À l’image des romans, la rentrée des essais 2018 est plus resserrée que celle de l’an passé. 95 titres paraîtront entre août et octobre : autant d’occasions de questionner la société française sous toutes ses facettes. L’économie, la religion, la politique, l’école… Tour d’horizon des questions de fond qui agitent la rentrée 2018.
Rentrée des essais rime avec rentrée scolaire
Ah, l’école ! Nombreux sont ceux qui ont leur mot à dire et qui veulent ajouter leur pierre à l’édifice. À commencer par le Ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer qui dialogue avec Edgard Morin pour répondre à la question, Quelle école voulons-nous ?
Emmanuel Vaillant, optimiste, expose 30 bonnes raisons de croire à l’école et Ramin Farhangin explique Pourquoi j’ai créé une école où les enfants font ce qu’ils veulent. Les publications de la rentrée veulent croire en l’avenir et l’abordent avec confiance : Frédéric Castaignède nous emmène dans un tour du monde des meilleures pratiques pédagogiques dans Demain l’école. En 2018, les pamphlets anti-école ne sont plus de mise et chacun tente de contribuer à l’amélioration du système scolaire.
La France de Macron
L’état de grâce est terminé ! Les essais sur la politique du président de la République sont nombreux : une dizaine de titres s’attachent à analyser ses actions et prises de paroles, à l’instar de Macron le Suédois (Alain Lefèbvre) ou Macron, la valse folle de Jupiter (Jean-Marc Daniel). Et la plupart des titres sont plus critiques qu’élogieux.
Loin de s’attacher seulement à la figure présidentielle, les publications de la rentrée préfèrent s’intéresser à la France, ses institutions et sa société. Christophe Guilluy annonce No society : la fin de la classe moyenne occidentale, quand Raphaël Glucksmann critique l’individualisme (Les enfants du vide, de l’impasse individualiste au réveil citoyen) et Jean-François Bouchard L’éternelle truanderie capitaliste. David Graeber s’empare quant à lui du sujet d’actualité des « bullshits jobs » dans Jobs à la con.
Comprendre l’Islam
L’Islam est une nouvelle fois sur la sellette de la rentrée des essais. Et le ton n’est pas toujours neutre. Faut-il craindre l’Islam ? se demande-t-on. La réponse est souvent postitive : Le Grand Abandon, les élites françaises et l’islamisme (Yves Mamou) ; L’Église face à l’Islam : entre naïveté et lucidité (Joachim Veliocas) ; Le livre noir de l’islamisation : comment les élites lui ont livré la France (collectif) ; La guerre secrète : l’islam radical dans le monde du travail. Quatre livres, parmi d’autres, qui dénoncent la place de l’Islam dans la société française.
Des témoignages questionnent également la radicalisation des jeunes vers le djihadisme. On lira Mon fils, ce djihadiste par Alexandra Gil ou Maman, entends-tu le vent ? Daech m’a volé mon fils par Saliha Ben Ali.
D’autres récits rendent hommage au lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, mort lors d’une attaque terroriste à Trèbes. Trois biographies sont prévues, donc l’une par ses frères, Cédric et Damien Beltrame : Frère courage.
Après, Sapiens, une brève histoire de l’humanité et Homo Deus, une brève histoire de l’avenir, Yuval Noah Harari fait son retour avec 21 leçons pour le 21ème siècle. Chez Albin Michel également, Éric Zemmour revient avec Destin français, qui s’attache à réhabiliter ou au contraire enterrer certaines personnalités tricolores.
Côté écologie, Pierre Rabhi nous explique ce qu’est l’agroécologie et Cyril Dion publie Le chant des colibris, tous deux chez Actes Sud.
Enfin, de nombreuses personnalités littéraires françaises (Marie Darrieussecq, Lola Lafon, David Foenkinos) s’associent pour signer Les nouveaux combats des femmes chez Philippe Rey.
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Visuel d’illustration © Marina Vitale