Il y a une magie unique dans le premier album, cette étincelle qui transforme un.e inconnu.e en icône. Parfois, cette première décharge est si puissante qu’elle devient un chef-d’œuvre instantané et intemporel. De Jeff Buckley à Billie Eilish, voici une sélection des 20 meilleurs premiers albums de tous les temps.
Il y a quelque chose de magique, presque d’irréel, dans un premier album. C’est une décharge d’adrénaline brute, des années d’idées, de galères (souvent) et d’espoirs condensées en quelques pistes. C’est un acte de naissance, la photographie d’un artiste ou d’un groupe à l’instant T, sans le filtre du succès, sans la pression de devoir faire aussi bien que le précédent.
Certains de ces premiers essais sont si fulgurants qu’ils ne se contentent pas de lancer une carrière : ils redéfinissent les règles du jeu musical, influencent des générations entières et deviennent instantanément des classiques. De l’énergie sauvage du punk à la poésie du rap, en passant par les révolutions électroniques, voici notre sélection de 20 de ces chefs-d’œuvre inauguraux qui ont tout changé, du premier coup.
The Velvet Underground & Nico – The Velvet Underground & Nico (1967)
Produit par Andy Warhol et porté par la voix de Lou Reed, cet album à la pochette iconique est l’anti-« Summer of Love ». Sombre, dissonant, abordant des thèmes tabous comme la drogue et le sadomasochisme, il fut un échec commercial total à sa sortie. Pourtant, comme le dira Brian Eno, « tous ceux qui l’ont acheté ont monté un groupe ». Son influence sur le rock alternatif, le punk et l’indie rock est tout simplement incalculable.
The Doors – The Doors (1967)
En pleine ère du « Peace and Love », The Doors a offert à la jeunesse une potion bien plus vénéneuse. Entre le blues hypnotique, les claviers psychédéliques de Ray Manzarek et la poésie chamanique d’un Jim Morrison au sommet de son art, ce premier album est une invitation à un trip sensoriel et littéraire. Le morceau final de 11 minutes, The End, reste l’une des expériences d’écoute les plus intenses de l’histoire.
Led Zeppelin – Led Zeppelin I (1969)
Good Times Bad Times déboule et en moins de trois minutes, le monde comprend qu’un nouveau son est né. S’appuyant sur un blues lourd et puissant, Led Zeppelin invente littéralement le hard rock avec ce premier opus. La guitare de Jimmy Page est un monstre, la basse de John Paul Jones est d’une agilité folle, la frappe de John Bonham est titanesque et la voix de Robert Plant vient d’une autre planète. Tout le rock lourd des années 70 est déjà là.
Patti Smith – Horses (1975)
« Jesus died for somebody’s sins, but not mine ». Dès la première phrase, Patti Smith impose sa voix. Horses est un album fondateur qui fusionne la poésie beatnik et l’énergie brute du rock’n’roll garage. C’est l’acte de naissance du punk new-yorkais, un disque lettré, incandescent et totalement libérateur qui a prouvé que le rock pouvait être intelligent, féminin et furieux.
The Clash – The Clash (1977)
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Plus politique et musicalement plus varié que ses contemporains, The Clash a frappé un grand coup avec ce premier album. C’est un brûlot social, une collection de titres courts, rapides et furieux qui capturent l’énergie brute du punk tout en y injectant des touches de reggae. White Riot ou London’s Burning sont des hymnes qui résonnent encore aujourd’hui.
Joy Division – Unknown Pleasures (1979)
Avec sa pochette devenue l’une des plus iconiques de l’histoire, ce disque signé du groupe de Manchester Joy Division est un monolithe noir, froid et angoissé. La production caverneuse de Martin Hannett, la basse mélodique de Peter Hook, la guitare clinique de Bernard Sumner et surtout, la voix de baryton et les textes spectraux d’Ian Curtis… Unknown Pleasures a défini à lui seul le son du post-punk et de la cold wave.
Guns N’ Roses – Appetite for Destruction (1987)
Cinq voyous de Los Angeles ont tout balayé avec ce concentré de fureur, de mélodies imparables et de danger. Porté par la voix éraillée d’Axl Rose et les riffs légendaires de Slash, de Welcome to the Jungle à Paradise City, chaque titre est un hymne. Une leçon de rock’n’roll.
The Stone Roses – The Stone Roses (1989)
À la fin des années 80, une vague d’énergie nouvelle déferle depuis Manchester. The Stone Roses en sont les rois. Sur ce premier album parfait, le rock psychédélique des sixties rencontre l’hédonisme des raves. La guitare cristalline de John Squire, la basse chaloupée de Mani et la nonchalance charismatique d’Ian Brown créent un son unique, à la fois arrogant et angélique. De l’intro prophétique de I Wanna Be Adored à l’hymne She Bangs the Drums, cet album a jeté les bases de la scène Madchester et pavé la voie royale à toute la Britpop, dont un certain groupe nommé… Oasis.
Massive Attack – Blue Lines (1991)
Venu de Bristol, ce collectif a créé un son totalement nouveau : une fusion lente et atmosphérique de hip-hop, de dub, de soul et de samples cinématographiques. Avec les voix envoûtantes de Shara Nelson et Horace Andy, des titres comme Unfinished Sympathy sont devenus des classiques instantanés. Le trip-hop était né, et la musique électronique ne serait plus jamais la même.
Björk – Debut (1993)
Après le succès rock des Sugarcubes, personne n’attendait ça. La jeune Islandaise s’envole pour Londres et plonge la tête la première dans la culture des clubs. Le résultat est Debut, un album mutant où la house music flirte avec des cordes de Bollywood (Venus as a Boy), et des mélodies pop lumineuses côtoient des expérimentations sonores. Porté par sa voix unique qui passe du cri à la caresse, et le tube mondial Human Behaviour, Björk a offert à la pop un nouveau visage.
Wu-Tang Clan – Enter the Wu-Tang (36 Chambers) (1993)
Neuf MCs aux styles radicalement différents, des productions sales et poussiéreuses signées RZA, une mythologie inspirée des films de kung-fu… Le premier album du Wu-Tang Clan a été une révolution copernicienne. Il a prouvé qu’un collectif pouvait briller sans sacrifier les individualités et a imposé un son qui a influencé le hip-hop pour les décennies à venir.
Jeff Buckley – Grace (1994)
Grace est plus qu’un album, c’est un miracle. Unique album studio achevé du vivant de Jeff Buckley, il révèle un artiste à la sensibilité à fleur de peau et, surtout, une voix d’une pureté et d’une amplitude irréelles. Sa reprise de Hallelujah de Leonard Cohen est devenue la version définitive pour beaucoup. Un disque habité, intense et d’une beauté à pleurer.
Oasis – Definitely Maybe (1994)
Avec une confiance folle, les frères Gallagher ont débarqué de Manchester avec un album qui transpire l’envie de devenir les plus grands. Chaque chanson est un classique en puissance, de « Rock ‘n’ Roll Star » à « Live Forever ». C’est le son d’une génération, la bande-son de la Britpop triomphante, bien avant leur retour fracassant en 2025.
Nas – Illmatic (1994)
À tout juste 20 ans, Nasir Jones livrait une chronique ultra-réaliste et poétique de son quartier. Avec une écriture d’une maturité déconcertante et des productions signées par les plus grands, Illmatic est considéré par beaucoup comme le plus grand album de rap de tous les temps.
Daft Punk – Homework (1997)
Alors que la scène électronique était encore une affaire de niche, deux jeunes Français casqués ont tout changé. Le Homework des Daft Punk est un album révolutionnaire qui a fait entrer la house et la techno dans tous les foyers, imposant la « French Touch » au monde entier.
Lauryn Hill – The Miseducation of Lauryn Hill (1998)
Après le succès des Fugees, Lauryn Hill s’émancipe avec un album solo d’une richesse et d’une sincérité désarmantes, mêlant hip-hop, soul, R’n’B et reggae. Porté par l’immense tube Doo Wop (That Thing), cet album a remporté cinq Grammy Awards et a ouvert la voie à toute une génération.
The Strokes – Is This It (2001)
Au début des années 2000, le rock cherchait un second souffle. Il est venu de cinq New-Yorkais en jeans slim et blousons de cuir. Avec un son garage minimaliste, des guitares anguleuses et la voix nonchalante et unique de Julian Casablancas, Is This It était l’album le plus cool du monde. Il a relancé à lui seul une vague de « rock à guitares » pour toute la décennie.
Amy Winehouse – Frank (2003)
Bien avant le triomphe planétaire de Back to Black, il y a eu Frank. Ce premier album révèle une Amy Winehouse profondément amoureuse du jazz, avec une écriture déjà acérée et pleine d’esprit. Moins produit que son successeur, Frank est le portrait brut d’une artiste au talent hors norme, déjà capable de vous briser le cœur en une seule note.
Arctic Monkeys – Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not (2006)
Porté par le bouche-à-oreille en ligne, ce groupe de Sheffield est devenu le porte-parole d’une jeunesse anglaise désabusée. Avec les chroniques nerveuses et ultra-précises d’Alex Turner, cet album est devenu à l’époque le premier album le plus vendu de l’histoire au Royaume-Uni.
Billie Eilish – When We All Fall Asleep, Where Do We Go? (2019)
La toute jeune Billie Eilish a dynamité les codes de la pop avec ce disque inclassable, enregistré dans sa chambre. Sombre, chuchoté, plein de basses menaçantes et de mélodies entêtantes, cet album a capturé l’anxiété de la Génération Z pour en faire une œuvre d’art planétaire. La pop du futur.
