
Avis de bourrasque celtique. Avec les giboulées, le mois de mars est aussi le mois de Saint-Patrick, le 17 pour être précis. Une fête qu’on célèbre avec entrain dans les pays et régions de cultures celtes évidement, mais aussi très largement à l’échelle mondiale par tous les immigrants, descendants, sympathisants et admettons-le, quelques buveurs de bière au tempérament festif. Profitons de l’occasion pour un tour d’horizon autour des musiques qui vont avec ces célébrations.
L’autre « green washing »
Comme Noël en décembre, le carnaval en février, le bal des pompiers à la mi–juillet il y a donc la Saint-Patrick au mois de mars. Bien conscient que tout le monde ne soit pas friand de cultures et de musiques qu’on range sous étiquette celtique, célébrer le saint Paddy n’est peut-être pas un reflexe aussi répandu que faire des crêpes à la chandeleur (pourtant les crêpes sont bretonnes non ?) ou offrir une rose à la Saint-Valentin à l’heureux(se) élu(e). On prend néanmoins ce prétexte pour se rappeler que les musiques celtiques ont fortement inspiré et façonné la pop, la country, le folk ou le rock jusqu’à certaines formes de variétés.
À l’heure des échanges mondiaux possibles en quelques clics, on pourrait oublier comment il y a fort longtemps, ces musiques « typiques » ont traversé les continents pour finir par se mélanger avec d’autres, venues d’horizons différents.
Les racines celtes du rock’n’roll
Le sujet du jour étant la Saint-Patrick, penchons-nous sur le cas des musiques de souches irlando-celtiques. Sans violons, sans guitares, accordéons ou cette façon expressive de chanter ballades et chansons populaires il n’y aurait sûrement pas eu de folk, de pop, de country, de bluegrass, de musique cajun et encore moins ces parades de joueurs de cornemuses étroitement liées aux rituels militaires des Etats-Unis.
Ce sont évidemment les différentes vagues de l’immigration européenne vers les Amériques (Irlande, Écosse, Angleterre, France, Allemagne, Hollande pour les plus gros contingents) qui depuis le 17eme siècle ont façonné les musiques qu’on rattache aujourd’hui aux Etats-Unis. Des orchestres populaires de hillbilly (l‘une des racines du rock’n’roll) aux fusions en tout genre qui nourrissent la planète rock anglo–saxone, l’apport des musiques celtiques est aussi évident que celui du blues pour citer l’autre branche principale de ces influences qui ont construit le genre rock, pop et folk.
Si Jimmie Rodgers, The Carter Family et autres pionniers sont aujourd’hui reconnus comme des musiciens qui ont construit et rendu populaire cette country teintée de vibrations celtiques, il faut reconnaitre que sans l’apport du banjo (instrument apporté par les afro-americains) et ces violons/fiddle executants des solos virevoltants, le rock aurait probablement un autre visage. Illustration avec une légende du rock’n’roll et ce titre qui pourrait presque sortir d’une jam session d’un pub de Galway.
Puisque certaines formules musicales mises au point ces dernières années sont intimement liées aux musiques irlandaises, écossaises ou plus largement celtiques (Dropkick Murphys, Flogging Mollys, Enter The Haggis, The Pogues…). Il ne faut donc pas hésiter à réécouter d’une oreille différente certains grands tubes de la musique populaire internationale d’hier et d’aujourd’hui pour faire cette évidente liaison avec les musiques traditionnelles que de nombreux artistes ont incorporé dans leurs compositions ou interprétations. Parfois sans peut-être même s’en rendre compte.
Une chanteuse comme Kate Bush par exemple, (que beaucoup on (re)découvert récemment avec Stranger Things) est l’exemple typique de cet apport. De mère irlandaise, elle a souvent incorporé à ses compositions pop quelques caractéristiques typiquement celtes. Dans un genre bien éloigné, c’est Macklemore le rappeur de Seattle qui à sa manière (et avec une idéalisation discutable de ses“ frères irlandais”) avait imprégné d’arrangements néo-traditionnels un titre devenu un banger hip-hop au même titre que ses cousins californiens (House Of Pain) dans les années 90.
Back to the TRISKELL !
En France, après avoir été décrétées ringardes et vieillottes par l’inteligencia parisienne entre les années 1940 et 60, mais aussi parce qu’elles furent tout simplement victimes des modes populaires du moment (jazz, swing, mambo et autre rock’n’roll naissant), les musiques Bretonnes & celtiques ont été remises en lumière dans les années 1970 et 80 par des musiciens comme Alan Stivell, Erik Marchand, Tri Yann, Gilles Servat et bien d’autres.
Un revival culturel mais aussi social et politique dont on peut encore aujourd’hui jauger la ferveur, le dynamisme et la créativité.
Ceci étant dit, pour faire quand même écho à quelques albums qui résonnent avec l’actualité des musiques celtiques, on vous soumet quelques petites sorties toute fraiches qui nous ont beaucoup séduit.
Les gallois de Vrï, leurs chants polyphoniques si particuliers, soutenus par une instrumentation discrète. Une famille d’irlandais installés en Normandie, the McDonnell trio qui, au fil des albums ne nous déçoivent jamais. Une excellente brochette de toulousains qu’on adore et qu’on piste depuis leur premier opus en 2016 (Doolin’). Aujourd’hui ils publient leur nouveau disque avec une approche un peu plus pop qui regroupe tous les éléments pour conquérir un plus large public.
On ne peut pas causer actualité sans évoquer la grande prêtresse celtico–canadienne Loreena McKennit qui a publié un live inédit cet hiver tandis que sa large discographie est enfin disponible en vinyle. Pour terminer, un ovni breton ! C’est le 1er album de Modkozmik un trio audacieux mené par de jeunes musiciens possédant déjà un sérieux CV dans la sphère des musiques tradi-modernes bretonnes.
Et pour continuer ce voyage en terres et vibrations celtes, retrouvez notre playlist Deezer spécial Saint-Patrick concoctée par nos soins.