Les stigmates de la guerre d’Algérie sondés par Alexis Jenni, une épopée sentimentale signée Jean-Christophe Rufin, le regard délicat de Delphine de Vigan sur une fin de vie sans mot, une romance initiatique par Ohran Pamuk et un nouveau chapitre glaçant des Rivières pourpes de Jean-Christophe Grangé… Avec cette sélection de cinq romans qui vont faire le printemps, la saison s’annonce magnifiquement littéraire.
Les stigmates de la guerre d’Algérie sondés par Alexis Jenni, une épopée sentimentale signée Jean-Christophe Rufin, le regard délicat de Delphine de Vigan sur une fin de vie sans mots, une romance initiatique par Ohran Pamuk et un nouveau chapitre glaçant des Rivières pourpes de Jean-Christophe Grangé… Avec cette sélection de cinq romans qui vont faire le printemps, la saison s’annonce magnifiquement littéraire.
Féroces Infirmes – Alexis Jenni (Gallimard)
En faisant des conséquences mémorielles d’un conflit mal digéré par la société française le sujet central de son nouveau roman, Alexis Jenni renoue avec le thème de L’Art Français de la guerre, Prix Goncourt 2011 et premier roman qui lui apporta succès et reconnaissance. Par la force de la fiction, Féroces Infirmes met à nu les séquelles de la guerre d’Algérie et révèle les plaies encore vivaces d’une période douloureuse que l’état dans sa grande lâcheté n’a jamais voulu regarder en face. L’histoire s’y joue de nos jours, dans une cité populaire où les tensions vont s’exacerber malgré la sagesse de deux amis au passé familial diamétralement opposé, l’un étant le fils d’un ancien militaire grabataire chargé d’une haine tenace envers les Algériens, l’autre, le père maghrébin d’un garçon plein de rage rongé par la rancœur. Avec habileté et finesse, l’auteur milite en creux pour un indispensable devoir de mémoire et dénonce les causes profondes d’un mal insidieux qui gangrène encore les esprits.
Les Sept mariages d’Edgar et Ludmilla – Jean-Christophe Rufin (Gallimard)
Garant d’une littérature flamboyante, pleine de panache romanesque, Jean-Christophe Rufin s’attèle cette fois à un drame sentimental au long cours qui ne rechigne pas à s’orienter vers la comédie réjouissante au gré de l’humeur amoureuse de ses héros. Les Sept mariages d’Edgar et Ludmilla entraîne le lecteur dans les hauts et les bas d’un couple d’amoureux éternels, de l’Ukraine soviétique jusqu’à la France d’aujourd’hui en passant par l’Afrique du Sud et le Maroc. Dans cette romance échevelée, on suit avec gourmandise, et grâce à la plume virevoltante de l’auteur de Rouge Brésil, les lignes de vie d’Edgar et Ludmilla, deux astres qui s’attirent et se repoussent irrémédiablement selon un cycle immuable et mystérieux. Entre grandeur et décadence, cette histoire d’amour hors norme vibre à l’unisson des époques qu’elle traverse.
Les Gratitudes – Delphine de Vigan (JC Lattès)
Après quatre ans d’absence et l’adaptation par Roman Polanski de D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan est de retour avec un nouveau roman où elle change radicalement de registre. Sensible et humain, Les Gratitudes abandonne les thèmes âpres de la souffrance au travail, de la bipolarité ou de l’emprise d’un être toxique pour se tourner avec une grande douceur vers celui de la vieillesse, de la mémoire et de la perte de l’expression. Avec beaucoup de délicatesse, la romancière dresse le portrait d’une femme âgée au passé douloureux glissant doucement vers la fin tout en perdant progressivement l’usage de la parole. Aphasique, elle est entourée de la bienveillance lumineuse d’un orthophoniste qui se bat pour qu’elle puisse garder les mots qui la quittent et de la bonté sincère d’une jeune femme généreuse. Voilà un roman lumineux qui change le regard sur la fin de vie et souligne au passage combien il est important de pouvoir exprimer jusqu’au bout ses souvenirs et émotions.
La Femme aux cheveux roux – Orhan Pamuk (Gallimard)
Ancien Prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk publie aujourd’hui La Femme aux cheveux roux, un dixième roman interrogeant une nouvelle fois notre rapport à la liberté. Ancrée dans la Turquie contemporaine, cette histoire de coup de foudre transgénérationnel entre un jeune étudiant et une belle femme d’âge mûr prend des allures de récit initiatique avec en toile de fond les turpitudes politique et sociales d’un pays en pleine évolution. Entre tenants de la modernité et gardiens de la tradition, Orhan Pamuk use de toutes les ressources créatives que lui apporte son talent d’écrivain pour décrire les tiraillements existentiels d’une jeunesse qui doit trouver sa voie au cœur de cette époque tumultueuse.
Rivières Pourpres : La Dernière Chasse – Jean-Christophe Grangé (Albin Michel)
Avec son titre, sa filiation et son pitch alléchant, le dernier thriller à paraître de Jean-Christophe Grangé promet de nous procurer une bonne dose de sensations fortes et de noirceur saissante. Nouveau chapitre de la série des Rivières Pourpres, La Dernière Chasse remet en selle le commandant Niémans dans une intrigue qui mêle une nouvelle fois nazisme et meurtres en séries. Accompagné d’une franc-tireuse de la PJ (Police Judiciaire), le célèbre flic immortalisé au cinéma par Jean Reno va faire face à un complot sanglant incarné par un groupe paramilitaire de nouvelle génération, héritier contemporain d’un bataillon de tueurs de juifs dirigé durant la guerre par Himmler.
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Aller + loin : Les Loyautés de Delphine de Vigan, ou nos fidélités silencieuses