1968-2018, vous n’y couperez pas ! À chaque tour de compteur, le temps des commémorations tous azimuts reste une bonne excuse pour justifier une avalanche de publications qui documentent ce désormais célèbre printemps français. Au milieu de ce raz-de-marée éditorial, le temps d’un nécessaire focus musical s’impose.
1968-2018, c’est le 50ème anniversaire de ce désormais célèbre printemps français. Que vous le vouliez ou non, peu de chance d’y échapper ! À chaque tour de compteur, le temps des commémorations tous azimuts, qu’elles soient officielles ou non, reste une bonne excuse pour justifier une avalanche de publications qui documente des évènements glorifiés par certains, déraisonnables pour d’autres.
Un vent nouveau
Pour ce qui concerne notre champ d’action dans ces colonnes, on ne peut que constater l’impact que ce soulèvement politique et sociétal aura eu sur la production musicale hexagonale de l’époque, mais aussi celle des années suivantes.
À la fin des sixties, la France profite d’un vent nouveau qu’on observe aussi outre-manche et outre atlantique. Le paysage sonore français en subit naturellement quelques effets et commence sérieusement à s’ébouriffer. Après presque 10 ans de règne yéyé, les artistes, musiciens, auteurs, compositeurs, interprètes passent à l’attaque. Avec ou sans pavés, mais définitivement enrichis de nouvelles idées.
Au milieu de ce raz-de-marée éditorial, petit focus non exhaustif sur quelques pertinentes rééditions, classiques sans comparaisons et nouveautés au diapason de cette « révolution ». De quoi ensoleiller votre mois de mai 2018 avec une chouette petite bande-son.
Léo Ferré à l’honneur, évidemment
Commençons avec ce coffret de 3 CD, Léo Ferré Mai 68, qui se concentre comme entendu sur la période incriminée. On y retrouve les chansons de mai 68, des titres emblématiques et engagés de cette année et de celles qui ont suivi. Mais le véritable cadeau bonus de cette édition est l’intégralité du concert donné par Léo Ferré à la Mutualité au beau milieu de ce bazar de mai 68. Vibrant d’histoire.
Ne vous arrêtez pas en si bon chemin, puisque sort également ces jours-ci un super hommage/tribute au bonhomme orchestré par La Souterraine. Ce label frenchy que l’on pourrait considérer comme un héritier direct de ces révolutions artistiques passées, publie la compilation C’est Extra qui présente 13 reprises par des artistes actuels, intègres et inspirés. Du grand Léo magnifié par ce que la scène pop française fait de mieux sans le crier pour autant sur les toits, contrairement à d’autres.
Colette Magny & Dominique Grange : Femmes au combat
Fin 2017, on a célébré par une belle anthologie l’œuvre si particulière de Colette Magny. Il ne faut pas s’arrêter au tube Melocoton (1963), mais pousser un peu plus loin pour entrevoir le colossal travail de cette grande voix de la chanson contestataire française. Elle en était, de toutes les luttes et des occupations d’usines. Sa radicalité assumée lui aura probablement coûté une carrière auprès d’un plus grand public.
Il est probable que Dominique Grange ait croisé le chemin de Colette Magny, puisqu’elle fut elle aussi une voix des barricades. Ce bel ouvrage illustré par le dessinateur de BD et compagnon Tardi, était sorti il y a 10 ans (en 2008 pour les 40 ans). Toujours disponible dans les rayons de la Fnac, c’est le moment où jamais d’y replonger les yeux et les oreilles.
Des Faces B oubliés
Un gros bravo à Born Bad records qui depuis 10 ans maintenant, cartographie et exhume une certaine musique/chanson française et francophone qu’on considérera comme laissée (volontairement ou non) sur le bas-côté du business. Pas vraiment de contestation au sens politique du terme (encore que), mais ces jours ci, c’est Pierre Vassiliu qui est l’objet de nos convoitises. Si vous ne connaissez pas (ou uniquement) son refrain tubesque qui c’est celui-là, le temps est venu de passer à l’action et de redécouvrir l’irrévérence, la poésie et le swing de cet incomparable moustachu qu’on considèrera comme issu de cette trempe d’artistes iconoclastes digne du grand chantier de 1968.
Il y a quelques années, ces mêmes artisans publiaient Mobilisation Générale. Il s’agit d’une compilation illustrant avec brio le top d’un jazz libre et d’une forme de chanson avant-gardiste directement liée aux envolées contestataires post soixante-huitardes (avec Brigitte Fontaine, Areski, François Tusques, Béatrice Arnac…). Un must have comme on dit.
Cuvée 68 !
À signaler également, ce coffret sobrement (ou opportunément) intitulé Mai 68. Réunissant sans autre thématique que l’année de parution, ces 68 titres regroupés sur 4 CD visent large. De Nougaro, Montand et Dutronc à Jefferson Airplane, Marvin Gaye ou Janis Joplin. Des titres entendus sur les ondes cette année-là et une manière comme une autre de revivre la bande-son française et anglo-saxonne de cette période charnière.
Et pour terminer en beauté, mais cette fois sans musique, on vous conseillera vivement d’aller faire un tour à la BNF (ou de vous procurer le livre) de ce qui s’annonce comme une très pertinente exposition sur la thématique du jour. Une mise en lumière réfléchie de l’héritage et de la représentation visuelle & médiatique de Mai 68 au travers des décennies suivantes. Ou comment au fil des commémorations, et cette année n’échappera surement pas à la règle, presse, politiques, acteurs des médias ont façonné notre mémoire visuelle, coté pavé comme côté Elysée. Fascinant !
Réservez ici vos billets pour l’exposition Icônes de mai 68, les images ont une histoire
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