L’année metal a été riche : en 2024, entre les titans du genre, les groupes reformés, et les nouveaux venus, les musiques extrêmes n’ont cessé de démontrer leur diversité. Heavy, Death, Black… Dans tous les courants, voici les dix albums qui ont marqué ces derniers mois… et vont encore nous faire remuer la tête ces prochaines semaines !
Alcest – Les Chants de l’aurore
Un peu de douceur dans ce monde de brutes ? Avec Les Chants de l’aurore, Alcest, l’une des formations phares du metal expérimental en France, nous livre une démonstration de ses dons atmosphériques. Oscillant entre des phases lyriques, avec un jeu sur le crescendo magnifique, et des passages noisy, le groupe se sert de différents climats pour raconter, en musique, une histoire poétique et contemplative. Le concept album metal (et post-metal, comme on dit de nos jours) de 2024.
Bring Me the Horizon – Post Human : NeX GEn
Malgré un virage plus « électronique » ces dernières années, Bring Me the Horizon défend toujours avec ferveur sa musique d’origine, à savoir un metalcore accessible et mélodieux, susceptible de plaire aussi bien aux fans de metal pur jus qu’aux aficionados de genres plus « doux ». Post Human : NeX GEn, leur album de 2024, invite l’auditeur à un voyage à travers de nombreux climats, comme l’attestent des featurings variés, de l’artiste singulière Aurora aux copains metalcore d’Underoath. Oli Sykes, âme vocale de BMTH, n’a rien perdu de son charisme. La dynamique de son chant, passant du son clair à la distorsion en quelques secondes, sert de fil conducteur à un disque mature et évident.
Cavalera – Schizophrenia
Les plus anciens connaisseurs du metal se souviennent bien sûr de Schizophrenia, ce disque de Sepultura qui voyait la formation brésilienne gagner en popularité en Europe, il y a près de trente-sept ans. Deux des artisans majeurs de ce disque, les frères Igor et Max Cavalera, ont souhaité redonner vie à cet opus culte, à la charnière du thrash et du death. Schizophrenia, version « Cavalera », millésime 2024, apporte non seulement une mise à jour sonore, avec sa production dantesque, mais aussi du contenu supplémentaire, puisque, pour l’occasion, les frangins ont agrémenté le disque original de nouvelles compositions. Au résultat, un classique enrichi qui se devait de figurer dans la liste des meilleurs disques metal de 2024 !
Judas Priest – Invincible Shield
Avec près de six décennies d’existence, le metal est devenu un phénomène intergénérationnel, et cela se mesure encore en festival, où les nouveaux venus côtoient les pionniers du genre. Judas Priest a fait un retour remarqué en 2024 : six ans après leur précédent album, Invincible Shield est venu prouver cette année que les Anglais n’avaient rien perdu de leur morgue. Blockbuster heavy metal à l’ancienne, le disque enchaîne les tubes (Panic Attack, Trial by Fire, Crowns of Horns) et perpétue la marque de fabrique du groupe, à savoir ce doux mélange de lyrisme et de technicité qui en a fait l’un des monuments des musiques extrêmes depuis… 1974.
High on Fire – Cometh the Storm
Pour définir la tempête sonore de Cometh the Storm, il serait aisé d’employer un mix de qualificatifs comme « sludge », « stoner », « heavy »… La musique d’High On Fire se veut en effet un parfait équilibre entre riffs saillants, phases plus hypnotiques et chants à la Lemmy. Mais cet album dispose d’un petit truc en plus : outre un petit passage par le folklore turc, au milieu du disque, le travail de la formation sur la construction de l’opus sent le perfectionnisme. Chaque chanson répond à la précédente, formant un ensemble absolument passionnant, qui aura marqué l’année musicale metal.
Blood Incantation – Absolute Elsewhere
Attention concept : d’après le chanteur de Blood Incantation, l’album Absolute Elsewhere n’est ni plus ni moins que la « bande originale d’un film de science-fiction de Werner Herzog, avec une partition de rock progressif jouée par un groupe de death metal des années 1990 arrivant du futur ». Force est de constater que l’artiste a parfaitement résumé son propre boulot. À l’écoute de ce disque narratif, on oscille en effet entre passage synthétique digne de The Dark Side of the Moon et growl des nineties, on embarque pour un voyage spatial sidérant. Album-monde empli de chansons à tiroir, cet opus très réussi prouve que l’expérimentation a encore toute sa place dans le metal, un genre en évolution perpétuelle.
Linkin Park – From Zero
Débat éternel (depuis 2001), l’appartenance – ou non – de Linkin Park à la légende du metal ne trouvera encore pas de réponse en 2024. Pourtant, en annonçant sa reformation, à la faveur de l’arrivée dans le groupe d’Emily Armstrong, qui vient remplacer Chester Bennington, tragiquement disparu en 2017, la formation a déclenché un véritable séisme dans le landerneau musical. Force est de constater, avec From Zero, le premier album de ce nouveau line-up, que la jeune vocaliste parvient à retrouver l’esprit des débuts du groupe, notamment cette alternance de chant entre vocalises puissantes et passages plus scandés. L’alchimie entre la nouvelle venue et Mike Shinoda débouche sur un digne successeur d’opus majeurs comme Hybrid Theory et Meteora, même si l’ombre de Chester Bennington ne cessera jamais de planer sur le titan du néo-metal.
Cemetery Skyline – Nordic Gothic
Cet automne, un vent glacé venu de Scandinavie a soufflé sur le monde des musiques extrêmes. Association de membres de Dimmu Borgir, Dark Tranquillity, ou Amorphis, le supergroupe Cemetery Skyline apparaît comme une « récréation » dans leur parcours. L’album Nordic Gothic fait parler une certaine sensibilité qui tranche avec les influences death ou black de leurs groupes d’origine. Mélodieuse et inspirée, la musique de Cemetery Skyline lorgne plutôt les territoires sonores explorés par Ghost ces dernières années. Un coup de cœur à découvrir de la ligne claire du metal.
Opeth – The Last Will And Testament
Amateur de riffs complexes, de bouffées progressives et d’oscillation permanente entre genres ? Opeth publie en fin d’année 2024 son nouvel album, au funéraire titre The Last Will And Testament, et se place à nouveau sur le podium des formations metal les plus innovantes de ces dernières décennies.
Ulcerate – Cutting the Throat of God
D’une grande beauté, la musique d’Ulcerate incarne aujourd’hui l’évolution récente du death metal technique, qui se rapproche de plus en plus du post-rock et d’autres formes progressives. Cutting the Throat of God, sorti cette année, est sans doute l’œuvre la plus aboutie de leur discographie. Les Néo-Zélandais y entrelacent de longues notes de guitares avec des blast beats exécutés façon sulfateuses, le temps de morceaux de bravoure passant toutes les sept minutes. Et l’opus d’apparaître comme l’une des visions les plus modernes de l’ensemble des musiques extrêmes actuelles.
