
La photo de nuit est un défi pour les uns, un casse-tête pour les autres ! Pourquoi ? En raison du manque de luminosité pardi ! Ou plutôt de l’absence de lumière naturelle, ce qui ne signifie que les sources lumineuses sont absentes en conditions nocturnes – loin de là. Alors comment procéder pour vos portraits et vos photos de paysage de nuit ? Voici nos conseils.
Mystérieuse, contrastée : la photo de nuit, une alchimie particulière
La photographie de nuit ouvre des opportunités créatives uniques et peut offrir de magnifiques clichés :
- des paysages urbains éclairés par les lumières des bâtiments, des enseignes et des voitures qui créent des contrastes saisissants ;
- des ciels étoilés car avec un bon matériel, il est possible de capturer la Voie lactée ou des filés d’étoiles. On parle d’astrophotographie ;
- des portraits en ambiance nocturne, en utilisant des sources lumineuses existantes (lampadaires, néons). C’est ce qu’on appelle des portraits atmosphériques ;
- des scènes en pose longue dans lesquelles les traînées lumineuses de phares de voitures ou le mouvement de l’eau deviennent des éléments artistiques ;
- des photographies de rue en jouant avec les contrastes d’ombres et de lumières pour capturer des scènes pleines d’ambiance et de mystère.
La photographie de nuit recèle une sorte de magie, l’obscurité révélant des contrastes que seul l’objectif peut capturer. Elle donne une nouvelle dimension à des sujets offrant un tout autre spectacle de jour. Mais elle présente aussi plusieurs contraintes techniques et artistiques qui influencent la qualité et le type de scènes capturées. La principale donnée est évidemment la faible luminosité. De nuit, la lumière est souvent insuffisante, ce qui oblige le photographe à augmenter la sensibilité ISO, ouvrir davantage le diaphragme ou allonger le temps d’exposition. Ces ajustements peuvent entraîner du bruit numérique ou du flou de bougé.
Pour compenser le manque de lumière en photo de nuit, on utilise souvent des poses longues, ce qui exige un trépied pour éviter les flous. Cela permet aussi d’obtenir des effets comme les traînées lumineuses des voitures. Par ailleurs, l’autofocus peut être inefficace en situation de faible luminosité. Il faut parfois utiliser la mise au point manuelle ou s’appuyer sur des sources lumineuses comme des lampadaires pour ajuster la netteté.
A savoir : entre le jour et la nuit, l’heure bleue constitue un moment prisé des photographes. Elle correspond au moment où le soleil se couche mais qu’il éclaire encore le ciel d’une teinte bleue pâle propice à des clichés esthétiques, où se mêlent cette lumière naturelle « électrique » si particulière et l’éclairage de la ville.
Quels réglages pour photographier la nuit ?
Face aux défis que représente la photographie de nuit, plusieurs réglages précis sont à connaître pour obtenir une image nette, bien exposée et sans trop de bruit numérique.
Privilégier une grande ouverture
Une grande ouverture (f/1.8, f/2.8) permet de capter plus de lumière et d’éviter d’utiliser une sensibilité ISO trop élevée. Cependant, une grande ouverture réduit la profondeur de champ, ce qui peut être un inconvénient si vous voulez une netteté sur toute la scène de nuit. D’autant qu’il ne faut pas oublier que l’ouverture est limitée par l’ouverture maximale de l’objectif.
Une vitesse d’obturation à adapter en fonction de la lumière disponible
Une vitesse lente (ex. : 1/5s, 1s ou plus) permet de capter plus de lumière, mais peut entraîner du flou de bougé. L’utilisation d’un trépied est donc recommandée pour des poses longues de nuit. Pour des sujets en mouvement comme des voitures ou des passants, une vitesse plus rapide (1/60s et plus) est préférable. Dans ce cas, mieux vaut privilégier le mode priorité à vitesse. Dans tous les autres, le mode priorité à l’ouverture est votre ami !
Sensibilité ISO : trouver le bon équilibre
L’ISO doit être ajusté en fonction de la lumière disponible et de la capacité du capteur de votre appareil à gérer le bruit numérique. Un ISO bas (100-400) est idéal pour minimiser le bruit, mais en faible luminosité, un ISO plus élevé (800-3200) peut être nécessaire. Sur les appareils modernes, il est possible d’aller jusqu’à 6400 ISO avec un bon traitement du bruit. Plus votre appareil photo sera capable d’augmenter la sensibilité ISO, plus vous aurez de chance d’obtenir un rendu de qualité pour une photo de nuit !
Mise au point : passer en manuel si nécessaire
En faible lumière, l’autofocus peut être inefficace. Il est souvent préférable de passer en mise au point manuelle et d’utiliser le mode « Live View » afin de zoomer dans l’image. De nuit, la mise au point doit être effectuée de préférence sur un point lumineux dans la scène. Pour une photo de nuit de paysage, la priorité sera à la netteté sur tous les plans. Alors que pour un portrait de nuit, la mise au point se concentrera sur un premier plan net et un flou en arrière-plan.
Balance des blancs : ajuster pour éviter les dominantes de couleur
Les lumières artificielles peuvent donner des teintes jaunâtres ou bleuâtres. Le mode « Tungstène » ou un réglage manuel de la température de couleur (ex. 3200K-4500K) permet de corriger cela. Le réglage automatique de la balance des blancs permet néanmoins de réduire la différence entre la température de l’image qui sera obtenue et celle que vous voyez dans la scène réelle. Des essais vous permettront d’arbitrer la bonne méthode à appliquer !
Format RAW : indispensable pour la retouche
Photographier de nuit en RAW permet de récupérer plus de détails dans les ombres et de mieux corriger l’exposition et la balance des blancs en post-traitement. C’est en quelque sorte un filet de sécurité pour récupérer une photo nocturne sous-exposée par exemple.
Pose longue : quand la photo de nuit devient un art
La longue exposition consiste à utiliser un temps d’obturation prolongé, souvent plusieurs secondes, pour capter davantage de lumière. Cette technique photographique est particulièrement utile pour la photo de nuit, en raison là encore de la faible luminosité qui règne en pareille situation.
Le principe de la pose longue est simple : en laissant l’obturateur ouvert plus longtemps, l’appareil photo enregistre plus de lumière et révèle des détails invisibles à l’œil nu. Cette technique possède néanmoins une contrainte en termes d’équipement car elle nécessite un trépied pour éviter le flou de bougé. Et parfois même une télécommande ou un retardateur pour limiter les vibrations.
Les avantages de la pose longue en matière de photo de nuit sont nombreux :
- une captation optimale de la lumière, qui se traduit par une exposition correcte même dans des conditions sombres sans monter excessivement l’ISO, ce qui contribue également à réduire le bruit numérique ;
- des effets artistiques comme des traînées lumineuses (phares de voitures, étoiles filantes), un effet soyeux sur l’eau ou des nuages en mouvement ;
- des détails et des couleurs améliorés par rapport à une prise classique de jour.
En maîtrisant la longue exposition, vous sublimerez vos photos de nuit avec des effets spectaculaires et une grande richesse de détails !
Comment réduire le bruit de ses photos de nuit ?
On l’a dit, la photo de nuit est sujette au bruit car le capteur de l’appareil photo reçoit moins de lumière, obligeant à augmenter la sensibilité ISO. Une valeur ISO élevée amplifie le signal lumineux mais aussi les imperfections électroniques, générant du bruit numérique. De plus, les longues expositions peuvent provoquer un échauffement du capteur, accentuant ce phénomène. Enfin, les algorithmes de réduction de bruit peuvent lisser l’image, réduisant les détails et la qualité globale.
Réduire le bruit en photographie de nuit est donc essentiel pour obtenir des images nettes et détaillées. Il existe des astuces pour le combattre :
- utiliser un faible ISO, car les hautes sensibilités ISO (comme 3200 ou 6400) – bien qu’elles permettent de capter plus de lumière – contribuent à augmenter le bruit. Essayez de garder l’ISO aussi bas que possible et compensez par d’autres réglages ;
- allonger le temps d’exposition, car une vitesse d’obturation plus lente permet d’accumuler plus de lumière, réduisant ainsi le besoin d’augmenter l’ISO ;
- ouvrir le diaphragme, car une grande ouverture (f/1.8, f/2.8) laisse entrer plus de lumière, permettant de diminuer l’ISO et donc le bruit ;
- optimiser la température du capteur, car un capteur chauffé produit plus de bruit. Faites des pauses entre les prises longues et évitez les expositions prolongées ;
- photographier en RAW, car ce format conserve plus de détails et permet une meilleure réduction du bruit en post-traitement.
Évidemment, les capteurs plein format génèrent moins de bruit en basse lumière que les capteurs plus petits. Un appareil photo haut de gamme sera donc moins sujet au bruit !
Quels accessoires sont indispensables pour une photo de nuit réussie ?
Un bon photographe est avant tout un photographe bien équipé. L’adage se vérifie pour la photo de nuit, qui nécessite quelques accessoires adaptés pour se donner toutes les chances de réussir ses clichés par faible luminosité :
- un trépied stable pour éviter le flou de bougé, notamment lors de poses longues de nuit ;
- un déclencheur à distance afin de prendre des photos de nuit sans toucher l’appareil, et ainsi réduire les vibrations ;
- un objectif lumineux, c’est-à-dire avec une grande ouverture (f/1.4, f/1.8) pour capter plus de lumière et améliorer la netteté des images ;
- une lampe frontale ou une torche, utile pour ajuster les réglages de l’appareil ou éclairer un premier plan dans l’obscurité ;
- des filtres (ND ou dégradé) pour aider à équilibrer l’exposition en cas de lumières fortes (réverbères, phares de voiture) ;
- des batteries de rechange, le froid et les longues expositions pouvant rapidement épuiser les batteries ;
- une carte mémoire de grande capacité car les fichiers RAW prennent de la place ;
- un pare-soleil et un chiffon microfibre afin d’éviter les reflets parasites et garder votre objectif propre, surtout lorsque l’humidité tombe durant la nuit.