
Si certains l’ont connue sur YouTube ou au sein du duo Videoclub, Adèle Castillon s’impose aujourd’hui comme une chanteuse solo accomplie. Dans ses albums aux sonorités electropop, la jeune femme de 23 ans se livre en toute intimité – comme une forme de thérapie par la musique. Parce que son parcours mérite d’être souligné, retour sur une artiste qui se libère en créant.
Adèle Castillon enflammera la scène du Fnac Live Paris 2025 sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris ce 4 juillet. Une nouvelle date inscrite à l’agenda déjà bien rempli de la jeune chanteuse, attendue également aux Nuits Blanches du Thoronet (83) le 25 juillet, puis au Rose Festival à Toulouse (31) le 29 août. Amoureuse du live, elle ne manque jamais une occasion de performer – et pour cause. La musique a une résonnance particulière pour elle, véritable exutoire qui l’a sauvée d’une sombre descente aux enfers.
Le calme avant la tempête
Adèle Castillon a 13 ans lorsqu’elle allume sa caméra pour se filmer, et poster le résultat sur YouTube. Nous sommes en 2015 et la plateforme assiste à l’essor des « youtubeuses beauté », ces jeunes femmes qui décryptent le dernier mascara en vogue ou réalisent un tutoriel de tresse en épi de blé. Une catégorie à laquelle l’adolescente est loin de s’identifier.
Sur sa chaîne – anciennement Adèle ta chérie d’amour –, elle publie des vidéos humoristiques dans lesquelles elle s’affiche avec un monosourcil, parodiant sans complexe la youtubeuse beauté type, ou déclare son amour à un paquet de pâtes. Un contenu original et décalé qui lui permet, déjà à l’époque, de se démarquer.
En 2017, Adèle Castillon fait ses débuts au cinéma dans le film Sous le même toit, réalisé par Dominique Farrugia, où elle donne la réplique à Louise Bourgoin et Gilles Lellouche. Si cette première expérience sur grand écran la séduit, c’est finalement en studio qu’elle décide de passer le plus clair de son temps.
Lors d’une soirée, elle rencontre Matthieu Reynaud, qui deviendra son partenaire de vie comme à la scène. Ensemble, ils forment en 2018 le duo Videoclub, un groupe au style electropop, inspiré des années 80, un brin vintage. Leur premier titre, Amour Plastique, connaîtra un succès phénoménal et international, cumulant plusieurs centaines de millions d’écoutes sur les plateformes de streaming.
Rapidement, les tournées s’enchaînent. Sur scène, les deux amoureux s’affichent sourire aux lèvres, dans l’ambiance festive et joyeuse de leurs concerts. Mais en coulisses, il en est autrement. En 2021, le couple finit par se séparer – une rupture qui aura raison de leur groupe, dissous quelques mois plus tard.
Plaisir, Risque, Dépendance : la confession d’une chute
Durant cette période délicate, Adèle Castillon connaît une brutale descente aux enfers, sombrant dans l’addiction aux opiacés. Lors de soirées, elle expérimente les médicaments détournés. Une simple tentative d’évasion devenue un véritable tourbillon infernal, entraînant l’adolescente vers une consommation quotidienne et excessive.
En 2023, en parallèle d’une cure de désintoxication, elle se lance dans une carrière solo, avec un premier album, Plaisir Risque Dépendance. Un opus profondément introspectif, dans lequel elle se raconte sans filtre. Le titre Doliprane dépeint sa détresse – celle d’une jeune fille en proie à l’addiction – mais aussi celle de sa mère : « Maman pleure, maman crie, elle a peur et prie pour ma vie ». Une réalité déchirante et bouleversante, racontée en toute sincérité.
Dans Plaisir Risque Dépendance, la jeune femme évoque ses peurs, ses angoisses, mais aussi ses déceptions. Et sa précédente rupture amoureuse ne fait pas exception. Victime d’une tromperie, elle panse ses blessures à travers ses chansons, notamment avec Gabrielle. Qui est-elle ? Une jeune fille un peu trop présente – gênante même pourrait-on dire – dans son ancienne relation. Avec ce morceau résolument pop, elle prend fièrement sa revanche sur celui qui lui a été infidèle.
Adèle Castillon est de ces artistes dont l’authenticité est indéniable, ce qui confère encore plus de puissance à son univers musical. Sur le plateau de l’émission Quotidien, elle raconte : « Moi, les artistes qui me touchent, c’est ceux aussi qui sont authentiques, et je crois que c’est ce que j’essaye d’être. En tout cas j’essaye de m’en rapprocher le plus possible quand je fais de la musique, qu’on puisse s’identifier à moi, dans mes complexités aussi. »
Avec ses mélodies légères et accrocheuses, la jeune chanteuse parvient avec brio à toucher celles et ceux qui l’écoutent. Mais aussi à chasser ses démons intérieurs : « Écrire m’a permis d’exorciser ce qui m’est arrivé ces deux dernières années. J’ai choisi de m’assumer, de ne pas m’effacer malgré la tristesse, de prendre du recul. », confie-t-elle à Ouest France.
Une artiste sur la voie de l’épanouissement, à l’instar de son titre Impala – véritable succès sur les réseaux sociaux – dans lequel elle apparaît heureuse, enfin.
En pleine reconstruction avec Crèvecoeur
Son addiction désormais derrière elle, Adèle Castillon poursuit son introspection musicale avec Crèvecœur, nouvel EP en deux volets – le 1er sorti en septembre 2024, le second en février 2025 – sur lequel figurent des featurings d’artistes tels que Louane ou Gazo. Une nouvelle étape dans la carrière de la chanteuse, définitivement prête à s’affirmer.
Dans son titre À la folie, elle explore la douleur liée à une rupture, le besoin de tout oublier, mais aussi l’envie de se reconstruire. Un morceau profond et intime, à l’image de son parcours.
Nommée aux Victoires de la Musique 2024 dans la catégorie « Révélation féminine », l’adolescente dépendante aux médicaments a depuis fait un chemin remarquable – chemin sur lequel elle porte désormais un regard fier : « J’ai tellement d’amour et de reconnaissance pour cette petite fille qui a osé. Je suis admirative d’elle, parce que j’aurai beaucoup plus de mal à faire ce qu’elle a fait aujourd’hui », confesse-t-elle à Clique TV.
Une force et un talent qui font d’Adèle Castillon une artiste incontournable de sa génération.