
Un peu plus de quatre ans après le premier opus, le studio tchèque Warhorse Studios a annoncé l’arrivée d’une suite directe. Kingdom Come Deliverance 2 est disponible depuis le 4 février 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series.
Notre Test
Sept ans après la sortie d’un premier opus qui avait conquis plus de 6 millions de joueuses et de joueurs, le studio tchèque Warhorse est très attendu pour la suite de son RPG médiéval. Un tel succès a offert au studio des moyens beaucoup plus conséquents, qu’il compte bien mettre au service d’une ambition qui reste la même : proposer une expérience de jeu ultra immersive et la plus réaliste possible. Nous avons eu la chance de nous plonger dans l’aventure bien en avance pour pouvoir vous livrer nos impressions.
Henry en slip, retour aux sources
En se présentant comme la suite directe de Kingdom Come Deliverance (2018), ce deuxième opus pourrait évidemment décourager les nouvelles joueuses et les nouveaux joueurs d’y faire un tour, tant le scénario prend une place importante dans ce type de jeu. Et si à l’occasion de notre preview nous avions noté la qualité de l’introduction au récit, qui précise suffisamment le contexte pour bien entrer dans l’aventure, il faut reconnaitre qu’au fil du jeu, on ressent le besoin de faire un tour sur les résumés du premier jeu pour bien comprendre le déroulé des évènements. N’hésitez donc pas à y faire un tour avant de vous lancer.
On retrouve le héros principal de l’aventure, Henry de Skalice, qui n’a désormais plus grand-chose à voir avec le simple fils de forgeron qu’il était dans le premier opus. Désormais, il chevauche fièrement aux côtés du Seigneur Hans Capon, et se retrouve mêlé aux enjeux géopolitiques d’un Royaume de Bohem au bord de l’implosion. Pour éviter la guerre, Hans Capon est chargé de transmettre un message d’alliance au Château de Trosky, et l’aventure démarre donc sur la route. En revanche, n’imaginez pas profiter des compétences acquises dans le premier jeu, puisque vous vous retrouverez très rapidement complètement démuni, par un évènement scénaristique que l’on vous laissera le soin de découvrir.
On retrouve donc la même structure que dans le premier opus, et il faudra grimper sur l’échelle sociale en partant de la première marche. Pour faire votre trou, une multitude de quêtes secondaires accompagnent l’histoire principale, et c’est probablement l’un des points les plus positifs du jeu, puisque certaines vous embarqueront dans de longues épopées, parfois surprenantes et particulièrement riches en dialogues. D’une manière générale, Kingdom Come Deliverance 2 est très bavard, et le doublage intégral en français est donc un confort vraiment bienvenu dans un jeu qui en manque grandement.
En revanche, comme nous l’avions déjà souligné dans notre preview, ce doublage est franchement raté, avec des séquences parfois tellement à côté de la plaque que l’immersion s’en retrouve vraiment malmenée. Néanmoins, nous avons eu la confirmation par le studio que le message envoyé par une grande majorité des previews françaises avait été écouté : le doublage est actuellement en train d’être refait, et alors que certaines modifications sont déjà en place, d’autres arriveront dans le courant du mois de mars prochain. Une excellente nouvelle qui montre l’attention et l’investissement de Warhorse pour nous faire vivre la meilleure aventure possible.
D’autant qu’il serait dommage de ne pas profiter dans les meilleures conditions d’un tel travail sur l’écriture. En plus de proposer un récit extrêmement riche qui n’hésite pas à traiter de thématiques dramatiques, Kingdom Come Deliverance 2 ose employer un ton que l’on ne retrouve que trop rarement dans les jeux vidéo, et notamment dans les jeux à gros budget. On préfère vous prévenir, vous allez vous faire insulter très régulièrement, et le langage sera globalement aussi fleuri que les magnifiques environnements du jeu.
Une éducation à la dure
Dans sa volonté de proposer l’expérience la plus réaliste possible, Kingdom Come Deliverance 2 pousse les curseurs beaucoup plus loin que la plupart des RPG. D’abord en choisissant un contexte historique qui ne laisse aucune place à toute la composante fantastique que l’on a l’habitude de retrouver dans les jeux du genre, mais aussi en transformant l’expérience en véritable simulation de vie médiévale. Comme dans le premier opus, vous aurez besoin de manger très régulièrement, de dormir tous les jours (et pas n’importe où !), de vous laver vous et vos vêtements, ou encore de veiller à votre accoutrement en fonction des interactions que vous souhaiterez avoir.
Et dès les premières heures de jeu, le moindre écart de cette routine médiévale vous coûtera la vie, ou au moins une demi-journée passée au pilori, à vous prendre des légumes pourris sur la tronche de la part des paysans locaux. Chacun de vos actes, même le plus insignifiant, aura des conséquences. Et si cette mécanique est effectivement incroyablement immersive, et vous donnera vraiment le sentiment de devoir vous comporter le plus « logiquement » possible en toute circonstance, elle est aussi particulièrement punitive, alors même que le jeu n’aura jamais pris le temps de vous l’expliquer en détails.
Pour nous autres, pauvres joueuses et joueurs bercé.e.s aux marqueurs jaunes sur les murs, aux objets de quête en surbrillance et aux sauvegardes automatiques toutes les minutes, la découverte de l’univers du jeu se fera donc la plupart du temps dans la douleur. Mais cette méthode à la dure fait aussi rapidement ses preuves, et petit à petit, on finit par s’y faire. On range son épée avant d’entrer dans un village, on se lave le visage avant de s’adresser aux dames et on surveille le temps qui passe pour être rentré à la nuit tombée afin de profiter d’une bonne nuit de sommeil. Un genre de métro-boulot-dodo vidéoludique presque satisfaisant à la longue, ce qui en dit malheureusement long sur nos existences.
Plus généralement, l’immersion proposée dans ce Kingdom Come Deliverance 2 a peu d’équivalent. En plus de son réalisme à toute épreuve et de son souci du détail, le jeu propose des environnements vraiment réussis, que ce soit en intérieur ou en extérieur. Les forêts sont notamment très impressionnantes, avec une végétation particulièrement dense qui vient parfaitement accompagner les variations de lumières inhérentes au cycle jour/nuit, lui aussi très réussi. La météo varie également fréquemment, et le travail réalisé sur les ambiances sonores est là encore une réussite totale.
Des mécaniques de jeu parfois frustrantes
Kingdom Come Deliverance 2 n’oublie tout de même pas d’être un jeu, et au-delà de la richesse de son scénario et de ses dialogues, l’aventure s’ouvre rapidement sur un contenu qui s’annonce extrêmement généreux et complet. Très vite, de très nombreux objectifs secondaires viennent enrichir l’expérience, et dévoilent petit à petit toutes les mécaniques de jeu.
L’une des plus importantes est évidemment le combat. Et là encore, c’est le réalisme qui prime, avec de véritables simulations de joutes médiévales à l’épée. Les armes sont lourdes, les armures aussi, et on le ressent tout de suite. Chaque coup donné doit être orienté en fonction de la position de votre adversaire, et chacune de vos actions, que ce soit un coup d’épée ou un blocage, vous coûtera de l’endurance. De quoi rendre les combats longs, lents, et particulièrement difficiles, surtout si vous vous retrouvez submergés par un nombre d’adversaires supérieur à un.
Malheureusement, on comprend assez vite que cette difficulté s’appliquera à absolument toutes les mécaniques du jeu, même les plus insignifiantes, et il faudra faire preuve d’une patience de moine pour apprendre à crocheter une serrure, ou à voler à la tire. Néanmoins, RPG oblige, Henry progressera tout au long de l’aventure, ce qui rendra petit à petit certaines tâches un peu plus simples à accomplir. Mais le plus appréciable reste que la progression se fera dans la plupart des domaines de la manière la plus organique possible, et c’est simplement en répétant une action que vous deviendrez meilleur. Même si le jeu n’échappe pas aux traditionnels points de compétences, c’est un point vraiment positif qui vient là encore participer au réalisme de l’épopée.
L’autre grande difficulté du jeu, c’est de parvenir à se repérer, notamment grâce à une carte du monde qui semble avoir d’abord été pensée pour son esthétique (très réussie) plutôt que pour son côté pratique. Il en va de même pour l’ensemble des menus, absolument sublimes et garnis d’enjolivures du plus bel effet, mais terriblement lourds et compliqués à manipuler.
Si le réalisme appliqué à certaines mécaniques rend donc le jeu vraiment frustrant pour ce qui est des combats ou du crochetage des serrures, il parvient en revanche à rendre certaines tâches souvent insignifiantes dans les RPG vraiment satisfaisantes, notamment en ce qui concerne le crafting. On a vraiment adoré les heures passées à forger des armes jusqu’au dernier coup de marteau, ou à concocter des potions dans notre grosse marmite au coin du feu.
Autant de bug que dans le premier opus ?
Le premier jeu avait été très critiqué à sa sortie pour ses bugs, et clairement, les équipes ont fait beaucoup d’efforts pour que ce deuxième volume soit plus présentable à sa sortie. De nombreux patchs ont été déployés tout au long du mois de janvier, et il est probable qu’un nouveau gros patch vienne corriger d’autres bugs à l’occasion de la sortie. Néanmoins, les longues heures passées dans ce Royaume de Bohème nous ont permis de constater de nombreux bugs, notamment dans le comportement des PNJ. Ces derniers, qui ont par ailleurs tous un cycle de tâches à effectuer vraiment cohérent qui les rend particulièrement crédibles, ont régulièrement tendance à se téléporter de quelques mètres, à s’asseoir dans le vide ou à lancer les mauvais dialogues.
Tous ces petits défauts seront très certainement corrigés au fil de l’eau, et s’ils viennent parfois un peu casser l’immersion, ils ne sont jamais bloquants pour la progression dans le jeu.
En revanche, certaines imperfections seront plus difficiles à corriger, et la plus gênante d’entre-elles concerne la modélisation des visages, vraiment inégale. Si les personnages principaux profitent d’un soin à part, ce n’est vraiment pas le cas des autres, et certains visages nous replongent vraiment quelques dizaines d’années en arrière. La réalisation des dialogues, très nombreux dans l’aventure, aurait aussi méritée un peu plus de soin, pour être à la hauteur de ce que le jeu est capable de proposer dans d’autres domaines.
Grâce à son ambiance, à sa musique, à sa générosité et à sa fidélité historique, Kingdom Come Deliverance 2 est un jeu qu’on a très envie d’aimer. Mais il est parfois difficile de sentir que l’inverse est aussi vrai, tant ses mécaniques de jeu sont exigeantes et son réalisme punitif. Sa plus grande qualité est probablement son caractère vraiment unique.
Jouer à Kingdom Come Deliverance 2 est une expérience à part, et les titres qui ont atteint ce niveau d’immersion dans l’histoire du jeu vidéo se comptent sur les doigts d’une main. Malgré tout, il est évident que cette aventure ne s’adresse pas à tout le monde, et alors que le studio aurait pu profiter du succès de son premier opus pour convaincre un public plus large, il a à l’inverse décidé de pousser les curseurs encore plus loin, et c’est peut-être un choix judicieux, tant ce jeu se détache du reste des grosses productions.
Toutes les infos
Avec plus de 6 millions d’exemplaires vendus, Kingdom Come : Deliverance, sorti en 2018, a rencontré un très joli succès. De quoi convaincre Warhorse Studios de se lancer rapidement dans le développement d’une suite. Kingdom Come : Deliverance 2 est donc attendu pour le 4 février 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series.
Il faut dire que la proposition avait de quoi séduire. Kingdom Come : Deliverance proposait une longue aventure RPG en monde ouvert et à la première personne, tout en proposant un contexte historique et géographique le plus proche possible de la réalité. Suite directe oblige, on retrouvera le héros du premier opus, Henry de Skalice, qui ne joue évidemment plus dans la même cour. Après ses exploits, celui qui n’était qu’un fils de forgeron anonyme est désormais mêlé aux conflits majeurs de l’époque.
L’histoire se déroule toujours dans le Royaume de Bohême (aujourd’hui au cœur de la Tchéquie), au début du XVème siècle. Dans ce qui est alors le Saint-Empire romain germanique, les luttes de pouvoirs s’enchaînent, et vous allez devoir régler différentes intrigues, que ce soit en utilisant le dialogue ou la force.
Et visiblement, l’histoire s’annonce particulièrement dense et fournie en dialogues, puisque la production évoque un scénario de 11000 pages, soit l’équivalent de 100 films de deux heures, ou de 25 romans. De quoi offrir aux joueuses et aux joueurs un nombre incalculable de choix à faire tout au long de l’histoire, pour des aventures uniques.
Un monde ouvert deux fois plus grand et des armes à feu
Si le terrain de jeu du premier opus avait déjà impressionné en 2018, le studio annonce que le monde ouvert de Kingdom Come : Deliverance 2 sera deux fois plus grand que son prédécesseur, avec toujours le même objectif affiché : garantir une immersion la plus réaliste possible dans cet univers moyenâgeux.
Une recherche de réalisme que l’on retrouve aussi dans le gameplay. Comme dans le premier opus, les combats rapprochés à l’épée vous demanderont de choisir l’angle d’attaque pour porter un coup et de bien maîtriser la parade pour éviter de vous faire découper en tranches. A cette époque, on vivait aussi les prémices des armes à feu, et vous découvrirez donc une nouvelle manière de combattre à distance, en plus de l’arc ou de l’arbalète. Les combats à cheval ont également été revus, et promettent des sensations bien plus agréables que dans le premier épisode.
L’exploration sera bien sûr également au cœur de l’expérience, et les environnements s’annoncent variés, avec de petits villages, des châtelets et des grandes forêts, qui ont d’ailleurs été particulièrement retravaillées. Une très grande ville sera au cœur de l’aventure, Kuttenberg, avec ses quartiers malfamés mais aussi sa haute bourgeoisie.
Kingdom Come : Deliverance 2 sortira le 4 février 2025 sur PC, PS5 et Xbox Series.