Décryptage

Jeux Olympiques : petite histoire des jeux vidéo consacrés aux JO

19 juillet 2024
Par Valentin Boulet
Jeux Olympiques : petite histoire des jeux vidéo consacrés aux JO
©SEGA

Triste nouvelle, pour la première fois depuis plus de 30 ans, les JO de Paris 2024 n’auront pas droit à leur jeu vidéo officiel sur console… L’occasion de revenir sur la petite histoire des jeux vidéo officiels des Jeux Olympiques, de l’Atari 2600 à Mario et Sonic.

File de gauche fermée sur l’autoroute, rues parsemées de jolies barrières et ministre dans la Seine, si vous en doutiez, les Jeux Olympiques de Paris 2024 sont sur le point de débuter. Et si comme chaque édition, les Jeux parisiens ont eu droit à leur lot de polémiques, que ce soit sur le budget, l’organisation des épreuves ou encore la participation de telle ou telle nation à la fête, une illustre tradition manque à l’appel : où est notre jeu vidéo officiel ?

Pour être tout à fait honnête, les JO de Paris 2024 ont bien eu droit à leur jeu officiel, avec la sortie de Olympics™ Go! Paris 2024. Malheureusement, si le jeu, qui « incarne l’esprit Olympique » selon le CIO, semble respecter la tradition par la pauvreté de son contenu, il a été exclusivement développé pour le mobile, et laisse donc nos consoles orphelines. Une bien triste nouvelle, qui vient mettre un terme à près de 50 d’histoire commune entre les jeux vidéo et les Jeux Olympiques.

Les pionniers du genre

Quelques mois après la fin des Jeux Olympiques de 1976 à Montréal, un premier développeur, Joe Decuir, se lance dans l’aventure Olympique, avec la sortie de Vidéo Olympics, l’un des jeux du catalogue de lancement de l’Atari 2600 en 1977. Dans cette première merveille qui annonçait bien la couleur, on retrouve déjà de nombreux sports : du hockey, du football, du basketball ou encore du volley. Un joli programme, qu’il faut néanmoins nuancer en précisant que l’ensemble de ces mini-jeux est en fait une déclinaison de Pong, le seul et unique représentant de la culture vidéoludique à l’époque.

Un premier pas, qui a rapidement été imité par de nombreux autres éditeurs de jeux. Microsoft est le premier à dégainer en sortant un jeu développé par Timothy W. Smith en 1980 : Olympic Decathlon. Le jeu permet de participer aux dix épreuves du décathlon – et donc à des sports véritablement olympiques pour la première fois – mais reste très archaïque dans sa conception avec des graphismes inexistants et un gameplay très limité.

Mais quelques années plus tard, Activision reprend la même formule et sort le jeu Decathlon en 1983, pour un résultat beaucoup plus convaincant. En plus d’être en couleur, le jeu permet de s’affronter jusqu’à quatre joueuses ou joueurs et propose une formule de gameplay dont le genre sport/arcade aura bien du mal à s’éloigner : quelle que soit l’épreuve, le but est toujours d’appuyer frénétiquement sur un bouton ou sur un joystick, pour faire courir ou sauter son athlète le plus vite ou le plus loin possible.

Les premiers jeux sous licence officielle Jeux Olympiques

A l’occasion des Jeux Olympiques 1984 organisés à Los Angeles, beaucoup de jeux consacrés aux JO seront produits. Le décathlon conserve assez étrangement les faveurs des éditeurs, et une série de jeux est même pour la première fois directement incarnée par un athlète. Daley Thompson’s Decathlon (1984) et Daley Thompson’s Super-Test (1985) sortent coup sur coup, avec le champion de décathlon britannique trônant fièrement sur la jaquette.

JO-1

Mais c’est probablement Konami qui frappe le plus gros coup, avec sa série de jeux Hypersport. L’éditeur japonais, qui deviendra plus tard célèbre pour des licences mythiques telles que Metal Gear Solid ou Pro Evolution Soccer, se fait notamment remarquer en proposant de nombreux sports, jusqu’ici absents des jeux consacrés au décathlon, avec du tir à l’arc, du canoë, de la nage… Les éditions de Hypersport se multiplient pour s’exporter sur tous les supports disponibles à l’époque, jusqu’à changer de nom pour devenir Track and Field. Un joli succès qui donnera des idées au CIO (Comité International Olympique).

A partir des Jeux Olympiques de 1992, le CIO décide de délivrer pour chacun de ses événements, JO d’été comme JO d’hiver, une licence officielle à l’éditeur le plus offrant. Et malgré la domination de Konami sur le genre, c’est SEGA qui emporte la mise. Notons néanmoins la jolie tentative de l’éditeur français Infogrames, qui sort en 1986 le jeu Les Dieux du Stade, affichant fièrement sur sa jaquette la mention « JO Paris 92 » alors que l’attribution des Jeux n’a pas encore été décidée. Les Jeux auront finalement lieu à Barcelone… Cocorico !

JO-2

Le premier jeu officiel des Jeux Olympiques sera donc Olympic Gold: Barcelona ’92 et sortira sur l’ensemble des consoles SEGA (Game Gear, Master System et Mega Drive). On y retrouve le logo officiel des Jeux, les médailles, et même les hymnes des pays participants en version 8-bit, un petit délice.

En 2006, c’est 2K Games qui récupère pour la première fois la licence officielle du CIO pour produire Torino 2006, un jeu consacré aux JO d’hiver de Turin. Graphiquement, on franchit encore un joli cap, et la production du jeu met le paquet pour que tout l’habillage du jeu reprenne les codes de la télévision. Mais d’un point de vue gameplay, on reste sur du très basique.

Les premiers jeux officiels Mario et Sonic

Ce constat sur le gameplay traditionnel des jeux estampillés JO, qui semble de plus en plus archaïque face aux progrès de l’industrie n’a probablement pas échappé au CIO. Pourtant, c’est aussi grâce à leur accessibilité, qui permet à toute la famille de s’affronter dans le canapé entre deux épreuves commentées par Patrick Montel, que ces jeux ont pu rencontrer un petit succès. Or quitte à produire des jeux qui se rapprochent plus de l’arcade que de la simulation, autant miser sur les meilleurs dans ce domaine.

Ca tombe bien, depuis que SEGA a renoncé à produire des consoles après le terrible échec de sa Dreamcast, ses relations avec Nintendo se sont nettement améliorées. Fort de sa relation historique avec le CIO, SEGA propose alors à Nintendo de mettre en scène leur rivalité mythique dans un jeu officiel des JO : Mario et Sonic aux Jeux Olympiques.

Sans surprise, le jeu développé en parallèle chez SEGA et Nintendo rencontre un immense succès et s’écoule à plus de 11 millions d’exemplaires. De quoi convaincre cette fine équipe de poursuivre sur sa lancée, avec un jeu produit pour chaque édition, JO d’été comme JO d’hiver, entre 2008 et 2020.

Malgré tout, SEGA a décidé de continuer en parallèle avec le format classique des jeux de simulation, ce qui nous a permis de jouer à des merveilles comme Pékin 2008 ou encore Londres 2012, deux jeux fidèles à la traditionnelle alliance de la médiocrité et de l’accessibilité. Malheureusement, les JO de Paris 2024 n’auront pas cette chance, puisque ni Mario et Sonic ni le jeu de simulation ne sera au rendez-vous. Et on ne parle pas de Patrick Montel.

À lire aussi

Article rédigé par
Valentin Boulet
Valentin Boulet
Conseiller fnac.com jeux vidéo et high tech
Sélection de produits