Si les voyages forment la jeunesse, ils forment aussi l’écrivain, qui en découvrant d’autres contrées, d’autres cultures, en faisant l’expérience du dépaysement, va puiser l’inspiration pour ses futures créations. Les routes d’Europe ont ainsi été parcourues par Stendhal, Goethe ou Stevenson et le sont encore par Sylvain Tesson, Emmanuel Ruben et bien d’autres. Comme le Salon Livre Paris nous y invite, promenons-nous en Europe avec quelques auteurs.
Le voyage en Italie
À la Renaissance le monde intellectuel se tourne déjà vers l’Italie, mais c’est surtout à l’époque romantique que la péninsule devient une destination de choix pour les artistes et écrivains lors de leur « Grand Tour » de l’Europe, comme le décrit Claude Bouheret dans Ils parcourent l’Europe, Voyages d’écrivains et d’artistes 1780-1880. Stendhal, Flaubert, Goethe, Lord Byron et bien d’autres y séjournent et rédigent des chroniques de leur séjour qui leur inspirent aussi d’autres œuvres (romans, poésie, théâtre), comme La Chartreuse de Parme pour Stendhal ou la pièce Les deux Foscari de Byron rendue célèbre par l’opéra éponyme de Verdi. Ce pèlerinage ne s’arrête d’ailleurs pas au 19e siècle, en témoigne Le Voyage en Italie de Jean Giono, qui régale le lecteur de ses découvertes transalpines.
Des américains sur le vieux continent
Dès le 19e siècle des écrivains du nouveau monde, en l’occurrence l’Amérique du Nord, font une sorte de retour aux sources en voyageant en Europe. Comme Robert Louis Stevenson, qui a parcouru les îles britanniques mais dont on savoure surtout le Voyage avec un âne dans les Cévennes, un récit plein d’humour sur son périple au pays des Huguenots. C’est par une série d’articles publiés à Boston dans The Atlantic Journal, que Henry James relate son Voyage en France. Quant à la romancière Edith Wharton, profondément francophile, elle évoque ses trois voyages en France dans La France en automobile, un charmant et poétique carnet de bord. Plus actuel, le journaliste Bill Bryson livre ses réflexion sur les Britanniques dans son décapant Des Cornflakes dans le porridge, chroniques de sa traversée de l’Angleterre en 1994. On peut citer aussi tous ces auteurs américains qui séjournèrent à Paris dans les années 1920, Henry Miller, William Faulkner ou encore Ernest Hemingway, engagé dans la Guerre d’Espagne, qui tira de ses expériences européennes Paris est une fête, Pour qui sonne le glas, ou L’Adieu aux armes.
Les écrivains voyageurs
Le voyage est pour eux une seconde nature, un mode de vie, mais ils sont aussi écrivains. Mêlant ces deux passions, le voyage devient la principale source d’inspiration de ceux que l’on surnomme les écrivains voyageurs. Dans Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson délaisse les froides forêts de Sibérie et les sommets enneigés pour parcourir la France, tout comme Jean-Christophe Bailly dans Le Dépaysement, voyages en France. L’Italien Paolo Rumiz, lui, parcourt les Alpes, « cette colonne vertébrale de l’Europe » de la Croatie à l’Italie en passant par les Balkans, la France et la Suisse. Quant aux historiennes Adeline Rucquoi et Françoise Michau-Frejaville, elles remontent le temps et nous font parcourir l’Europe par la route du célèbre pèlerinage de Compostelle.
À bicyclette…
Emmanuel Ruben est romancier, mais aussi géographe de formation et grand voyageur. Durant l’été 2017, il entreprend avec son ami Vlad de remonter le cours du Danube depuis les rives de la mer Noire, en Ukraine, jusqu’à sa source dans la Forêt-Noire, en Allemagne. Sur la route du Danube est le récit de leur vie de cyclistes, mais surtout un ensemble de réflexions sur les pays traversés, leur histoire, leurs habitants, leur situation actuelle.
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Photo d’illustration : Dariusz Sankowski sur Pixabay