Si le passage du jeu (vidéo ou de plateau) est souvent laborieux sur grand écran, il y a désormais deux exceptions à la règle : Super Mario Bros. et Donjons et Dragons qui ont cartonné au box-office ce printemps. Un exploit, quand on connaît leurs premières adaptations catastrophiques. Retour sur un phénomène qui fera date.
Des licences populaires
C’est en 1985 que le tout premier opus de la licence Super Mario Bros. paraît et s’apprête à faire les beaux jours de Nintendo. Le succès est mondial, ininterrompu et en trente ans, le jeu et ses dérivés se vendent à plus de 310 millions d’exemplaires. De son côté, le jeu de rôle Donjons et Dragons est devenu un phénomène de société essentiellement aux États-Unis dans les années 1970, avant de devenir une boîte de jeu réclamée par les geeks des années 1980. Tout ceci appelait à des adaptations cinématographiques, Hollywood n’étant jamais à court de récupération de succès populaires.
Mais encore fallait-il avoir les ingrédients adéquats. Car il ne suffit pas d’avoir un bon produit pour faire un bon film. Et Super Mario Bros. et Donjons et Dragons vont en faire tous deux les frais, sans que cela n’entache pour autant leur image de marque.
Des flops cinématographiques
En 1993, sous l’impulsion de Hollywood Pictures, sort sur les écrans Super Mario Bros. de Rocky Morton et Annabel Jankel. Une adaptation en chair et en os des aventures des plombiers Mario et Luigi, confrontés au terrible dictateur Koopa, régnant sur un peuple constitué d’êtres mi-humains, mi-dinosaures. Le casting est impressionnant (Bob Hoskins, John Leguizamo, Dennis Hopper), mais tout est voué à l’échec : scénario improbable, éloignement de l’univers du jeu, acteurs en roue libre… Le film est un cuisant échec critique et public : il ne rapportera que 39 millions de dollars à travers le monde.
Même son de cloche du côté de Donjons et Dragons. En 2000, Courtney Solomon, fan du jeu depuis toujours, en fait une adaptation qui laisse les spectateurs pantois. Jeremy Irons se débat en méchant nommé Profion, face à une débauche d’effets spéciaux ratés. Et pourtant, deux suites verront le jour, Donjons et Dragons, la puissance suprême en 2005 et Donjons et Dragons 3 : Le Livre des ténèbres en 2012, tout aussi désastreux.
Des succès populaires au cinéma, enfin
Les jeux ne pâtissent guère de ces échecs. Super Mario continue de faire vibrer les joueurs sur leurs consoles et Donjons et Dragons s’offre même une nouvelle popularité grâce à la série Stranger Things dans laquelle les héros adolescents y jouent avec frénésie. Mais Hollywood n’en a pas fini avec eux. Convaincu qu’il faut retourner à leur essence, les studios lancent en 2023 deux nouvelles adaptations.
Super Mario Bros., le film, produit par les studios Illumination (à qui l’on doit Les Minions et Moi, Moche et Méchant), est réalisé en animation 3D par Aaron Horvath et Michael Jelenic. On y retrouve tous les codes du jeu, avec une aventure qui semble sortie tout droit de Nintendo et un casting vocal au diapason : Chris Pratt, Anya Taylor-Joy ou encore Jack Black. Les critiques sont dithyrambiques, les enfants en raffolent et leurs parents itou, ravis de se replonger dans leur propre adolescence. Le box-office explose : avec plus d’1,2 milliard de dollars de recettes à l’international, Super Mario Bros. le film devient le troisième plus gros succès de l’histoire des films d’animation.
© Nintendo and Universal Studios
Quant à Donjons et Dragons : L’Honneur des voleurs, porté par Chris Pine, Michelle Rodriguez, Hugh Grant et même Bradley Cooper dans un mini-rôle déjà culte et une chanson de Mylène Farmer, on renoue là encore avec l’esprit du jeu de plateau. C’est fun, mouvementé, irrévérencieux et rempli de références qui comblent les fans. Le film dépasse les 250 millions de dollars de recettes et appelle clairement à une suite. En sera-t-il de même pour les prochaines adaptations de jeux ?
© Paramount Pictures
