Entre exubérance visuelle, énergie contagieuse et messages forts, Chappell Roan redéfinit la pop comme un art total. À Rock en Seine – sa seule date française de l’année –, l’artiste américaine promet un show unique où la fête, l’émotion et l’engagement se mêleront dans un tourbillon flamboyant.
La Grande Scène du Domaine national de Saint-Cloud vibrera ce mercredi 20 août au rythme d’une pop étincelante et théâtrale. Et pour cause : Chappell Roan ouvre Rock en Seine en tête d’affiche. Un concert rare et attendu, qui promet d’être bien plus qu’un simple live, mais une véritable performance artistique.
Chappell Roan, pop-star aux mille visages
Née Kayleigh Rose Amstutz dans le Missouri en 1998, l’artiste s’est construite loin des projecteurs, au cœur d’une Amérique rurale où ses rêves de pop excentrique semblaient presque incongrus. « J’ai grandi en pensant qu’être gay était mal et un péché. », confiait-elle au Guardian en 2024. Après un premier EP discret (School Nights, 2017) et un départ contraint de son label, elle revient en 2023 avec un premier album devenu incontournable, The Rise and Fall of a Midwest Princess.
Cette œuvre foisonnante, nourrie de synthés 80’s et d’influences glam, s’inspire autant des ballades théâtrales d’Elton John que des audaces visuelles de Lady Gaga ou David Bowie. Porté par des singles comme Good Luck, Babe!, Pink Pony Club ou Hot to Go!, cet opus déploie un monde où la vulnérabilité se pare de costumes à plumes et de refrains imparables. Ses concerts sont une invitation à entrer dans un univers parallèle où chaque chanson devient une histoire, chaque costume un manifeste.
The Rise and Fall of a Midwest Princess fait avant tout écho à son parcours de femme queer venant du Midwest, ses combats et ses joies. En live, ses chansons deviennent des expériences immersives où le public est invité à célébrer l’excentricité et la liberté : « Je pense que les gens veulent juste être heureux et réfléchir, chanter, danser, s’habiller et se sentir libres. », déclare-t-elle à People.
Une show-woman dans l’âme
Assister à un concert de Chappell Roan, c’est entrer dans un cabaret pop total. Perruques XXL, maquillages outranciers, chorégraphies millimétrées et humour assumé : elle a l’art de se mettre en scène, autant comme performeuse que comme chanteuse.
À Coachella, Primavera Sound ou Lollapalooza, ses apparitions ont marqué les esprits par leur intensité et leur inventivité. Chaque titre devient un tableau vivant : Femininomenon explose en fête queer, Red Wine Supernova se transforme en flirt kitsch à souhait, tandis que Pink Pony Club, empli d’émotions, se mue en hymne à la liberté d’être soi-même. Cette scénographie millimétrée, héritière des shows de Prince, repose sur un art maîtrisé du contraste : la légèreté apparente des paillettes et de l’exubérance contre des paroles en apparence légères et sarcastiques, finalement toujours intimes et profondes.
Son humour, sa gestuelle exagérée et ses dialogues avec le public rappellent l’esprit des grands cabarets et des artistes drag. Elle n’hésite pas à casser le quatrième mur, à improviser, à danser au milieu de ses fans ou à transformer un refrain en manifeste.
Une artiste engagée
Derrière les paillettes et l’humour, il y a un discours. Chappell Roan parle de santé mentale, de sexualité, d’identité queer et de pressions de l’industrie musicale. Lauréate du Grammy Award du Meilleur Nouvel Artiste en 2025, elle a utilisé sa tribune pour appeler à plus de justice et d’éthique dans le monde de la musique, avec des phrases scandées fièrement comme : « J’encourage les autres artistes à se rappeler que les labels ont besoin de vous. Vous n’avez pas besoin d’eux. »
Elle a également refusé certaines invitations prestigieuses, préférant rester fidèle à ses convictions plutôt que céder aux opportunités. En 2024, l’artiste avait ainsi décliné une performance lors d’un événement officiel à la Maison Blanche, affirmant son refus de « jouer un rôle » qui trahirait ses valeurs face au président Donald Trump.
Chappell Roan milite également pour la visibilité des artistes LGBTQ+, en parlant ouvertement de sexualité et de son lesbianisme, encourageant ses fans à exprimer leur identité, et en soutenant activement des associations qui œuvrent pour la jeunesse queer.
Influences et héritage artistique
Si la chanteuse de 27 ans revendique l’héritage de David Bowie, Prince, Elton John ou Lady Gaga, elle en a fait une matière vivante, adaptée à son époque. De Bowie, elle reprend le goût de la réinvention constante ; de Prince, la sensualité désinhibée et le mélange des genres ; d’Elton John, le lyrisme et l’élégance pop ; de Lady Gaga, la fusion totale entre visuel et musical.
Elle ajoute à ce mélange un humour satirique hérité des drag queens, une esthétique « camp » assumée et une honnêteté désarmante dans ses textes. Ses concerts ne sont pas seulement des moments de musique, mais des hommages vivants à une tradition de pop expérimentale et inclusive qui traverse les décennies.
En s’inscrivant dans cette lignée, Chappell Roan participe à élargir l’idée même de ce que peut être une star de la pop au 21ᵉ siècle : non plus une figure lisse et formatée, mais une artiste totale, capable d’incarner ses propres contradictions. Sa musique traverse les genres : electropop, glam-rock, disco, ballades intimistes… Le tout porté par un style queer assumé, qui transforme chaque morceau en manifeste.
Rock en Seine 2025, une date unique
Rock en Seine, festival phare de la rentrée musicale, a toujours aimé mettre en avant les talents qui marquent leur époque. Cette année, la soirée d’ouverture se teintera de pop queer et de théâtralité. Ce 20 août, à 21h45, Chappell Roan proposera un show pensé comme une œuvre complète : mise en scène immersive, costumes inédits, surprises visuelles et clins d’œil à ses influences.
Pour le public français, ce sera l’unique occasion de la voir sur scène en 2025. Les premiers rangs s’annoncent déjà multicolores, peuplés de fans arborant plumes, sequins et maquillage inspiré de ses clips. Et la performance de Chappell Roan sera l’un de ces concerts où la frontière entre l’artiste et le public se dissout, où la musique devient un prétexte à la fête, à la communion et à l’affirmation de soi.
L‘artiste incarnera, l’espace d’un soir, la vision d’une pop qui ose tout, qui brille et qui dérange. Un rendez-vous unique, qui s’annonce déjà comme l’un des moments forts de l’été musical français. On booke nos places pour Rock en Seine ?
