Depuis 1889, seuls 72 noms d’hommes ornent la Dame de fer. En 2025, un projet ambitieux entend combler cette absence en inscrivant, pour la première fois, quarante noms de femmes scientifiques sur le monument le plus visité de France.
En lettres d’or, au premier étage de la Tour Eiffel, 72 savants masculins rendent hommage au génie scientifique du XIXᵉ siècle. Mais aucune femme n’y figure. Ce déséquilibre historique s’apprête à être corrigé grâce à l’initiative baptisée Les 40 sœurs d’Hypatie, du nom de la mathématicienne et philosophe d’Alexandrie, figure pionnière de l’Antiquité. Porté par l’association Femmes et Sciences avec la Ville de Paris et la Société d’Exploitation de la Tour Eiffel (SETE), le projet vise à inscrire 40 noms féminins sur le deuxième étage, là où subsistent encore des emplacements vierges.
Un comité d’experts pour choisir et préserver
Afin de sélectionner les personnalités et de garantir le respect patrimonial du monument, un comité scientifique a été constitué. Présidé par l’astrophysicienne Isabelle Vauglin et Jean-François Martins, président de la SETE, il rassemble historiens, architectes, conservateurs, scientifiques et descendants de Gustave Eiffel. Leur mission : proposer la liste définitive et les modalités techniques de l’inscription, pour un rapport attendu en septembre 2025.
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Parmi les noms pressentis figurent déjà Marie Curie, double prix Nobel, Émilie du Châtelet, grande vulgarisatrice des travaux de Newton, et Sophie Germain, mathématicienne dont les théories furent utilisées pour concevoir la structure même de la Tour Eiffel.
Une visibilité gravée dans le métal
Au-delà du geste symbolique, cette opération vise à offrir des modèles féminins aux générations futures et à inscrire, dans le paysage visible de Paris, l’apport majeur des femmes à la science. « Ce n’est pas seulement une reconnaissance, c’est une réécriture de l’histoire dans un espace public qui parle au monde entier », résume Isabelle Vauglin. En choisissant le métal et l’or pour célébrer ces pionnières, Paris grave leur héritage là où il sera vu par des millions de visiteurs chaque année.
Si la décision finale est validée à l’automne, les lettres d’or devraient être apposées dans les mois qui suivront. Plus d’un siècle après son inauguration, la Tour Eiffel s’apprête ainsi à devenir le témoin d’une mémoire scientifique enfin partagée.
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