Entre le XVIIème et le XVIIIème siècle, la musique vocale trouva un nouveau souffle durant la période baroque. À travers la musique sacrée, les compositeurs renouvelèrent motets, oratorios et autres messes, tandis que ces mêmes artistes donnaient à l’approche profane un nouveau genre, l’opéra, à force d’airs légendaires. Retour sur dix œuvres fondatrices de cette époque.
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Les motets de Jean-Sébastien Bach
L’œuvre monumentale de Jean-Sébastien Bach dans la musique sacrée a pris différentes formes au cours du temps. Outre ses magnifiques cantates illustrant chaque moment de l’année liturgique, le cantor de Leipzig a composé de remarquables motets, genre vocal datant de la renaissance qui se sert de la voix comme principal support, avec des arrangements quasi a cappella. Raphaël Pichon et l’ensemble Pygmalion en interprètent les plus célèbres pages dans l’album Motets, où l’on retrouve le célèbre BWV 227 Jesu, meine Freude, qui plonge l’auditeur dans un bain spirituel d’une indicible beauté.
L’oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach
Alors que l’opéra s’imposait en Europe dans le domaine de la musique profane, l’oratorio sacré se distingua en parallèle. C’est un genre narratif dans lequel Jean-Sébastien Bach se distingue également : en racontant des histoires bibliques installées dans la durée, le compositeur joue avec les émotions musicales pour mieux coller à l’intrigue. Ainsi son Oratorio de Noël (interprété ici par Nikolaus Harnoncourt et le Concentus Musicus Wien) conte la naissance de Jésus et les aventures des Rois mages en six parties, formant un tout cohérent et magistral pour 2h30 de musique !
Les passions de Jean-Sébastien Bach
Symboles absolus de la musique sacrée baroque, les deux Passions composées par Jean-Sébastien Bach ont marqué à jamais l’histoire. Messes chantées pour les offices des Rameaux et du Vendredi saint, les deux œuvres comprennent un récitant, un chœur, et les principaux personnages présents dans la Bible au moment de l’arrestation et de l’exécution de Jésus. Ce qui donne à la Passion selon Saint Matthieu (à écouter par Raphaël Pichon et l’ensemble Pygmalion) et à la Passion selon Saint Jean (à découvrir dirigée par Karl Richter) leur caractère dramatique et collectif.
Les opéras de Georg Friedrich Haendel
Alcina, Rinaldo, Jules César en Égypte… Haendel a composé de nombreux opéras tout au long de sa carrière, immortalisant les héroïnes Cléopâtre, Agrippine et autre Rodelinda et dotant les sopranos d’un magnifique répertoire lyrique. Sonya Yoncheva, avec son album Händel, en donne un résumé complet, en interprétant de fameux airs de cette période.
Les airs sacrés et profanes du baroque français
Les Leçons de Ténèbres de Couperin, le Te Deum de Charpentier, Hippolyte et Aricie de Rameau, Enée et Didon de Campra, Psyché de Lully… Opéras, motets et oratorios font toute la richesse du répertoire baroque français. Celui-ci a notamment été défendu par l’ensemble Les Arts florissants de William Christie, formidables prescripteurs de cette époque, comme l’atteste la compilation réalisée à l’occasion des quarante ans de la formation musicale, et humblement nommée Baroque français.
Les opéras d’Antonio Vivaldi
Si Vivaldi a vraisemblablement composé plus de 50 opéras, seule une vingtaine nous est parvenue. Au fur et à mesure des redécouvertes de partitions, ces pièces ont connu progressivement une célébrité similaire à celle des œuvres instrumentales et sacrées de l’auteur des Quatre Saisons. Les Airs d’opéra choisis et interprétés par Cécilia Bartoli témoignent de la grâce mélodique d’un grand nom du baroque italien.
Le Stabat Mater d’Antonio Vivaldi
Solennelle et lente, la vision de Vivaldi du Stabat Mater reste toute personnelle. En effet, le compositeur italien a utilisé une seule voix pour interpréter les dix textes liturgiques recueillis dans cet hommage à la Vierge Marie. Pièce d’une intensité et d’une intimité spirituelle hors-norme, cette œuvre a été servie par des chanteurs exceptionnels, comme Jakub Józef Orlinski sur disque l’an passé.
Le Stabat Mater de Jean-Baptiste Pergolèse
Depuis 1736, le Stabat Mater de Pergolèse exerce une fascination légitime sur les mélomanes. Cette séquence dépeignant les « Sept Douleurs » de la Vierge Marie mêle solo et duo, offrant des pages exceptionnelles de musique vocale baroque, comme l’a bien montré l’interprétation de Christophe Rousset et des Talens Lyriques sur leur récent opus consacré à ce magnum opus.
Les oratorios Georg Friedrich Haendel
Georg Friedrich Haendel impressionna durablement la musique baroque en dédiant à la voix plusieurs grandes œuvres. Ses oratorios (Le Messie, Theodora, Oratorio occasionnel, Salomon, Esther, Seleme), basés en grande partie sur le corpus biblique, ont offert à la langue anglaise ses plus belles pages lyriques. Thomas Dunford dirige Léa Desandre et Iestyn Davies sur Eternal Heaven pour mieux nous faire entendre cette incursion anglo-saxonne de l’art baroque lyrique, un mouvement définitivement européen.
Les cantates du baroque français
Parmi les compositeurs baroques, certains n’ont pas connu une postérité suffisante pour être reprise de génération. Louis Antoine Lefebvre, Michel Pignolet de Montéclair, Philippe Courbois et Louis-Nicolas de Clérambault bénéficient depuis 2019 d’une célébrité qui manquait à leur cantate, grâce à l’album Venez chère ombre, où figurent de superbes pages lyriques, dignes de se frotter au plus grand répertoire vocal de l’époque.