Star incongrue mais incontournable des Jeux Olympiques de Paris 2024, Calvin Broadus Jr. alias Snoop Dogg revient dans les bacs. Le rappeur californien y dévoile « Missionary », son 20ᵉ album studio entièrement produit par son acolyte Dr. Dre, et porté par un casting hors pair : 50 Cent, Eminem, Méthode Man, Jelly Roll… et Sting. Un opus très pop au son résolument 90’s. Verdict !
En porte-flamme ou encore en commentateur hilarant pour la NBC, Snoop Dogg s’est savamment illustré aux Jeux olympiques de Paris 2024, attirant sur lui les projecteurs et amusant le monde entier. De la piste d’athlétisme au site d’équitation, en passant par la cérémonie de clôture, le jeu de l’été Où est Snoop Dogg ? a fait un carton.
Le pilier du gangsta rap était devenu la mascotte de l’événement. Un hasard ? Pas vraiment ! Tout d’abord, celui que sa maman surnommait Snoopy en raison du culte qu’il vouait enfant au dessin animé Peanuts, est un passionné de sport. En 2005, il a fondé l’association Snoop Youth Football League, qui vient en aide aux enfants des quartiers défavorisés par la pratique du sport. Ensuite, le rappeur s’apprêtait à faire son retour sur la scène rap. C’est chose faite avec Missionary, son 20e album studio, doté d’une pochette qui interpelle !
À la vue de sa pochette, un brin provocante, se dégage de Missionary une certaine ambiguïté. Outre le petit dessin d’un personnage rappelant que Snoop Dogg est un fumeur notoire non pas de havanes, mais de joints, le titre offre deux interprétations : celle du missionnaire chrétien, religion à laquelle l’artiste s’est converti en 2018, mais aussi celle de la position du Kamasutra.
En effet, dans des tons noirs, l’artwork représente l’emballage d’un préservatif sur lequel il est inscrit, non sans humour : Aural pleasure, brand latex condoms lubricated. Et du plaisir, lors de l’écoute de ce disque, nous en avons eu à plusieurs reprises.
Une version édulcorée de Doggystyle (1993)
Dès les premiers beats accompagnés de soupirs sensuels et tirés de Baby One More Time de Britney Spears, le ton est donné ! Missionary se veut sexy et réveille le son des années 1990-2000. Pas étonnant ! L’entièreté du disque a été produite par le roi de cette époque : Dr. Dre. Ainsi, il marque les retrouvailles tant attendues du duo de légendes du rap américain : le fondateur des labels Death Row Records et Interscope Records, sur lesquels est publié cet opus, et le pionnier du gangsta rap !
Un opus mainstream, un brin féminin
Pour autant, Missionary se révèle loin d’être un disque formaté. Il regorge d’inventivité. Snoop Dogg y retrouve son flow singulier, nasillard, détaché et vif, mais il a aussi ajouté un peu de paillettes et de glamour dans ces 16 nouvelles productions mainstream, moins brutes et âpres que par le passé. Ainsi, l’album, et plus particulièrement Gorgeous (feat. Jhené Aiko), revêtent des arrangements d’apparat disco qui leur siéent à merveille, tandis que Fore Play (feat. Dr Dre & BJ the Chicago Kid) surfe avec aisance sur le funk des Jackson Five.
Bien que Snoop Dogg réécrive les histoires rocks de Last Dance With Mary Jane de Tom Petty, dans le titre éponyme, ou de The Wall de Pink Floyd dans Hard Knocks, Missionary réveille à merveille le son de Dr. Dre emblématique des années 90.
Surtout, plus enclin à la séduction, Snoop Dogg s’y révèle un tout autre homme, laissant derrière lui son image misogyne pour donner la parole aux femmes. Parfaite, Jhené Aiko lui donne la réplique dans Gorgeous. Cocoa Sarai illumine, elle, les titres Fire et Sticcy Situation, sur un sample de Stan chanté par Dido pour Eminem en 2000.
Ce dernier est d’ailleurs de la partie, au même titre qu’un grand nombre d’invités, comme toujours, allant de Method Man à 50 Cent, en passant par Fat Money et Chicago Kid. Lui apportant une riche diversité, ce casting particulièrement éclectique fait sans conteste la force de cet album taillé pour conquérir tous les publics.
Preuve en est avec l’apparition de Sting, icône du rock, sur le titre Another Part of me. Les deux hommes y revisitent le classique de The Police, Message in a Bottle, célèbre pour son riff de guitare, revu ici à la sauce groovy, mais loin d’être goûteux. Un des rares ratés de cet opus qui décevra cependant les puristes de Doggystyle. Constitué également de nombreux featurings et samples, Missionary en reprend le concept, mais a été conçu selon une recette plus pop et séduisante.