Critique

« Always Centered at Night » : Moby signe enfin un véritable retour pop

14 juin 2024
Par Benoît Gaboriaud
"Always Centered at Night" : Moby signe enfin un véritable retour pop
©DR

Figure emblématique de l’électro dansante et engagée des années 2000, Moby avait ensuite perdu ses fans au milieu d’expérimentations déroutantes, mais la star new-yorkaise revient enfin à la pop éclectique et accessible avec le solaire Always Centered at Night, porté par un casting hors pair.

Engagé, notamment pour la cause animale, Moby l’a toujours été. Mais, ces dernières années, le musicien levait le poing à l’aide de bandes-son hardcores parfois inaudibles, renouant ainsi avec ses premières amours musicales. Une période qui s’est achevée en 2018 avec Everything was Beautiful and Nothing Hurt, mais sans grande conviction artistique. Trop ambient, l’album était passé relativement inaperçu et avait été suivi par d’autres projets sans grand intérêt : Long Ambients 2 (2019), All Visible Objects (2020), Reprise (2021), Ambient 23 (2022) et Resound NYC (2023).  

Particulièrement prolifique, l’artiste produit un opus tous les ans depuis 2016, mais fait enfin réellement son grand retour à la pop électro aujourd’hui avec Always Centered at Night, son 22e album composé uniquement de collaborations et qui porte le nom de son label créé en juin 2022. 

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Des collaborations pointues

Ces 30 dernières années, Moby a collaboré sur scène ou en studio avec les plus grandes stars internationales, de David Bowie à Freddie Mercury en passant par Gregory Porter ou Mark Lanegan, mais aussi françaises : Mylène Farmer, Jean-Michel Jarre et Nicola Sirkis. Sa discographie a toujours été jalonnée de featurings prestigieux, mais il poursuit ici son travail entouré de personnalités moins célèbres, dotées cependant de voix singulières et envoûtantes, comme celle, soul et gorgée de soleil, de Lady Blackbird qui illumine Dark Days.

L’auteure-compositrice-interprète d’origine américaine exerçant principalement en Angleterre y est surnommée la « Grace Jones du jazz ». Dès les premières notes du morceau, on comprend pourquoi !

Parmi les autres invités, on retient sur Where is your Pride ? la présence posthume de Benjamin Zephaniah, un poète anglais décédé en décembre 2023, engagé comme Moby en faveur des droits des animaux et de la justice sociale, mais surtout connu pour son rôle dans la série Peaky Blinders. Il y récite un poème constitué d’interrogations en spoken word sur des rythmes breakbeat : « Where is your love ? Where is your faith ? Where is your hope ? Where is your place ? »

Une atmosphère zen et mélancolique

Always Centered at Night s’ouvre sur On Air, un titre particulièrement aérien et éthéré qui donne le ton de l’album : zen et mélancolique. Sur ce disque, pas de tubes dansants qui renouent avec l’âge d’or de Play (1999), vendu à plus de 12 millions d’exemplaires dans le monde, mais un son qui évoque les années 1990. Au menu de ces 13 nouvelles pistes : trip-hop (Transit feat. Gaidaa), jungle (Where is your Pride? feat. Benjamin Zephaniah et Medusa feat. Anyzli Jones), et ambient (Precious Mind feat. India Carney et Feelings Come Undone feat. Raquel Rodriguez).

Seuls les jazzy Ache For et Should Sleep se démarquent, ce dernier notamment par son côté funky évocateur des années 1970. Il est sublimé par l’interprétation de JP Bimeni, un chanteur descendant de la famille royale du Burundi. L’artiste a échappé à trois tentatives d’assassinat, mais a depuis trouvé refuge au Pays de Galles et dans la soul, qu’il défend ici à merveille.

Une tournée caritative célébrant les 25 ans du disque Play

Hétérogène, mais un brin désuet, Always Centered at Night manque un peu d’audace. Moby se repose sur ses acquis sans vraiment atteindre l’excellence de sa période faste de 1999-2008. Fort heureusement, il a promis d’enflammer l’Europe le temps d’une tournée automnale qui célébrera les 25 ans du culte Play et ce, pour la bonne cause, puisque les bénéfices seront reversés à des associations qui partagent ses combats.

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Rappelons que l’artiste avait sorti en 1996 un opus intitulé Animal Rights, et qu’il arbore fièrement les lettres tatouées qui forment le mot « Animal » sur un bras et « Rights » sur l’autre, ainsi que les inscriptions « Vegan for life » dans le cou. Végan, il l’est depuis 1987 ; il était même propriétaire d’un restaurant spécialisé dans cette cuisine qui a dû fermer après la crise du Covid-19.

Ceci étant dit, l’artiste sera de passage notamment au Zénith de Paris le 24 septembre 2024 où il jouera exclusivement ses tubes issus en très grande majorité des albums Play (1999), 18 (2002) ou Hotel (2005). Voilà de quoi réjouir les fans qui retrouvent aujourd’hui la star de la musique après une longue traversée du désert artistique.

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