnent à merveille une fois une optique EF montée sur un hybride en monture RF. C’était déjà le cas sur l’EOS R6, c’est toujours vrai sur le R6 Mark II.
Quant à la gamme RF, elle commence à avoir fière allure. Lors de cette prise en main, nous nous sommes reposés sur les deux zooms RF 24-105 mm f/4L IS USM et RF 100-500 mm f/4,5-7,1L IS USM, très complémentaires. Du pur bonheur. Le premier est LE transstandard incontournable, il existe d’ailleurs un kit avec le R6 Mark II. La stabilisation est bluffante, l’ergonomie de l’optique est aboutie, avec une bague paramétrable et une construction robuste, à l’épreuve des intempéries. Le piqué est très bon dès la pleine ouverture et la distance minimale de mise au point à 45 cm à toutes les focales en fait une optique touche à tout.
Si vous aimez les longues focales, le RF 100-500 mm f/4,5-7,1L IS USM est actuellement ce qui se fait de mieux en termes de rapport qualité-prix. En monture EF, nous avions l’habitude des 100-400 mm, première et seconde génération. Ce modèle innove avec une plage de focale encore un peu plus étendue. Il faut composer avec une ouverture glissante assez moyenne, mais compensée par l’efficacité de la stabilisation. Le piqué est vraiment superlatif à toutes les focales dès la pleine ouverture. La construction est digne de la série L, irréprochable.
Il existe pas mal d’alternatives à ces deux modèles, à des prix inférieurs. On peut citer notamment le zoom RF 24-105 mm f/4-7,1 IS STM ou bien le RF 100-400 mm f/5,6-8 IS USM. Bien entendu, le niveau de performance est inférieur à celui des deux modèles évoqués plus haut. Mais il s’agit tout de même de solutions très valables. Sachez toutefois que ces objectifs ne sont pas fournis avec un pare-soleil : c’est le cas de tous les modèles qui n’appartiennent pas à la série L. C’était déjà le cas du temps des reflex.