Comme tous les ans, cette rentrée littéraire est pleine de richesses. Mais pour en prendre le contre-pied et vous offrir une (courte) sélection originale, nous avons essayé d’extraire du panier quelques Œuvres Volantes Non Identifiées. Hop là !
Au printemps des monstres – Philippe Jaenada (Mialet-Barrault)
Ah, notre cher Philippe Jaenada, l’homme-ovni que l’on connait pour son art de la parenthèse et son écriture bien particulière… ! Pour cette rentrée littéraire, quel plaisir de le retrouver avec un sujet croustillant, pour nous, fervents adorateurs de faits divers.
Au printemps des monstres retrace l’histoire d’un petit garçon de 11 ans, nommé Luc Taron et kidnappé en 1964. J’en ai trop dit ? Pas assez ? Bon, je continue… Je vous épargne les sordides détails mais son corps est retrouvé le lendemain dans une forêt de banlieue. Pourquoi assassiner cette innocente creature, me direz-vous ? Tout le monde se pose la question. Une chose est sûre : cet « Étrangleur » que l’on désigne comme le coupable et qu’on incarcère (il faut dire qu’il l’a bien cherché en envoyant aux médias, à la police et aux parents des lettres démentes et cruelles), n’est peut-être pas le mouton noir de l’histoire…
Inutile de me soudoyer du regard chers lecteurs, je n’irai pas plus loin car, comme le dit l’auteur lui-même : ce n’est pas de la tarte à résumer !
Notre part de nuit – Mariana Enriquez (Du Sous-Sol)
Nous retrouvons aussi Mariana Enriquez avec Notre part de nuit pour cette rentrée littéraire particulière. Ovni par son histoire atypique et les alternances de points de vue, de lieux et d’époque, le roman nous emmène tout droit au cœur de la dictature militaire argentine des années 1980. Vous rencontrerez aussi un David Bowie perdu dans une foule d’autres personnages (monstrueux) et irez faire quelques pas dans un Londres psychédélique.
Le récit raconte (accessoirement) l’histoire de Gaspar qui semble fuir avec son père quelque chose (mais quoi ?). Cependant, Gaspar n’est pas un garçon comme les autres, et il possède un don terrible qui l’obligera à entrer dans les Ténèbres et percer le secret de la vie éternelle…
Ce que Frida m’a donné – Rosa Maria Unda Souki (Zulma)
Roman de l’intime qui puise ses forces dans la passion de Rosa Maria Unda Souki pour la figure emblématique de Frida Kahlo, nous retournons sur ses pas, là où tout a commencé. A travers la peinture de la célèbre Maison Bleue, Rosa Maria se cherche elle-même : passé, présent, futur se rencontrent et s’entrecroisent. Qui est Frida ? Qui est Rosa ? Qui sont ces voix qui tentent une percée dans la réalité sans savoir comment y parvenir ?
Entre dialogues, tableaux orignaux et dessins au graphite de l’auteure, Ce que Frida m’a donné reste une œuvre riche d’un processus créatif superbement bien mis en place.
Il était une fois à Hollywood – Quentin Tarantino (Fayard)
Finalement, nous ne le connaissons pas si bien ce Quentin Tarantino de la littérature… Réalisateur culte et bien ancré dans le monde du cinéma, nous ne pouvons pas en dire autant dans le monde littéraire. Fin scénariste, il sait manier mots et émotions comme Romain Cannone avec son épée (vous avez la référence ou vous ne l’avez pas !). D’ailleurs, son premier roman en est la preuve-même ! Style unique à l’imagination débordante, Il était une fois Hollywood n’est pas des romans qui passent inaperçus.
Jewish Cock – Katharina Volckmer (Grasset)
Jewish Cock, Jewish Cock… Si vous voulez du déjanté au message profond, je pense que Katharina Volkmer est l’auteure qu’il vous faut pour cette rentrée.
Tandis que vous accompagnerez par la pensée une jeune femme qui, les jambes écartées, raconte sa vie au crâne sans cheveux de Dr. Seligman qui l’ausculte, vous plongerez avec elle dans le monde de ses fantasmes et de ses obsessions.
L’auteure explore de nombreux sujets complexes. Nous retrouvons le sentiment de culpabilité d’avoir grandi en Allemagne après la Shoah et de ne pouvoir fuir cet héritage malgré l’exil. Et nous retrouvons aussi la question du genre, de ce « corps qui l’étouffe un peu plus chaque jour ».
Pour retrouver sa liberté (et s’offrir un sexe circoncis (vous comprenez mieux le titre)), la jeune femme devra se débarrasser des conventions…
Le Grand Rire des hommes assis au bord du monde – Philipp Weiss (Seuil)
Et pour terminer cette courte sélection, le coup final est porté avec Le Grand Rire des hommes assis au bord du monde de Philipp Weiss. Parce qu’en un roman nous retrouvons 5 volumes, 1 200 pages et 1 coffret, ce livre est en lui-même un Ovni de cette rentrée littéraire.
A travers cinq histoires, vous observerez l’évolution de l’humanité jusqu’à l’ère de l’anthropocène… Ere de l’Homme de pouvoir, capable de beaucoup et surtout de détruire… Mais, arrière démons ! Ici, l’énergie n’est pas chargée en pessimisme, bien au contraire ! Et c’est avec un humour brillamment exposé et une richesse imaginative folle, que l’on peut ranger l’œuvre de P. Weiss dans celles qui marqueront les esprits de cette année.
P.S : à vous de choisir l’ordre de lecture des volumes !
Si vous avez repéré des OVNIS parmi la sélection de cette rentrée, faites-nous en part en commentaire !
