Prix Joséphine 2023 : tout savoir sur la compétition

Avant le prix Joséphine, le prix Constantin

Face aux grandes cérémonies musicales comme les Grammy Awards, les Brit Awards ou les Victoires de la musique, le monde des labels indépendants et des auteurs-compositeurs-interprètes cherche depuis longtemps à s’émanciper, en désignant lui-même son disque favori de l’année. Si, aux États-Unis, un concours de ce type a existé très peu de temps (le Shortlist Music Prize), des pays comme le Royaume-Uni (avec le Mercury Prize) et le Canada (avec le prix Polaris comme alternative aux prix Juno) ont développé une vraie compétence en la matière.

En France, où les palmarès musicaux ont une importance particulière (avec l’existence des prix de l’académie Charles Cros et la naissance des Victoires de la Musique en 1985), une cérémonie alternative a eu pendant quelques années un vrai succès : le prix Constantin. Du nom d’un grand éditeur de chanson française, de rock et de musique du monde, et ancien dirigeant de Barclay (Philippe Constantin) cette cérémonie a permis de distinguer quelques artistes significatifs des années 2000, comme Cali, Camille, Daphné ou Emily Loizeau. Après l’annulation de l’édition 2012, le paysage musical hexagonal a été orphelin d’une cérémonie musicale promouvant les nouveaux talents, jusqu’à la création du Prix Joséphine.

Le Prix Joséphine, par les artistes, pour les artistes

Au printemps 2022, les producteurs et éditeurs Frédéric Junqua et Christophe Palatre annonçaient le lancement du Prix Joséphine, un concours organisé en partenariat avec le Centre National de la Musique, l’Adami et la Sacem. Son principe ? Un juré de journalistes présélectionne dix albums parmi une quarantaine sortis entre l’été de l’année précédente et le printemps de l’année actuelle. Cette sélection, qui fait déjà office de palmarès, est ensuite départagée par un jury composé d’artistes confirmés. Cet aréopage choisit le disque qui leur paraît le plus réussi parmi tous les nouveaux venus de la scène musicale actuelle. Avec pour mot d’ordre l’ouverture d’esprit, cette « compétition » montrait dès son édition 2022 une belle diversité : Gaspar Claus (avec sa musique néoclassique), Orelsan, Léonie Pernet (dans le registre electropop) ou encore Laurent Bardainne & Tigre d’eau douce (côté jazz) étaient dans les dix appelés d’un concours qui a désigné, en septembre, November Ultra comme premier Prix Joséphine de l’Histoire. 

© Louis Comar

Un beau coup de pouce pour la jeune chanteuse française, dont la folk mélodieuse et la voix d’ange sont devenus synonymes de succès. Son premier disque, Bedroom Walls, toute en intimité, sera d’ailleurs réédité cet été dans une version « salon » en édition Deluxe limitée. La chanteuse, comme ses concurrents d’un jour, avait participé à un concert organisé à la Maison de la Radio, un dispositif que pratiquait déjà le prix Constantin pour montrer, aussi, le talent scénique de ses artistes nominés.

Prix Joséphine 2023 : les candidats et les jurés

Entre jeunes pousses et talents en phase de confirmation, les quarante disques de la sélection 2023 du prix Joséphine racontent les musiques actuelles. Le jury d’artistes, présidé par Eddy de Pretto, reflète la diversité de la scène francophone, avec des jurés comme Arthur Teboul (de Feu Chatterton!), les sœurs d’Ibeyi, les autrices Vernis Rouge et Vendredi sur Mer, le musicien electro Superpoze ou encore Sofiane Pamart. Leurs horizons musicaux fort différents expliquent la grande variété des dix disques choisis pour être finalistes de la compétition. Fin septembre seront en effet départagés quelques-uns des noms les plus excitants de l’actualité des différents genres qui animent les scènes et les festivals ces derniers mois.

Véritable révélation de ce printemps, Zaho de Sagazan figure parmi les favoris, avec le beau disque de pop ombragée La Symphonie des éclairs, et ces synthés vintage habillant des textes mélancoliques. Autre confirmation du « Palmarès 2023 », Trois d’Acid Arab, un disque d’electro croisant les influences orientales. Musique plébiscitée par le grand public, le rap se taille la part du lion parmi les dix disques concourant au prix Joséphine : La Grande Désillusion de Benjamin Epps, dans le versant sensible et adulte, Prophétie d’Eesah Yasuke dans un style dark au féminin, Moussa de Prince Waly côté rap métissé d’influence world et chanson, sans oublier Papillon Monarque, le disque groovy du MC Tuerie représentent bien l’essor des « musiques urbaines » et l’originalité de leurs artisans indépendants.

Plus globalement, les identités fortes et les projets jusqu’au-boutistes ont été plébiscités pour cette édition, comme en atteste la présence parmi les finalistes de Voyou, avec Les Royaumes minuscules, disque de chanson/pop innovant, ou de Flavien Berger, qui multiplie les mélanges electro/classique/chanson sur Dans cent ans. Enfin le monde est aux portes du prix Joséphine, avec les influences world et le caractère polyglotte de Le Ciel est partout, beau disque de BlauBird, ou les rythmes et la langue bassa du Cameroun mis en avant par Blick Bassy, dont le disque Madiba vient de sortir.

Pour les jurés, l’heure est donc venue de choisir le disque qui symbolisera au mieux cette saison musicale 2022-2023 riche de nombreuses surprises et de belles confirmations.