Le top des nouveautés de septembre Romans poche

Captive – Tome 1 – Sarah Rivens (Hlab)

Depuis quelques années maintenant, Sarah Rivens s’est créé sa place au soleil parmi les auteurs préférés des lecteurs francophones. L’engouement pour ses univers sombres où la romance affleure s’est manifesté très rapidement lorsque la jeune autrice algérienne a publié sur Internet son premier roman… Et c’est bien le premier tome de cette saga, Captive, qui sort enfin en livre de poche. On y fait la connaissance de Ella, une jeune femme à qui le destin ne semble pas sourire. Elle est en effet la captive d’un homme cruel qui abuse d’elle. Un changement de possesseur va balayer toutes ses certitudes. Possesseur et captive vont d’abord se haïr, jusqu’à ce que la passion amoureuse vienne troubler leurs rapports. Le premier tome d’une trilogie qui a remporté une adhésion massive de la part des lecteurs de dark romance. Attention : émaillé de violences sexuelles et psychologiques, ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains.

Le Manoir oublié – Tome 2 : Les années de tourmente – Anne Jacobs (10-18)

Amatrices et amateurs de fresque historique en mode “trilogie du siècle”, ce livre de poche est fait pour vous. Bien entendu, il est préférable d’avoir lu Les Temps glorieux, premier tome de la trilogie qui plante le décor d’une Allemagne exsangue qui se relève de la guerre, scindée en deux parties. En Allemagne de l’Est, Franziska est de retour dans la demeure familiale, le Manoir de Dranitz, auprès de son amour de jeunesse. Ce deuxième tome, Les années de tourmente, nous donne à vivre un quotidien chaotique, entre le rêve d’un manoir transformé en hôtel pour Fransizka, et les aspirations de ses proches. Anne Jacobs jongle à merveille entre les époques et les points de vue de ses personnages. Nous voilà embarqués dans une saga comme seule l’autrice allemande du très réussi La villa aux étoffes a le secret. 

Intermezzo – Sally Rooney (Gallimard)

Après ses succès mondiaux, Conversations entre amis et surtout Normal People, Sally Ronney revient dans Intermezzo avec ses thèmes de prédilection : l’amour, le sens de la vie, la place de l’homme dans le monde et les relations interpersonnelles. Ce roman a pour cadre l’Irlande, et pour circonstances le décès d’un homme qui crée un rapprochement entre deux frères que tout oppose, ou presque. Sally Rooney émaille son récit de multiples descriptions et façonne ses dialogues de manière à rendre compte de la versatilité des sentiments. Au fil des pages, les relations se nouent et se distendent, s’emmêlent parfois, et nous voilà embarqués dans une multitude de pensées intimes et personnelles. L’autrice irlandaise se démarque par un style original qui a fait des millions d’adeptes dans le monde entier. 

La folle destinée des Kerdelec – tome 2 : Un mystère à Saint-Malo – Aurore Drécourt (Charleston)

Au sein de la noblesse bretonne du 18e siècle, il est peu dire que Sophie Kerdelec détonne. A 20 ans à peine, la jeune femme n’est pas du genre à se laisser dicter sa conduite, surtout si l’avenir de sa famille est en jeu. Dans ce deuxième tome intitulé Un mystère à Saint-Malo, Sophie arrive dans la cité corsaire, toujours grimée en son frère jumeau, à la recherche du papier volé dans le premier tome. Alors que le charme du comte de Carnac ne la laisse pas indifférente, de nouveaux ennemis approchent… Voilà une saga historique qui mêle romance et aventure avec un panache certain. Il faut dire qu’Aurore Drécourt est docteure en histoire : un background qui donne relief et épaisseur au livre. Rien ne manque pour un moment de lecture qui rime, vraiment, avec aventure.

Le couple qui défia les nazis – Ellie Midwood (J’ai Lu)

Si certains auteurs ont des sujets de prédilection, d’ autres développent ce qui s’apparente presque à des obsessions, des thèmes qui traversent l’ensemble de leur œuvre. Pour l’instant, l’obsession d’Ellie Midwood se porte sur la Seconde guerre mondiale et plus particulièrement le nazisme, sur la base d’histoires vécues et ensuite romancées. La violoniste d’Auschwitz l’a fait connaître au monde entier ; La fille qui s’échappa d’Auschwitz et La fille à la robe rayée ont confirmé sa notoriété. Elle nous revient avec Le couple qui défia les nazis, l’histoire de jeunes gens prêts à tout pour défier l’ennemi dans leur propre pays. C’est en effet à la résistance en Allemagne que s’intéresse l’autrice, avec un livre captivant et émouvant, qui nous éclaire sur des faits historiques déterminants. L’occasion aussi pour la jeune femme de rappeler que la résistance est une affaire intime qui peut se manifester dans chaque geste, si humble soit-il. 

Traverser les forêts – Caroline Hinault (LGF)

Liberté, enfermement, espoir, désillusions, engagement, lâcher-prise… Ici, aux confins de la Pologne, la forêt primaire est le théâtre de toutes les émotions, des plus enfouies aux plus exacerbées. Traverser les forêts nous raconte la trajectoire de trois femmes pour qui la forêt peut être synonyme de sécurité comme de danger. L’une fuit la Syrie, à la recherche d’un peu de paix, d’une bulle de sérénité. L’autre, journaliste biélorusse, se retranche dans la forêt pour échapper au danger. La dernière a vu s’échouer ses rêves de gloire et la forêt, loin de lui apporter une quelconque joie, n’est qu’une prison comme une autre. La force de ce roman, c’est l’urgence de l’écriture de Caroline Hinault, une plume précise et poétique qui donne à ressentir, à voir et à vivre. Après Solak, l’autrice confirme sa place parmi les grands talents de notre époque. 

Le royaume enchanté – Russell Banks (Actes Sud)

A quoi se résume une vie, au seuil de la mort ? Comment raconter, résumer, relater ? Le personnage de Harry Mann décide de livrer sa version des faits sur des bandes magnétiques. En toute subjectivité, il revient sur une enfance misérable dans une secte à Rosewell, puis sur l’installation de sa famille dans un groupe de colons utopistes et religieux, les Shakers, en Floride. Comment il y vivra, comment il s’en éloignera, comment il les trahira. L’écrivain américain Russell Banks creuse les thèmes les plus universels qui soient : le bien et le mal, l’amour, mais aussi l’interdit, le bien commun, la manipulation et bien sûr la foi… Russelle Banks est décédé en 2023. Le royaume enchanté est le tout dernier roman publié de son vivant. 

Le boulanger qui fabriquait des vies heureuses – Carsten Henn (Pocket)

“Tous les matins, elle fabriquait, son p’tit pain au chocolat” : c’est un peu le programme quotidien de Sofie. Elle qui se destinait à une carrière de danseuse étoile connaît une désillusion brutale. Et comme nécessité fait loi, la voici obligée de trouver un petit emploi pour gagner sa croûte : ce sera à la boulangerie, où elle se forme au métier, un peu malgré elle, aux côtés de Giacomo. Comme dans son précédent livre Le passeur de livres, Carsten Henn imagine avec le boulanger un personnage qui sait, bien au-delà de son strict domaine d’expertise, et qui transmet. Le boulanger qui fabriquait des vies heureuses est une sorte de roman d’apprentissage dans lequel les petits gestes du quotidien, si l’on y pense et si l’on y met du cœur, finissent par nous faire devenir une meilleure version de nous-mêmes. Un livre feel good qu’on savoure comme un petit pain chaud et doré, tout juste sorti du four.

Le Refuge des femmes perdues – Stacey Halls (Pocket)

Le refuge des femmes perdues nous emmène dans le Londres de 1847. Ambiance pesante, sombre, à la Dickens. Et l’originalité de ce scénario, c’est que Charles Dickens est justement l’un des personnages du livre. Avec une baronne des plus fortunées, il co-fonde Urania Cottage, un refuge pour femmes en quête d’une seconde chance et d’un nouveau départ. Si les problématiques, les trajectoires de vie sont bien différentes, la perspective de “s’en sortir” n’est pas non plus la même pour toutes les pensionnaires. Le roman de Stacey Halls ne cherche pas à démontrer, juste à raconter la façon dont une vie peut évoluer, dans une direction parfois inattendue. Un livre qui fait la part belle au suspens, mais aussi à la solidarité, l’amitié et la sororité.

Le jardin au clair de lune – Corina Bomann (Charleston)

Lilly Kaiser est antiquaire à Berlin. Le long fleuve tranquille qu’est son quotidien est chamboulé lorsqu’un inconnu déposer devant sa porte un violon et une partition, Le jardin au clair de lune, prétendument liés à la jeune femme et à l’histoire de sa famille. Accompagnée de sa meilleure amie, la voici partie pour un périple dans le temps et l’espace : Londres, Italie, Sumatra, époque contemporaine et début du 20e siècle, chaque table nous emmène vers la résolution de l’enquête. Une jolie fable dont l’approche narrative fait penser aux Sept sœurs de Lucinda Riley (en plus condensé !). Ou à Loin d’Alexis Michalik (en plus sage !). Après le succès de L’île aux papillons, Corina Bomann nous propose un deuxième roman sensible et captivant.