
Le Game Pass, c’est aussi l’occasion de se pencher sur ces jeux qui retiennent souvent notre attention à l’occasion de leur présentation, et dont la sortie est ensuite invisibilisée par l’enchainement des blockbusters. Mais ce catalogue regorge de pépites, à condition de l’explorer un peu. Ce mois-ci, on s’intéresse à Inside.
Découvrez le catalogue complet du Game Pass
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Inside n’est pas une petite pépite cachée dans les tréfonds du Game Pass et dont personne n’aurait entendu parler. A sa sortie en 2016, une immense communauté attend déjà le prochain jeu du studio Playdead, à l’origine du merveilleux Limbo sorti quelques années plus tôt. Si vous suivez de près ou de loin l’actualité du jeu vidéo indépendant, Inside n’a pas pu vous échapper. Mais y avez-vous tous joué ? C’est aussi ça, le Game Pass. Une formidable occasion de rattraper les occasions manquées.
Depuis Inside, beaucoup attendent avec impatience le prochain jeu de Playdead, dont on n’a pour l’instant pas vu grand-chose, à l’exception d’un artwork, d’un nom de code (Rover) et d’une promesse d’un univers de science-fiction. Mais ce succès a déjà fait beaucoup d’enfants, et certains développeurs de Playdead ont quitté le nid pour se lancer dans d’autres projets. C’est le cas de Jeppe Carlsen, lead designer sur Limbo et Inside, qui a depuis fondé le studio Geometric Interactive et à qui l’on doit l’excellent Cocoon (2023), ou encore de Dino Patti, qui a fondé le studio Jumpship, à l’origine du jeu Somerville (2022). Deux jeux qui devraient vous donner envier, si ce n’est pas déjà fait, de lancer Inside.
Narration environnementale et souci du détail
Comme Limbo avant lui, Inside ne s’embarrasse pas d’une introduction à rallonge pour établir son contexte. Tout au long de l’aventure d’ailleurs, aucun texte ni aucun dialogue ne viendront perturber votre découverte de son univers, et la narration environnementale se chargera toute seule de vous faire comprendre ce qu’il en est, et d’où vient cette ambiance pesante qui vous saisit dès la première minute de jeu.
Il faut dire que notre héros ne nous dévoile pas grand-chose d’autre que sa vulnérabilité. Le jeune garçon que l’on incarne n’a pas de visage, et ne peut compter sur rien d’autre que ses jambes pour échapper à de mystérieux hommes en costumes noirs et masques blancs qui ne feront preuve d’aucune pitié à son égard, enfant ou non. Chiens féroces lâchés à vos trousses, fusils d’assaut ou infernales machines robotiques, rien n’est trop cruel pour vous empêcher de progresser et de découvrir ce qu’il faut à tout prix préserver secret.
Au-delà de la palette de couleurs utilisée qui ne nous laisse aucun doute sur la catastrophe en cours, les cadavres qui jonchent notre parcours nous indiquent rapidement que l’humanité n’est pas au meilleur de sa forme. Des cochons d’abord, mais rapidement des hommes, des femmes, des enfants, tous sans visage mais intacts et prêts à l’emploi. Car quand ils ne sont pas vulgairement laissés en tas au milieu d’un paysage dévasté, on découvre qu’ils peuvent être manipulés, probablement pour travailler au service de nos mystérieux antagonistes.
Dans ce qui ressemble à première vue à une critique assez classique du capitalisme et de son indispensable rapport de subordination et d’aliénation, on perçoit au fur et à mesure de nos découvertes que cet odieux procédé est peut-être indispensable à la survie. Loin de vivre dans l’opulence ou de montrer une quelconque jouissance dans leur position dominante, nos ennemis du jour sont-ils en train de préserver ce qu’il reste de l’espèce humaine au détriment de sa condition et de sa dignité ?
Des énigmes variées dans un environnement sublime
Pour le savoir, ou du moins en tirer une interprétation, il faudra réussir à atteindre le final grandiose de cette courte aventure linéaire, qui devrait vous tenir en éveil tout le long de ses 3 ou 4 heures de durée de vie. Sur la route, vous croiserez de nombreuses énigmes, tantôt environnementales, tantôt biologiques, qui utiliseront toujours une mécanique de jeu différente, sans jamais vous laisser le temps de vous lasser de la précédente.
Souvent, pour ne pas dire à chaque fois, l’échec vous conduira à la mort. Mais le jeu a la bonne idée de ne jamais en faire une punition, puisque les points de sauvegarde sont suffisamment nombreux pour ne jamais vous faire repasser par un obstacle déjà résolu. Tout fonctionne à merveille avec des commandes d’une simplicité enfantine et accessibles à tous les publics.
Mais ce qui fait d’Inside une si jolie expérience, au-delà de ce qu’il raconte, c’est surtout sa minutie dans la production de ses environnements, tous plus beaux les uns que les autres, en jouant sur les nuances de l’obscurité et la précision de ses textures. La physique de notre personnage est aussi une petite merveille, et la moindre animation, que ce soit lorsqu’il actionne un mécanisme ou qu’il saute d’une falaise en bout de course, semble avoir été travaillée jusque dans les moindres détails.
Pour parfaire son ambiance, Inside propose également un travail sur le son vraiment remarquable. Le silence prend tout son intérêt dans la place qu’il laisse à tous les bruits minutieusement calibrés, des pas de notre personnage dans les flaques d’eau à ses respirations apeurées, en passant par tous les cliquetis métalliques qui caractérisent le monde mécanique qui prend le pouvoir sur la vie.
Présenté comme un véritable chef d’œuvre depuis sa sortie, Inside n’a pas volé sa réputation, et ce n’est pas une découverte. Mais il convient de rappeler que cette petite merveille de 2016 est toujours là, à portée de main, dans le Game Pass, comme beaucoup d’autres. Qu’attendez-vous donc pour le lancer, au juste ?