Nouveautés françaises : pop, rock, rap, électro en mode cocorico

Jeunes premiers… A suivre (et à confirmer) 

Des nouvelles têtes dont on avait déjà entendu parler sans pour autant se faire une idée claire et précise. Et d’autres, qui semblent tout juste éclore. Ce n’est pas encore le printemps, mais les nouvelles pousses sont déjà là. 

Jim Bauer – BB 98 

Un personnage oublié d’une série policière des années 90 ? Que nenni, son patronyme lui vient de l’auteur du cultissime tube Cargo De Nuit dont il est le fiston. Les afficionados de The Voice le connaissent sûrement déjà et d’autres ont peut-etre eu écho de son très discret premier album sorti en mode auto-production l’année passée. Changement de braquet avec BB 98, plus rock, plus abouti, plus professionnel. Un nom, une solide culture musicale et des sérieuses capacités d’interprétation et d’écriture devraient logiquement faire résonner ce nouveau LP un peu partout en 2024. 

Charly Marty – Pensées-Piscine 

Une belle surprise que ce Charly Marty. Dès les premières notes du single Pensées-Piscine qui donne son titre à l’album, on sent rapidement qu’on a affaire à un truc qui sort des sentiers battus, un truc qui va causer aux uns et faire bêtement en sourire d’autres, par réflexe pourrait-on dire, comme on l’observe avec ces quelques hurluberlus qui peuplent le paysage de la chanson hexagonale depuis quelque temps maintenant (Katerine, Comelade, Fontaine…).

Une voix pleine de spleen sur des compositions qui naviguent entre pop mélancolique agrémentée de touches rock (glam, psyché) bien senties et sans fautes de goût. Des chansons bien plus adroites et écrites que le ton décalé et léger qui se dégage au premier abord. Une démarche intime et – vous le découvrirez – intimement liée aux arts plastiques sans pour autant être inaccessible ou pédante. Laissez-vous embarquer ! Tout va bien se passer.  

Kloé Lang – Ce Que La Nuit 

Cinéma, théâtre, comédie dramatique, poésie… Kloé Lang est de cette trempe d’artiste qui ne semble pas vouloir choisir un domaine mais en embrasser plusieurs. Pour ce qui nous concerne aujourd’hui, c’est sa carte de visite “musique” qui nous a attirés dans ses filets. Un spectacle musical qui s’est rodé pendant plus d’un an (Aimez–moi) et ce premier EP imminent à découvrir pour une peut-être nouvelle voix de la “chanson française contemporaine”.

Puzzle – Puzzle

Trio en provenance d’un coin mystérieux de l’Hexagone (on a cherché, on n’a pas trouvé), Puzzle est un transfuge d’un groupe electro rock plus conséquent qui sévissait dans les années 2010 (Norma Peals). Les responsables de ce nouveau projet, qui se construit depuis plus d’un an selon une méthodologie cohérente, ont fait le choix d’un nom qui affole les moteurs de recherche (soyez prévenus). Qu’importe le contenant si la soupe est bonne me direz vous ? Avis aux fans de Daho, d’Indochine et autres mastodontes d’une varietée en français tintée de new wave. Des mélodies simples et entêtantes, des légères touches synthétiques & electro, qu’elle soit qualifiée de French Touch Pop ou autre genre musical alambiqué, la formule de Puzzle est sans conteste directement héritée des années 80. 

Rock fou, Pop floue, … 

C’est l’époque qui veut ça. Les genres se côtoient, mutent ou flirtent simplement ensemble selon la sensibilité et le background culturel de chaque artiste/groupe. Du rock bien saignant, de la pop subtile, de l’électro jouissive… Il y en aura pour tous les goûts. 

Lescop – Rêve Partie 

Lescop prend son temps et ça lui va bien. Si ce troisième album a mis du temps pour atterrir dans les bacs (7 ans), dans ce monde qui de toute façon va trop vite, on savoure le travail de précision que l’ancien copain de route de Daniel Darc a réussi à mettre en œuvre avec l’aide du producteur anglais Ash Workman. Un homme de l’ombre qui a fait ses preuves avec des groupes tels que Metronomy ou Baxter Dury.

Delgres – Promis Le Ciel 

Et hop, troisème album en boîte pour le génial power trio franco-guadeloupéen. Si, à l’écoute des deux premiers singles, Delgres semble s’écarter un peu des gimmicks blues avec lesquels ils ont amorcé leur projet, on trouve le cheminement logique d’album en album. Virage rock et production gonflée à bloc un peu plus classique dans sa forme peut-être, le chant où alterne français, créole et anglais fait de toute façon la part belle aux textes singuliers de Pascal Danae. On a hâte de retrouver le trio sur scène où leur savoir-faire est toujours réjouissant. 

Johnny Montreuil – Zanzibar 

Le “narvalo” de service en reprend justement avec un nouvel album (Zanzibar) qui évoque de lointains horizons exotiques, bien au-delà du périph’ et de la Boissière donc. Les ongles toujours sales, les tatouages qui bavent en opposition aux “trucs graphiques” qui ornent les salles de muscu, l’odeur de la ferraille et des barbeucs sauvages qui réchauffent les corps et nourrissent les esprits, c’est ça le rock de Johnny Montreuil. Sans fioritures, généreux, camarade et aussi contagieux qu’un moustique tigre porteur de la dengue… Ouais ça pique, et c’est ça qui est bon. 

La Poison – Décadanse Générale 

Actif depuis 2015, ce trio parisien possède un pédigrée rock alternatif qui explique sûrement sa capacité à publier des albums qui sonnent extrêmement bien. Délire électro-rock cocasse et bien fichu, quelque part entre DEVO, B 52’s et les Rita Mitsouko. Des textes moqueurs et un peu sarcastiques sur notre époque, une efficacité rock’n’roll qui semble tout droit sortie de leurs années “punk”… Ce deuxième album va nous faire danser jusqu’à l’été. C’est d’ailleurs à l’ordre du jour si on se fie au titre de ce nouveau disque. 

… et vieux loups ! 

Si pour quelques-uns, on n’a pas encore beaucoup de détails et d’extraits disponibles, d’autres ont déjà mis en ligne leurs nouveaux titres depuis quelques semaines. Les versions physiques (CD & Vinyles) arrivent bientôt pour ce carré d’as de musiciennes et musiciens aguerris et clôturent cette sélection. Et sincèrement, il y a de quoi nous faire saliver. 

Rocé – Bitume  

Le dernier disque lié à Rocé n’était pas l’un de ces albums de hip-hop dont il nous régale depuis les années 2000 mais une brillante rétrospective autour des chants de luttes (Par Les Damné-e-s De La Terre) intelligemment compilés, remis dans le contexte sociologique français et présentés avec soin et le souci de l’ouvrage éditorial bien fait. Pour ce nouvel album (Bitume), c’est une fois encore un sans-faute. Production exemplaire, audacieuse, originale et, comme on pouvait s’en douter, le propos cinglant, entier et clairvoyant. Un flow unique qui semble être à des kilomètres d’un rap frenchy souvent trop vite mis en boîte pour alimenter l’aspirateur du streaming international. 

Olivia Ruiz – La Réplique

Au grand plaisir de mes collègues de Fnac Montparnasse en charge de la scène française et qui trépignent depuis des mois, c’est Olivia Ruiz qui prépare un retour fracassant dans l’arène musicale après quelques années à se concentrer sur son travail d’écrivain et de maman. La Femme Chocolat, c’était en 2006. Aujourd’hui, si la chanteuse n’a rien perdu de son accent chantant, elle se fait polyglotte et embrasse autant la langue française que celle de ses aïeux, l’espagnol. Un legs qui s’entend aussi musicalement pour ce qui est de ce premier extrait disponible depuis quelques semaines. Encore un peu de patience, le reste arrive bientôt. 

Féfé – Hélicoptère 

Toujours en piste pour notre plus grande satisfaction, l’ex-Saian Supa Crew livre à échéances régulières, depuis son envol solo il y a quinze ans, des albums réjouissants, conscients et aussi percutants que les discours de la Fête de l’Huma. La voix des sans-voix, récits autobiographiques, aussi à l’aise sur des prods hip-hop que dans ce bel et envoûtant premier titre interprété avec le soutien de la voix chaleureuse de Luiza. On attend l’album maintenant !

Dick Annegarn – Chordes 

Incomparable auteur de Bruxelles, Mireille, UBU et autres pirouettes malicieusement tournées, cet amoureux de la langue française au phrasé sans égal est aussi un talentueux guitariste. Dans cette petite série d’albums initiée par le label Tôt Ou Tard, l’ami Dick Annegarn revisite ses chansons sur sa 6 cordes, laissant ainsi l’instrument prendre le relais de titres qui résonnent depuis de nombreuses années dans l’inconscient collectif.