Sélection

Les meilleurs groupes de Britpop, des précurseurs aux héritiers

07 septembre 2022
Par Louis
Les meilleurs groupes de Britpop, des précurseurs aux héritiers

Elle a déchaîné les foules dans les années 90 en réaction au grunge américain : la Britpop a marqué les esprits et réorienté les regards du monde entier vers la Grande-Bretagne. Puisant ses influences dans les succès passés du pays et faisant du neuf avec du vieux, il s’agit du style « so British » par excellence. A l’occasion de la sortie d’Autofiction de Suede, tour d’horizon des artistes qui ont forgé, marqué puis hérité de ce mouvement singulier.

Les précurseurs

The Jam

In The CityOriginaire de Londres et emmenée par Paul Weller, The Jam est une formation rock British jusqu’aux ongles. Figure de proue du mouvement mod revival, elle est à l’origine d’une bonne poignée de tubes (In The City, Town Called Malice, That’s Entertainment pour ne citer qu’eux) traitant généralement de la société britannique. Leur influence sur la musique britannique est majeure, si bien que Weller est parfois considéré comme le « parrain de la Britpop ».

The Smiths

Meat is murderDirection Manchester pour un monument du rock indépendant britannique. The Smiths, articulés autour du tandem Johnny Marr/Morrissey, le premier à la composition et le second à l’écriture. Le duo mêle influences sixties et post-punk pour un résultat sensationnel. L’existence du groupe ne dure que cinq ans mais c’est suffisant pour se faire une place dans le cœur des Britanniques, avec quatre albums de légende : The Smiths, Meat Is Murder, The Queen Is Dead et Strangeways, Here We Come. Le quatuor devient très vite une source d’inspiration importante pour bon nombre de groupes britanniques (ainsi que pour la Britpop).

The Stone Roses

Stone roses Edition DeluxeOn reste à Manchester avec le grand instigateur, avec Happy Monday, du mouvement Madchester (mot-valise entre « mad », fou, et le nom de la ville). The Stone Roses, à la croisée des chemins entre rock, psyché, funk et house, emportent tout sur leur passage avec un premier album, The Stone Roses, truffé de tubes. Ian Brown et sa bande deviennent des incontournables de la musique britannique et préparent un terreau fertile pour les années 90.

Primal Scream

ScreamadelicaOn peut les considérer comme un groupe Madchester, pourtant ce sont des Ecossais. Emmené par l’hurluberlu Bobbie Gillespie, Primal Scream passe d’abord par la case rock, sans connaître un immense succès. Mais l’arrivée d’Andrew Weatherall à la production marque un véritable tournant. A la clé, l’album Screamadelica, qui casse les frontières entre les genres musicaux, avec davantage de saveurs électro. Ce disque fait l’effet d’une bombe et propulse le groupe dans une nouvelle dimension.

The La’s

The La'sOn vous emmène maintenant du côté de Liverpool pour The La’s, avec un seul album leur actif. Mais quel album ! Chouchou de nombreux artistes, dont Noel Gallagher, The La’s combine un sens de la mélodie exceptionnel, servi par une instrumentation sans fioritures. There She Goes envahit les ondes d’outre-Manche et la presse spécialisée est sous le charme. Sorti en 1990, le disque pose les bases de la Britpop, quelques années avant son premier souffle.

Les représentants

Suede

Autofiction Édition Limitée Exclusivité Fnac Vinyle GrisInstigateurs du coup d’envoi de la Britpop avec leur premier album Suede (prononcé « swèyd ») sorti en mars 1993, Brett Anderson et sa bande sont le penchant glam du mouvement. Titres majoritairement ténébreux, à mi-chemin entre les Smiths et Bowie, Suede devient très vite un phénomène au Royaume-Uni, alors que le grunge bat encore son plein. L’année suivante, Dog Man Star explore davantage d’influences, tout en conservant une atmosphère sombre. Coming Up marque un tournant plus lumineux et Beautiful Ones devient très vite l’un des grands hymnes de la Britpop. Les Londoniens sont de retour dans les bacs en 2022 avec un neuvième album, Autofiction.

Blur

ParklifeEgalement originaire de Londres, Blur a pour leader Damon Albarn, qui ne partira pas en vacances avec Brett Anderson (leur succès est simultané et Justine Frischmann, dont on vous parle plus bas, a quitté Anderson pour Albarn). Le quatuor fait ses débuts dans le shoegaze avec un premier album Leisure. C’est en mai 1993 avec Modern Life Is Rubbish qu’il fait son entrée dans la danse Britpop. Un an plus tard, c’est l’explosion avec l’incontournable Parklife. En septembre 1995 sort The Great Escape, qui ne reproduit pas le succès de son prédécesseur, sans être une catastrophe loin de là. Le groupe marque ensuite un éloignement du son Britpop avec Blur, porté entre-autres par le hit Song 2.

Oasis

Definitely maybeIl ne leur suffit que d’un morceau pour rentrer par la grande porte. Avec Supersonic, en avril 1994, les Mancuniens d’Oasis annoncent d’entrée de jeu la couleur : il va falloir compter sur eux. L’album Definitely Maybe sort quatre mois plus tard, et tout le pays est conquis par les mélodies de Noel Gallagher sublimées par l’interprétation désinvolte de son frère Liam. L’année suivante, la fratrie et leur bande remettent le couvercle avec un (What’s The Story) Morning Glory d’exception, qui les propulse au firmament de la musique populaire britannique. Le Royaume-Uni a trouvé son porte-drapeau. En 1997, Be Here Now, sur fond de tensions de plus en plus flagrantes, entame un relatif déclin même si les ventes continuent d’exploser. Quatre albums plus tard, en 2009, à Rock en Seine, une énième rixe entre les frères Gallagher a raison du groupe qui se sépare définitivement.

Aller plus loin : Le top des meilleures chansons d’Oasis

Pulp

Different ClassLe groupe Pulp a quant à lui pris son temps avant de s’imposer comme un cador. Emmenée par Jarvis Cocker, la formation originaire de Sheffield a jonglé entre styles divers et variés depuis la fin des années 1970. Ce n’est qu’en 1994, et la sortie de His’n’Hers, qu’elle goûte enfin au succès en s’inscrivant parfaitement dans la lignée Britpop. Le très inspiré Different Class fait mieux que son prédécesseur et place Pulp dans le « big four » de la Britpop grâce à ses fresques très fines sur la société britannique moderne, dont les deux hits Common People et Disco 2000. This Is Hardcore maintient la barre haut avec presque le même engouement au Royaume-Uni mais We Love Life peine beaucoup plus à convaincre. Le groupe se sépare une première fois en 2002 avant de se reformer pour deux ans en 2011. Un retour serait prévu en 2023.

Supergrass

I Should CocoRendez-vous maintenant à Oxford pour les piles électriques de Supergrass. Anciennement The Jennifers, Gaz Coombes et ses acolytes sortent en 1995 un premier album, I Should Coco, qui se hisse en tête des charts britanniques et leur donne directement un sacré coup de projecteur. Influencés entre autres par le punk, leurs morceaux débordant d’énergie, dont l’énorme carton Alright, les place parmi les incontournables de la Britpop. Deux ans plus tard, In It For The Money, tout aussi fougueux, fait numéro 2 dans le pays. Avec Supergrass, les Oxfordiens semblent s’être quelque peu calmés, sans pour autant perdre en talent.

Elastica

Elastica Edition limitéeGirl power ! Si une écrasante majorité des artistes de Britpop, largement influencée par la « lad culture », est constituée d’hommes, des groupes comme Elastica nous montrent que les femmes ont leur mot à dire. Justine Frischmann, chanteuse de cette formation londonienne fait partie des figures les plus influentes de la Britpop. L’impertinent Elastica ne connaît peut-être pas le même succès que les albums cités précédemment, mais il constitue un joli pied de nez à une atmosphère parfois très machiste.

Sleeper

Smart 25th Anniversary Edition DeluxeAutre groupe porté par une leadeuse, Sleeper, avec la charismatique Louise Wener, fait partie des groupes les plus importants du mouvement. Les instrumentations, souvent relevées, contrastent avec le chant plus doux de Wener et la formule est d’une redoutable efficacité. Sleeper tient également sa notoriété du fait d’avoir repris Atomic de Blondie pour la BO du mythique Trainspotting, en tant que trame de fond d’une des scènes les plus cultes du film. L’interprétation de Wener marque les esprits et donne une dimension encore plus sensuelle au morceau d’origine.

Sans oublier…

Urban HymnsLa Britpop fut une période très dense : tant d’artistes pour un si court laps de temps. Il serait bien dommage de la résumer en sept groupes. On vous propose donc un tour d’horizon des artistes qui méritent le détour. On pense à The Verve, avec comme tête pensante Richard Ashcroft, qui a secoué la planète Britpop en 1997 avec Urban Hymns (et le tube intergalactique Bitter Sweet Symphony). On pense à James, qui connut un succès confidentiel en dehors du Royaume-Uni mais qui est resté dans le cœur des Britanniques. On pense à The Lightning Seeds qui, outre le fait d’agiter les supporters de l’équipe nationale d’Angleterre tous les deux ans avec Three Lions, ont sorti quelques titres à succès dont Pure. On pense aux Gallois de Manic Street Preachers, qui après des débuts dans le hard-rock ont poursuivi un cheminement plus pop. Et pour les plus curieux : The Bluetones, Menswear, Shed Seven, Kula Shaker ou encore Ash valent également le détour.

Les héritiers

Travis

The Invisible BandIls font leurs débuts en pleine Britpop mais c’est après la bataille qu’ils tirent leur épingle du jeu. Les Ecossais de Travis signent en 1999 The Man Who, au succès retentissant. Le mélancolique Why Does It Always Rain On Me nous offre d’agréables relents d’une Britpop qui vient de se dissiper, et reste l’un des derniers hymnes des 90s. Travis rentre ensuite dans les années 2000 tambour battant avec The Invisible Band, porté par le tube planétaire Sing.

Coldplay

ParachutesNous sommes en 2000 et ce qui va devenir l’une des plus grosses cylindrées de la pop sort son premier album, Parachutes. Coldplay, à ses débuts, est très influencé par feue la Britpop et nous propose un pop rock intimiste teinté d’une douce mélancolie. Le titre phare du premier opus, Yellow, cartonne déjà. La bande de Chris Martin ne va faire que grimper en popularité au fil de sa discographie, tout en s’éloignant de ses prémices Britpop au profit d’inspirations plus synthétiques.

Keane

Hopes And FearsMusicalement proche de Travis et des débuts de Coldplay, Keane sort de terre en 2004 avec un premier opus, Hopes & Fears, qui fait grand bruit sur la planète pop. Là aussi, le succès est retentissant : Somewhere Only We Know, This Is The Last Time, Everybody’s Changing… une armada de ballades qui fleurent bon la Britpop envahit les ondes du monde entier. L’album suivant, Under The Iron Sea, est plus emphatique et ténébreux que son prédécesseur.

Kasabian

KasabianAdoubé par les frères Gallagher en personne, le groupe Kasabian puise ses influences dans l’attitude d’Oasis pour y incorporer des saveurs électroniques. A la clé, un Kasabian taillé pour les stades avec des titres parfaits pour être repris par des milliers de personnes. Les plus organiques Empire et West Ryder Pauper Lunatic Asylum sont également bien reçus et la formation de Leicester est désormais un incontournable dans l’univers indie britannique.

Arctic Monkeys

Whatever people say I am that's what I'm notEn 2006, Arctic Monkeys agitent toute l’Angleterre avec leur premier album Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not. Tout comme Pulp, ils sont originaires de Sheffield, et tout comme Pulp, ils prennent un malin plaisir à tourner la société britannique en dérision. Leur musique est survoltée et les Britanniques ont définitivement trouvé une relève aux stars de la Britpop quand sort Favourite Worst Nightmare. Depuis, Alex Turner et sa clique se sont « assagis », tout en restant une référence du rock indé, même au-delà des frontières de la Perfide Albion.

Article rédigé par
Louis
Louis
Disquaire sur Fnac.com
Sélection de produits