Après sa consécration aux Oscar 2024 avec 7 statuettes remportées, « Oppenheimer », le rouleau compresseur de l’année 2023, termine sa route avec panache ! Comment ce blockbuster de Nolan a déjà pu se frayer un chemin aussi rapide parmi les plus grands succès de l’Histoire du cinéma ? Retour sur le mastodonte du réalisateur Christopher Nolan.
Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur photographie, Meilleur montage, Meilleure musique, Meilleur acteur, Meilleur acteur dans un second rôle, la liste est longue, mais montre d’emblée où se situe Oppenheimer en termes de qualité cinématographique. Après Tenet qui était loin de faire l’unanimité, Christopher Nolan frappe un grand coup, notamment au box-office avec 957 millions de dollars, un chiffre qu’il n’avait pas atteint depuis The Dark Knight Rises en 2012.
Une intensité permanente
Un biopic de 3 heures, centré sur l’inventeur de la bombe atomique, Robert Oppenheimer. Avec son pitch, le film semble être un énième biopic à rallonge sur un inventeur farfelu. Mais c’était sans compter sur l’ingéniosité de Christopher Nolan et ses équipes, qui ont accompli l’exploit de créer un film extrêmement verbal, de 3 heures certes mais qui est aussi digeste et nerveux qu’un film d’action d’une heure et demie. Quoi que l’on puisse dire sur la durée de certains films, les 3 heures d’Oppenheimer ne se font aucunement sentir grâe à une parfaite synergie entre les dialogues, les musiques, la montée en tension des événements, le déroulement du récit, le rythme et surtout le montage. Jennifer Lame (monteuse du film) a réalisé une véritable prouesse, transformant les heures de dialogues en un film frénétique et haletant. Aucune longueur, aucune scène en trop, tout semble parfaitement emboîté pour ne pas perdre la moindre seconde en fioriture. Chaque plan est essentiel.
© Universal Studios
D’aucuns se plaignent du caractère prolixe du film, et cela se comprend, mais force est de constater que le film habille, mieux que quiconque avant lui, chacun de ses dialogues. Une phrase en apparence quelconque dans un contexte d’exposition, accompagnée par une musique de fond, dans un mouvement de caméra minutieusement choisi, enrobé dans une somptueuse photographie signée Hoyte van Hoytema, le tout porté par des acteurs convaincants et talentueux… Le moindre détail est utilisé afin de rendre chaque scène dramatiquement puissante et efficace. A tel point que la critique « trop long » ne peut s’appliquer au film tant celui-ci semble passer vite, malgré sa durée. On y verra surtout le reflet du talent et de la maîtrise technique de toutes les personnes ayant travaillé sur ce long-métrage.
Un casting riche et irréprochable
Avec plus de 50 acteurs au casting, dont des têtes d’affiche mondialement connues du grand public comme Cillian Murphy, Florence Pugh, Robert Downey Junior, Emily Blunt, Matt Damon, l’ensemble du film ne contient pas la moindre fausse note. Loin du drame de la mort de Marion Cotillard dans The Dark Knight Rises, Nolan a su diriger tous ses interprêtes d’une main de maître. Et même si son talent n’est plus à prouver, on peut se réjouir de voir Robert Downey Junior se livrer à un autre exercice que celui de comique play-boy dans lequel il était cantonné depuis le premier Iron Man. Ici, nous redécouvrons l’acteur dans un rôle fort et intense, à travers lequel il peut exprimer une palette d’émotions oscillant entre un jeu démonstratif et subtile. Bien sûr, comment ne pas saluer la performance hallucinante de Cillian Murphy ? Notamment connu pour la série Peaky Blinders, dans laquelle il tient le premier rôle, Murphy se met dans la peau de l’inventeur de la Bombe, Robert Oppenheimer, un homme sans cesse assaillit par la pression, le doute et le poids du monde. Un rôle puissant que Murphy a su s’approprier à la perfection.
© Universal Pictures
Enfin, bien que l’on puisse regretter que Nolan ne sache toujours pas comment correctement exploiter les personnages féminins, les deux principales actrices Emilie Blunt et Florence Pugh offrent également des performances remarquables de justesse. Malgré un tournage effréné de seulement 57 jours, les acteurs et les actrices de ce projet ont fait montre d’un investissement sans pareil et surtout sans défaut.
Une ambition cinématographique unique
Avant Oppenheimer, le titre du biopic le plus rentable de tous les temps était détenu par Bohemian Rhapsody, film émouvant (mais néanmoins mensonger) sur l’histoire de Freddy Mercury. Qui d’autre que Christopher Nolan pouvait réussir à le détrôner sans bénéficier de la notoriété ou de l’attrait musical de Queen ? Oppenheimer est l’inventeur de la bombe atomique. Un sujet intéressant, certes, mais qui ne laissait pas envisager un succès proche du milliard au box-office mondial. Bien que le phénomène « Barbeheimer » (mélange des titres Barbie et Oppenheimer, les deux blockbusters étant sortis la même journée) ait grandement contribué à la réussite du film en salles, nul ne peut nier le fait que le long-métrage de Nolan fait office d’exception en tant qu’objet cinématographique. Alors qu’en 2017, Dunkerque n’avait guère passionné les foules, c’est un biopic qui se situe également dans les années de Seconde Guerre Mondiale qui bouscule toute l’industrie et rafle 7 Oscar.
Des notes et des critiques dithyrambiques sur tous les sites, une quasi-unanimité de la part du public, 7 Oscar et près de 960 millions de dollars au box-office… Faut-il d’autres éléments pour attester de l’exploit accompli par Christopher Nolan et ses équipes avec Oppenheimer ? Le film a sans nul doute trouvé sa place dans l’Histoire du cinéma, et marquera à jamais les spectateurs, la filmographie de ses acteurs et le travail de son réalisateur.