Décryptage

Game Pass Explorer #6 : Eiyuden Chronicle Rising

18 avril 2024
Par Valentin Boulet
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Game Pass Explorer #6 : Eiyuden Chronicle Rising
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Le Game Pass, c’est aussi l’occasion de préparer dans les meilleures conditions la sortie à venir d’un jeu très attendu. Eiyuden Chronicle : Hundred Heroes, l’héritier de la mythique saga des Suikoden, sera disponible dès le jour de sa sortie dans le catalogue. Son prologue, Eiyuden Chronicle Rising, est déjà disponible, et il serait dommage de ne pas y faire un tour.

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La patience est définitivement une qualité indispensable à la vie des joueuses et des joueurs du monde entier. Il y a les jeux qu’on attend depuis trop longtemps, comme Metroid Prime 4, Beyond Good and Evil 2 ou Hollow Knight Silksong. Il y a aussi les jeux qu’on n’osait plus attendre, comme ce fameux Eiyuden Chronicle : Hundred Heroes, qui arrive enfin, ce 23 avril 2024, en digne héritier de la saga des Suikoden, 18 ans après la sortie du dernier opus.

Sur ce coup-là, en plus de patience, il a fallu faire preuve de détermination et de générosité, en permettant à Yoshitaka Murayama, créateur et réalisateur de Suikoden I et II, de lever 4,5 millions de dollars sur Kickstarter pour redonner vie à son bébé avec le studio Rabbit&Bear.

Enfin, il y a les jeux qu’on n’attendait pas, comme Eiyuden Chronicle Rising, sorti en mai 2022 en guise de prologue à Hundred Heroes, et arrivé comme un cadeau pour récompenser la patience des fans, qui voyaient le retard s’accumuler sur le développement du jeu tant attendu, Covid oblige. De quoi nous permettre de goûter avant l’heure à l’univers du jeu et à ses enjeux en quelques clics pour les abonné.e.s Game Pass. Malheureusement, Rising sera aussi le dernier de ses jeux dont Murayama aura pu assister à la sortie, puisqu’il nous a tragiquement quitté en début d’année 2024, a quelques mois de la sortie de sa dernière oeuvre.

Trois personnages déjà en quête d’une lentille runique

Avant de pouvoir incarner les cent héros du prochain Eiyuden Chronicle, ce prologue se concentre sur trois d’entre eux. Mais c’est seulement avec CJ que l’aventure démarre. Toute jeune « fouilleuse de trésor », notre aventurière veut perpétuer la tradition de sa famille en parvenant à ramener chez elle une lentille runique plus grosse que celle de son papa, pour être enfin considérée comme un membre du clan à part entière. Ça tombe bien, les rumeurs vont bon train concernant de magnifiques trésors enfouis dans les grottes aux abords du petit village de Nouveau Navaeh.

Mais une fois sur place, CJ est loin de découvrir l’eldorado espéré. Le maire du village n’est jamais revenu de sa dernière expédition dans les grottes, et sa fille Isha se retrouve seule en charge. Pour aider à remettre Nouveau Navaeh sur pied, et surtout pour le défendre face à un mal inconnu, Isha profite de l’arrivée massive de chercheurs de trésors pour leur imposer d’apporter de l’aide aux habitants, afin d’obtenir le droit de se rendre dans la grotte prétendument remplie de merveilles. Avant d’avoir le droit d’accomplir sa quête, CJ va donc devoir mettre la main à la pâte en répondant aux demandes des différents habitants.

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Voilà donc comment va se structurer l’aventure dans Eiyuden Chronicle Rising. Le village servira de hub central qu’il s’agira de construire au fur et à mesure, en accomplissant les quêtes secondaires données par les habitants. La plupart du temps, il s’agit d’aller dans les différents donjons pour récupérer des ressources nécessaires à la fabrication de nouvelles échoppes, dont vous pourrez ensuite profiter des marchandises. Une forge, une armurerie, une taverne, une boutique de potion et tout un tas d’autres commerces qui vous permettront d’améliorer les capacités de vos personnages.

On retrouve ici l’un des principes de gameplay fondateurs de la saga des Suikoden, qu’on retrouvera bien sur dans Hundred Heroes, dans lequel la gestion du village sera indispensable au bon déroulement de l’aventure.

Si la structure reste très classique pour un RPG, on regrette la répétitivité de certaines quêtes, ou encore l’intérêt que peuvent avoir les différents dialogues qui l’accompagneront. L’histoire met en effet un certain temps avant de prendre réellement de l’intérêt, et il faudra atteindre la deuxième moitié du jeu pour commencer à en comprendre les véritables enjeux. En revanche, et malgré quelques traductions pas très bien senties, il faut reconnaître que les caractères bien trempés des trois personnages principaux offrent des situations assez drôles, et des dialogues plutôt savoureux.

 Après CJ, Garoo rejoint rapidement la troupe, avant que Isha ne devienne elle aussi jouable un peu plus loin dans l’aventure. Et que ce soit en termes de personnalités ou de gameplay, le petit groupe est parfaitement complémentaire, et on s’attache rapidement à chacun d’entre eux. C’est justement cette complémentarité qui apporte un peu de saveur au gameplay, et qui donne envie d’aller au bout de l’histoire.

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Un gameplay qui s’écarte de la tradition… pour mieux y revenir dans Hundred Heroes

Que ce soit pour suivre la quête principale ou pour accomplir des quêtes secondaires, c’est en dehors du village que cela se passe (à quelques exceptions près). La carte se divise ensuite en différents donjons, qui fonctionnent sur le principe classique du Metroidvania. Ils ne sont donc pas linéaires, et il sera toujours possible de revenir en arrière pour passer par un autre chemin, avant de se retrouver bloquer devant un obstacle qui n’en sera plus un une fois que de nouvelles capacités seront acquises par nos héros.

A plusieurs reprises, on retourne donc dans le premier donjon, avec cette fois la capacité d’aller plus loin. Et si cette redondance pourra déplaire à certains, la fluidité des déplacements et la facilité avec laquelle on se débarrasse des monstres de bas niveau permettent de rendre ces phases de jeu plutôt agréables. Car oui, tous les donjons sont remplis de petits monstres, qui affichent un niveau et un type (feu, glace, etc…), mais aussi de boss, présentant eux aussi un niveau et un pattern de capacités à comprendre pour le battre.

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La particularité de gameplay de Eiyuden Chronicle Rising réside dans le fait de pouvoir passer d’un personnage à un autre en pleine action. L’occasion d’enchainer des attaques venant d’un héros puis d’un autre pour réaliser des combos, en trouvant le bon timing. Et sur le plan technique, il n’y a absolument rien à redire. Tout est très fluide et dynamique, et même si les différentes capacités de nos héros restent basiques (attaque, dash ou bloc), le fait de pouvoir les enchainer si vite, tout en se déplaçant de manière aussi rapide, est particulièrement intéressant et addictif.

Les caractéristiques de nos trois héros sont diverses, avec l’agilité et la vitesse pour CJ, la puissance pour Garoo, et les attaques à distance pour Isha. Il est donc relativement instinctif de savoir quel personnage choisir pour terminer son combo, ou tout simplement pour progresser le plus facilement possible dans le donjon. Tout est lisible, clair et facile à prendre en main : un très bon point.

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Malheureusement, le bestiaire manque un peu de variété, et on a vite fait le tour des différents problèmes que peuvent nous poser tous ces petits monstres. D’autant que la difficulté n’est pratiquement jamais au rendez-vous. Et c’est probablement là le principal problème du titre. Car si l’on peut comprendre que l’histoire ne soit pas des plus palpitantes car il s’agit d’un prologue, et que l’aspect RPG manque de profondeur, nous y reviendrons, le manque de difficulté n’est pas en adéquation avec les possibilités qu’offrent le gameplay. De quoi rendre le jeu très accessible, ce qui est une bonne chose, mais pas assez challengeant pour qu’on ait envie de mieux maîtriser le gameplay. Un mode difficile aurait vraiment été la bienvenue pour convenir à tous les types de joueuses et de joueurs.

Vous l’aurez compris, Eiyuden Chronicle Rising s’écarte donc du gameplay traditionnel des Suikoden, en abandonnant les combats au tour par tour pour offrir un variante action-RPG à l’univers. Mais l’aspect RPG est lui bien présent, et colle parfaitement avec la légèreté du titre. Tous les héros pourront s’équiper de deux accessoires et de deux runes magiques pour améliorer leurs statistiques, en les fabriquant après avoir ramassé les ressources nécessaires dans les donjons. Ce sont les seuls éléments que vous aurez l’occasion de choisir, car à l’inverse, chaque personnage n’aura qu’une seule arme et qu’une seule armure qu’il suffira d’améliorer, là encore moyennant certaines ressources.

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Pas de quoi paniquer devant des inventaires pleins de composants inutiles, ni devant des armes aux dizaines de statistiques. Une profondeur qui devrait manquer aux amoureux des Suikoden, mais qui convient très bien pour un jeu de ce calibre. D’autant qu’il ne sera même pas nécessaire de se pencher sur tout cet aspect pour parvenir au bout du titre, tant la difficulté ne sera pas un problème. On regrette en revanche que l’amélioration des armes ou de l’armure n’ait aucun impact sur le design des personnages, qui resteront les mêmes du début à la fin malgré tous nos efforts pour les rendre plus balaises.

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Un petit bout d’univers qui donne envie de voir la suite

Qu’il s’agisse du village ou des différents donjons, tous les environnements sont très agréables à parcourir. Les personnages en pixel art se fondent parfaitement dans l’ensemble des décors en 2,5D, bien travaillés et variés. D’une forêt bucolique à un sommet enneigé en passant par le fond d’un volcan, on traverse différents biomes aux styles toujours simples mais efficaces. Le level design des donjons est à la fois suffisamment simple pour qu’un deuxième passage ne soit pas un trop grand saut dans l’inconnu, et suffisamment tortueux pour que la première exploration soit intéressante.

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Aucun problème technique à signaler sur PC, et l’aventure était fluide du début jusqu’à la fin. Petit conseil, il est préférable de ne pas trop faire confiance à la sauvegarde automatique, qui ne se déclenchera que lors d’événements précis (avancée dans la quête principale, fin de journée). Or, on passe parfois un certain temps à enchaîner les quêtes secondaires, qui pourront représenter une bonne moitié du temps de jeu. Elles sont déjà suffisamment répétitives en soi, ce n’est pas la peine de vous les infliger une fois de plus, d’autant qu’il est possible de sauvegarder depuis tous les panneaux que vous croiserez en donjons, sans même avoir besoin de retourner au village.

Pour aller au bout de l’aventure en remplissant beaucoup d’objectifs secondaires, il faudra compter une bonne dizaine d’heures. Un format qui correspond parfaitement à ce que le jeu a à proposer, même s’il est difficile de ne pas parler de remplissage en pensant à certaines quêtes. Les musiques sont plutôt réussies, et entrent rapidement dans la tête. Et si certaines ne correspondent pas forcément aux émotions de la scène, le principal problème est qu’elles sont trop peu nombreuses pour qu’on ne finisse pas par s’en lasser.

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Dans l’ensemble, Eiyuden Chronicle Rising est plutôt réussi, à condition de savoir dans quoi on se lance. Il s’agit vraiment d’une petite introduction à Eiyuden Chronicle Hundred Heroes, qui arrivera dans quelques jours. Un léger avant-goût d’un univers bien plus vaste, dans un jeu réalisé avec peu de temps et de moyens pour nous faire patienter. La légèreté de son aspect RPG et l’accessibilité de son gameplay font de ce jeu une jolie petite aventure à parcourir en quelques sessions de jeu, sans se plonger corps et âme dans un univers complexe et riche. On retiendra surtout la fluidité de son gameplay, et ses jolis décors, qui nous donnent vraiment envie de voir la suite.

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Article rédigé par
Valentin Boulet
Valentin Boulet
Conseiller fnac.com jeux vidéo et high tech
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