Entre 1600 et 1770, la musique baroque instrumentale s’empara de l’Europe. À travers des concertos comme les Quatre saisons, des pièces de chambre, des morceaux pour instruments solistes, dont le clavecin et la musique de chambre, les compositeurs de l’époque ont profondément marqué l’histoire de la musique occidentale. Retour sur dix œuvres ou recueils fondateurs de cette esthétique.
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Pièces pour violon et luth du baroque anglais
John Eccles, Henry Purcell ou Nicola Mattei Senior ont fourni au baroque anglais un ensemble d’airs et de sonates pour violon qui ont placé la Grande-Bretagne sur la carte du baroque instrumental aux côtés de la France, de l’Allemagne et de l’Italie. Thomas Dunford et Théotime Langlois de Swarte donnent un aperçu mélodieux et virtuose de ce type de pièces, en les réadaptant pour luth et violon, sur le très beau disque The Mad Lover.
Les pièces de chambre baroques françaises
Luth, théorbe, viole de gambe, clavecin… Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les compositeurs français comme Couperin, Marin Marais ou Jean Henri D’Anglebert ont accès à une riche expressivité instrumentale pour dépeindre la pensée musicale baroque. De jolies pièces, notamment pour luth et clavecin, sont à découvrir sur l’album Barricades, consacré par Jean Rondeau et Thomas Dunford à ce répertoire.
Les Sonates pour clavecin de Domenico Scarlatti
Emblème du baroque chatoyant et rythmé, Domenico Scarlatti a laissé un répertoire important de compositions à destination du clavecin. Plusieurs fois honorée, au cours des siècles, par des pianistes ou clavecinistes virtuoses, cette série de pièces a connu plus récemment une jolie destinée en devenant la matière de l’album Danse avec Scarlatti du guitariste virtuose Thibault Cauvin. Comme il l’a fait pour d’autres disques (The Vivaldi Album, Bach), l’artiste y transcrit pour sa six cordes des pièces prévues pour d’autres instruments, imposant ce répertoire comme une prodigieuse ressource !
Les Suites anglaises
Les suites pour clavier de Jean-Sébastien Bach sont réparties entre Suites françaises, Suites allemandes (les Partitas pour clavier) et les Suites anglaises. Ces dernières, enregistrées notamment par Vladimir Ashkenazy, figurent en tête des plus grandes œuvres pour piano du répertoire du cantor de Leipzig, par leur complexité et leurs ornements typiques du baroque le plus expressif.
Les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach
Chef-d’œuvre indépassable du clavier baroque, les Variations Goldberg portent à leur paroxysme l’écriture en contrepoint typique de l’époque et du compositeur allemand. Autour d’un thème et de ses variations, ce prodigieux recueil représente une révolution d’interprétation, certains pianistes ou clavecinistes ayant calqué leur propre personnalité sur cet « exercice » devenu pièce de virtuosité. Les Variations Goldberg par Glenn Gould apportèrent l’approche « legato » du génie canadien, qui enregistra deux fois la pièce. L’œuvre existe également dans des approches iconoclastes, comme l’enregistrement récent qu’en a donné le claveciniste Jean Rondeau.
Les Concertos pour piano de Bach par Glenn Gould
Correspondant aux numéros de catalogue BWV1052 à BWV1059, les concertos pour clavier de Bach étaient initialement interprétés au clavecin, instrument roi du temps du cantor de Leipzig. Au XIXe et XXe siècle, on prit l’heureuse habitude de reprendre les parties solistes de ces œuvres au piano. Un autre instrument qui révèle les richesses de la partition, comme on le découvre à l’écoute saisissante des enregistrements de Glenn Gould des Piano Concertos N°1, 2, 3, 4, 5, 7.
Œuvres pour viole de gambe de Bach et Abel
Tombée en disgrâce au profit des violons, altos et violoncelles, la viole de gambe se distingue par la profondeur de son timbre et ses harmoniques. Des interprètes comme Lucile Boulanger réhabilitent ses sonorités au travers de transcriptions d’œuvres baroques iconiques : son album Solo montre même que le répertoire de Bach pour d’autres instruments trouve une nouvelle expressivité en étant transcrit pour cet instrument à cordes mélodieux.
Don Juan et Sémiramis de Gluck
Avant le succès des symphonies et des poèmes symphoniques, c’est la musique de scène et de ballet qui offraient aux compositeurs la possibilité d’orchestrer une histoire sans utiliser la voix. Christoph Willibald Gluck donna l’exemple de ce type d’incursion avec Don Juan et Sémiramis, deux œuvres d’accompagnement chorégraphique. Jordi Savall et le Concert des Nations en restituent la grandeur dans leur album consacré à ces ballets.
Vivaldi Concertos pour Violon et les Quatre Saisons – Andrea Marcon et Julien Chauvin et Théotime Langlois de Swarte
Avant que n’explosent les symphonies au XIXe siècle, la musique concertante a la faveur des compositeurs pour orchestre de l’époque du baroque. À ce petit jeu, Antonio Vivaldi en tire une renommée éternelle, avec ses célèbres concertos pour violon, Les Quatre Saisons, à écouter aujourd’hui dans la version flamboyante de Giulano Carmignola. Régulièrement, d’autres grands concertos pour l’instrument du maître vénitien retrouvent une certaine popularité grâce aux travaux de virtuoses comme Julien Chauvain (Concerti Per Violino X ‘Intorno a Pisendel’) ou Théotime Langlois de Swarte (album Violin Concertos).
Les Suites pour violoncelle de Jean Sébastien Bach
À l’époque baroque, les instruments à cordes comme le violon et le violoncelle se trouvent rarement seuls, une basse continue assurée par l’orgue ou le clavecin servant souvent de base harmonique aux morceaux. Jean-Sébastien Bach les dotent pourtant d’un magnifique répertoire solo. Les suites pour violoncelle BWV1007-BWV1012 (ici interprétées par Ophélie Gaillard) ont suscité depuis leur composition de nombreuses vocations, tant le cantor de Leipzig y dévoile les capacités insoupçonnées du timbre du violoncelle dans la musique de chambre soliste.