Décryptage

Shadow of the Erdtree: notre test du DLC d’Elden Ring

26 juin 2024
Par Armand
Shadow of the Erdtree: notre test du DLC d'Elden Ring
©Bandai Namco

Plus qu’un simple DLC, Shadow of the Erdtree s’annonçait comme l’un des titres les plus importants de l’année 2024. Avec une toute nouvelle zone, de nouveaux ennemis et de nouvelles armes, les attentes sont aussi grandes que nombreuses. Après deux longues années de patience à explorer l’Entre-Terre, plongeons dans la nouvelle aventure d’Elden Ring. Disponible depuis le 21 juin sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series, que vaut l’extension tant attendue du GOTY 2022 de FromSoftware ?

Notre Test

Commençons par l’essentiel, Shadow of the Erdtree ne se destine qu’aux possesseurs du jeu Elden Ring, mais plus important encore, l’aventure du DLC n’est accessible qu’aux joueurs ayant vaincu 2 boss majeurs : Le Général Radahn, et Mohg seigneur du Sang, gardien du cocon de Miquella. Une fois ces conditions remplies, l’aventure dans le Royaume des ombres peut enfin débuter.  

Une nouvelle aventure remplie de mystères

Le Royaume des ombres est un lieu mystérieux dans lequel nous nous rendons afin de suivre les traces de Miquella, demi-dieu de l’univers d’Elden Ring et frère de la bien connue Malénia. Sans plus d’explications sur l’origine de ce royaume, c’est au joueur qu’il appartient d’arpenter ce monde afin d’en découvrir les mystères. D’un point de vue narratif, nous retrouvons bel et bien la patte du studio japonais, qui ne laisse aucune place à l’explicite. Ici, tout comme Elden Ring en 2022, il nous faut découvrir les secrets de cet endroit grâce aux descriptions des objets, aux décors ainsi qu’aux dialogues cryptiques des nouveaux personnages rencontrés au fil de l’aventure. Car nous ne sommes effectivement pas seuls à être sur la piste de Miquella, 7 autres personnages sillonnent le Royaume des ombres en quête de leur propre objectif. Chacun possède une quête que nous pouvons suivre et qui nous en apprend davantage sur le Royaume des ombres et nous permet de prendre des décisions en fonction de nos agissements qui auront des conséquences sur le monde. Malheureusement, ces personnages et leurs quêtes peinent à marquer les esprits, bien que l’on comprenne les enjeux de leurs missions respectives, nos choix ne présentent que peu de réelles conséquences, ce qui est susceptible de diminuer notre implication dans les quêtes de ces nouveaux alliés.

Toutefois, ces personnages nous permettent de découvrir les différentes régions du Royaume des ombres, et l’on se rend bien vite compte de la démesure de cette nouvelle carte. Alors que le directeur de FromSoftware, Hidetaka Miyasaki, avait annoncé une zone aussi vaste que Nécrolimbe (la première région d’Elden Ring), c’était sans compter sur le niveau de verticalité ahurissant proposé par ce royaume. Si la superficie globale du jeu fait effectivement penser à Nécrolimbe, l’architecture de chaque zone en double, voire en triple, la taille. Les différentes régions du royaume possèdent chacune plusieurs strates et rivalisent de créativité dans leur level-design et leur direction artistique. Tout comme Elden Ring, chaque zone bénéficie d’un soin minutieux apporté aux environnements et aux décors, toujours aussi époustouflants pour certains.

SOTE Tree

© Bandai Namco

Le Royaume des ombres, une aire d’exploration

La majorité de ces zones sont reliées par le Château noir, un important donjon au milieu de la map. Ce dernier fait office de carrefour à l’aventure, à partir duquel il faut chercher de nouveaux accès. Les fans du premier Dark Souls ne seront pas dépaysés et retrouveront facilement leur marque dans l’exploration de ce vaste monde interconnecté et vertical. La structure du Royaume des ombres permet une accessibilité rapide à la plupart des zones disponibles, donnant la possibilité au joueur d’appréhender l’aventure comme il l’entend. Hélas, la densité de ces environnements est à double tranchant. Certes, l’aire de jeu est fournie, mais elle prête parfois à confusion tant les reliefs sont sinueux. Il est très facile de s’égarer ou de manquer un passage dissimulé, ce qui ne fera que frustrer certains joueurs désireux de trouver des lieux bien précis. N’ayons pas peur de le dire, il est possible de manquer 50% de la map si l’on ne fait pas appel à toute sa curiosité. Sans pour autant le qualifier de labyrinthique, disons que le Royaume des ombres manque parfois de clarté dans sa conception. De l’aveu du directeur du jeu lui-même, certaines choses restent à améliorer pour les joueurs souhaitant tout découvrir sans guide. Toujours est-il que la composition condensée du Royaume des ombres permet à FromSoftware de parfaitement maîtriser cet open world. On sent que rien n’est placé au hasard et que chaque ennemi, chaque lieu ou item est précisément placé ici pour une raison. Contrairement à Elden Ring, dont la grande taille laissait parfois place à un vide un brin ostentatoire, Shadow of the Erdtree, par sa superficie restreinte, semble mieux construit et mieux maîtrisé par le studio. Le côté « cahier des charges » des zones d’Elden Ring, avec une catacombe, des camps ennemis, et des ruines se fait vite oublier ici. Chaque élément semble à sa place, et cohérent avec son environnement.

SOTE Forge

© Bandai Namco

Ces nouvelles zones accueillent aussi certaines nouveautés. Parmi les principaux ajouts se trouvent les forges. Il s’agit de bâtiments à explorer, dans lesquels se trouvent de nouvelles armes et des améliorations pour ces dernières. Les Mausolées sans nom font également leur apparition. Dissimulés derrière des énigmes à résoudre, ces lieux renferment un mini-boss qui, une fois vaincu, offre des armes ou des ensembles d’équipement. Néanmoins, nous retrouvons aussi les catacombes… ces zones répétitives qui étaient déjà loin de faire l’unanimité dans Elden Ring. En dépit des deux nouvelles ambiances de lave et de glace que les équipes ont ajoutées afin d’offrir un peu de variété, les catacombes restent les mêmes, à savoir des tunnels redondants jonchés d’ennemis qui se terminent sur un mini-boss. On regrette l’absence de grottes plus travaillées qui auraient pur remplacer les sempiternelles catacombes.

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Bien que l’on puisse déplorer l’absence de nouveautés concrètes dans l’exploration, le monde de Shadow of the Erdtree reste d’excellente facture et offre, à l’instar du jeu de base, de somptueux panoramas et une impression de découverte permanente. De la même manière que la découverte de la Siofra a laissé bouche bée plus d’un joueur, l’arrivée dans chaque zone de ce DLC va être un émerveillement similaire. Nous pouvons par exemple mentionner un majestueux donjon à ciel ouvert que l’on peut explorer avec Torrent, notre fidèle monture. Le Royaume des ombres brille par sa créativité constante et sa forte identité visuelle, qui se renouvellent à chaque zone en lorgnant tantôt vers le gothique, le romantisme, ou le surréalisme par instant. Une diversité plus que bienvenue qui donne envie d’explorer de fond en comble ce fameux Royaume. La direction artistique de ce DLC est un régal absolu pour les yeux, mais également pour les oreilles. Si les zones ouvertes conservent leur tranquillité sonore, comme dans le jeu d’origine, les combats de boss sont encore magistralement accompagnés par de nouvelles compositions épiques rendant chaque affrontement impérissable, et ce, malgré l’absence de la compositrice phare de FromSoftware, Yuka Kitamura, après son départ du studio. Avec 12 combats de boss majeurs, impossible de rester de marbre face à la réalisation toujours aussi maitrisée de studio japonais.

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© Dot Esports

De nouveaux outils à notre arsenal

L’une des principales attentes de DLC était bien évidemment les nouvelles armes disponibles. Les joueurs ne seront pas déçus, car c’est en effet un véritable panel de possibilités de gameplay que nous découvrons avec ce nouveau contenu. La promesse de 100 nouvelles armes est tenue, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ajoutent beaucoup de variété au gameplay général tout en s’imbriquant parfaitement au socle de base. Entre les doubles lames-revers, les espadons légers, les arbalètes à répétition, les armes de lancer, les fioles de parfum ou encore des techniques au corps-à-corps, nombreuses seront les modifications de build afin d’essayer ces nouveaux outils de combat. La plupart de ces armes, notamment les techniques au corps-à-corps ou les lames-revers, apportent un plus grand dynamisme lors des affrontements. Par exemple, le grand nombre de coups portés dans un enchainement au corps-à-corps permet de plus rapidement stagger les ennemis et ainsi obtenir un avantage non-négligeable en combat. Il en va de même pour les armes de lancer, très pratiques pour maintenir certains ennemis à distance ou déloger ceux situés sur une corniche. Notons également l’accent mis sur les techniques basées sur les fioles de parfum. Une armes spéciale infligeant des dégats élémentaires sur une large zone. 

À l’instar du jeu de base, toutes ces nouvelles armes s’aquièrent au gré de l’exploration. Certaines sont trouvables dans des forges, sur des boss, ou dans des lieux spécifiques. Malgré l’abscence de certaines capacités teasées dans Elden Ring, comme la magie liée au sommeil, Shadow of the Erdtree se dote de nombreux ajouts pour tous les types de builds. Des cendres de guerres aux incantations inédites, en passant par des armes de magie, les possibilités sont légion. Même les cendres d’invocation accueillent de nouvelles arrivantes, dont une en passe de détrôner la légendaire larme imitatrice. Tout cela renouvelle la façon d’appréhender chaque joute, ce qui est plus qu’utile pour apprivoiser la difficulté de cette nouvelle aventure.

Une difficulté renouvellée 

Il est temps d’en parler, la difficulté retrouve également le devant de la scène dans Shadow of the Erdtree. Si vous comptiez one-shot tous les ennemis et toiser les boss du haut de votre niveau 300 dès votre arrivée dans le Royaume des ombres, détrompez-vous. FromSoftware a pris soin de totalement revoir le système de progression de ce DLC, afin de mettre sur un même pied d’égalité les nouveaux venus, comme les vétérans.

L’arrivée dans le Royaume des ombres est une véritable claque, notamment pour les joueurs haut niveau qui commençaient à trouver le jeu de base facile. Ici, n’importe quel mob peut nous abattre en deux ou trois coups. Qu’il s’agisse de trash mob, de mini-boss ou de boss majeurs, aucun ennemi ne doit être pris à la légère. Nous renouons ainsi avec la prudence et ce sentiment d’impuissance du début de partie, où chaque adversaire représente un danger mortel. Fort heureusement, le DLC met en place un tout nouveau système de progression afin d’améliorer son personnage au cours de l’aventure. Ce système consiste en la collection de bénédictions distillées aux quatre coins du Royaume des ombres. Il s’agit d’items que le joueur doit ramasser et utiliser à un site de grâce. Ces bénédictions prennent deux formes différentes. L’une se nomme « esquille de l’arbre occulte » et augmente notre attaque, tout en diminuant les dégâts reçus. L’autre s’intitule « cendre de larmes vénérée » et permet d’augmenter l’attaque et la défense de nos différentes cendres d’invocation. Ce système s’assimile à celui des Graines dorées et aux Larmes de vie, en collectant les objets requis, on améliore divers aspects de notre personnage. Le coût d’amélioration des bénédictions augmente progressivement, passant de un à deux, puis à trois. Le niveau maximum de chaque bénédiction est atteint à partir du niveau 20. Précision enfin que les effets des bénédictions sont permanents, mais ne s’appliquent que dans la nouvelle région du DLC. Elles ne seront d’aucune utilité dans le jeu de base. Les runes vous permettent toujours de monter de niveau, mais ces derniers n’ont plus réellement d’importance au sein du Royaume des ombres, ce sont bel et bien les esquilles de l’arbre-occulte qui vous font gagner en puissance dans Shadow of the Erdtree.

SOTE Fight

© Bandai Namco

Bien que ce nouveau système de progression incite fortement à l’exploration, il faut admettre que le gap de difficulté initial pourra bousculer bon nombre de joueurs. Il est vrai que les dégats infligés par l’intégralité des ennemis ont été exagérément revus à la hausse. D’ailleurs, la difficulté du DLC est vivement critiquée par une partie de la communauté d’Elden Ring. Néanmoins, il est connu que chaque DLC de FromSoftware se veut plus ardu que le jeu de base. Rappelons que les conditions d’accès à cette extension requièrent une victoire contre Mohg, un boss particulièrement coriace, qui atteste d’une certaine maîtrise du jeu. Shadow of the Erdtree n’est pas plus difficile que The Old Hunter (DLC de Bloodborne) ou The Ringed City (DLC de Dark Souls 3) en leur temps. Il incarne plutôt le retour d’une rigueur qu’une partie des joueurs avait oublié après deux ans de déambulation dans l’Entre-Terre. Par ailleurs, certains éléments attestent d’une prise de conscience de la part du studio en termes d’ergonomie globale. Par exemple, certains sites de grâce sont généreusement placés devant l’entrée des combats de boss, ce qui supprime le pénible chemin de retour jusqu’à l’entrée, pendant lequel le poids de nos échecs répétés s’alourdit. Cette réduction de trajet incite grandement au nouvel essai et renforce la persévérance malgré les défaites. Les patterns des boss sont également plus lisibles et les timings de leurs attaques légèrement plus simples à anticiper.  

Dans l’ensemble, la difficulté se veut très prononcée au début de l’aventure, mais s’équilibre au fur et à mesure de notre progression avec l’accumulation d’esquilles de l’arbre-occulte et de cendre de larmes vénérée. Certes, le retour aux sources en termes de difficulté est brutal, mais pas insurmontable. Il n’y a aucune raison d’être plus inquiet à l’idée de commencer le DLC qu’à celle de commencer Elden Ring il y a deux ans. Une fois passé le pic de départ, nous retrouvons le plaisir de l’exploration et des combats intenses contre les nouvelles créatures de ce Royaume.

Qu’il s’agisse des mobs ordinaires ou des boss, l’intégralité du bestiaire a été totalement revu. La grande majorité des ennemis rencontrés dans le Royaume des ombres sont inédits. Un point fort plus que bienvenu pour renforcer le dépaysement de cette nouvelle zone. Pour ce qui est des boss, c’est plus d’une trentaine de nouveaux adversaires qui nous attend, dont 11 boss majeurs. Chacun dispose de patterns uniques qu’il faudra connaître pour mieux livrer bataille. Toujours aussi grandioses, les combats de boss sont de purs moments de jeu où la frénésie, l’excitation, la frustration et le stress se mélangent pour offrir des souvenirs indélébiles. Nous ne pouvons entrer dans le détail afin d’éviter les spoils, mais nous pouvons toutefois dire que le combat contre Messmer est l’un des meilleurs de tous les jeux FromSoftware.

Messmer

© Bandai Namco

Quelques bémols pour conclure… 

Certaines lacunes sont hélas toujours présentes, notamment la caméra, notre pire ennemie. Déjà problématique dans Elden Ring, la caméra semble encore plus agitée lors des combats de boss de Shadow of the Erdtree. Du fait du dynamisme des nouveaux boss qui se meuvent de part et d’autre des arènes, la caméra peine parfois à suivre. Celle-ci va bien souvent se nicher contre des murs ou à l’intérieur des ennemis lors d’un mouvement trop brusque. Un inconvénient de taille pour la lisibilité de certains affrontements. Hormis la caméra, le jeu souffre encore de plusieurs soucis techniques. Les ralentissements sont toujours présents, notamment sur PC avec du suttering çà et là. Il est clair que FromSoftware doit encore travailler l’optimisation de ses productions, un point déjà relevé lors de la sortie d’Elden Ring deux ans plus tôt. Côté graphismes, bien que la direction artistique compense plus que largement la faiblesse technique du titre, difficile de ne pas remarquer certaines textures baveuses ou peu détaillées, en particulier les brins d’herbe ou certains rochers. Certes, la technique n’a jamais été l’un des grands atouts du studio nippon, mais après le succès mondial d’Elden Ring, il serait judicieux de se pencher davantage sur ce point.

Conclusion

Les points positifs

– Une nouvelle aire de jeu vaste et fournie

– Une immense durée de vie pour un DLC

– Un level-design global de grande qualité

– Une difficulté renouvelée et maitrisée

– Une sublime direction artistique pour chaque zone

– Un bestiaire grandement retravaillé

– De combats de boss intenses et spectaculaires

– Le renouvellement du gameplay grâce aux nouvelles armes et capacités originales

Les points négatifs

– Une carte qui manque de clarté

– Une architecture trop tortueuse par moments

– Une intrigue principale discrète et légèrement décevante

– Des quêtes secondaires décousues et peu captivantes

– Une technique qui accuse encore plusieurs lacunes (caméra, framerate, textures)

Shadow of the Erdtree est sans conteste le contenu additionnel le plus important jamais créé par FromSoftware. Le studio japonais a, une nouvelle fois, redoublé d’efforts pour nous offrir une extension qui aurait très bien pu être un jeu à part entière. Certes, quelques lacunes sont encore présentes. L’architecture de la carte aurait mérité davantage de clarté et de lisibilité. Tout comme l’intrigue principale et les quêtes secondaires, trop en retrait pour susciter notre implication. Toutefois, ces imperfections se font vite oublier face à la quantité et surtout la qualité globale du contenu proposé. Le voyage au sein du Royaume des ombres laisse sans voix. Il s’agit d’une redécouverte complète d’un jeu que l’on croyait connaître par cœur. Une exploration renouvelée, des combats toujours plus épiques, de nouveaux lieux à découvrir et de nouvelles armes et techniques inédites à maîtriser, autant d’éléments qui font de ce DLC une aventure grandiose, dans la digne lignée du jeu de base.  

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Armand
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