Beaux objets et belles pochettes, inédits ou intégrales, galette noire ou colorée, une certitude, il y aura encore du vinyle bien emballé sous le sapin en fin d’année. Goûts perso, souvenirs, découvertes et re-découvertes. Grande série ou édition limitée, tous genres, tous styles, tous prix et tous formats confondus. Voici une sélection de 12 rééditions vinyles sorties au fil de l’année 2023 pour un Noël qui tourne rond… Au moins musicalement !
In Vinyle Veritas
Alors qu’en septembre dernier, la FNAC concoctait un bel ouvrage faisant référence aux pochettes de vinyles mythiques (Discothèque idéale “La Culture De La Pochette”) pour nous rappeler l’importance du travail graphique dans l’histoire de la musique pop, on se penche sur quelques bons sillons réapparus au fil de 2023.
À lire aussi
Des anniversaires, des inédits, des intégrales, des beaux objets, des belles pochettes, des galettes noires ou des sillons colorés. Des mixs alternatifs, des re-masterisations, des versions en mode deluxe, ou un autre genre de luxe, celui de la rareté et du petit tirage. Petits budgets ou plafonds illimités, cette sélection est pour vous. Si vous avez poussé jusque-là la lecture de ce modeste plaidoyer, vous le savez comme nous et ce sera la conclusion avant votre petit marché : In Vinyle Veritas !
Des kilomètres de sillons, des presseurs sous pression !
Des usines qui tournent à plein régime, des délais de fabrication plus longs, des ruptures de stock à peine les albums parus, une demande quotidienne d’information technique sur les sources utilisées, le grammage, l’apport du remastering… Depuis le retour en grâce du vinyle, le disquaire est aussi devenu un “pédagogue et conseiller technique”. Car avouons-le, en termes de qualité, on trouve un peu de de tout dans les bacs.
Si les fameuses compil’ bleues & rouges des Beatles ressortent en triple vinyle couleur juste avant les fêtes (comme par hasard), on va plutôt se pencher sur ce qu’on considère comme de véritables rééditions. Le nouveau tirage des boys de Liverpool trouvera surement preneur mais on peut difficilement qualifier ces doubles LP de rééditions de l’année tant le patrimoine « Beatles” est asséché année après année.
Préférons plutôt les ressorties qui nous ont marqués au fil de 2023 par leur bon goût et leur sérieux en termes de choix éditorial. Mais ne me faite pas dire que les Beatles ne publient rien de sérieux et manquent de goût. Vous m’avez compris… Ou vous voulez que je continue à m’embourber ?
Qu’on se le dise, il y aura du vinyle sous le sapin en cette fin d’année 2023 qui, malgré un contexte encore bien chahuté, fut décidément riche en sorties.
Disques de légende ou fantômes du passé, à vous de jouer !
Rock, folk & pop
Serge Gainsbourg, L’Homme A La Tête De Chou (MIX 2023)
Honneur au grand Serge, que la planète du rock anglo-saxon nous envie. Alors que s’ouvre le musée Gainsbourg à Paris, on a fêté la ressortie en grande pompe du cultissime L’Homme à la tête de chou cette année. Alors oui, c’est vrai que c’est un disque qui a été régulièrement réédité, mais cette fois attention, des bandes et des pistes inédites tirées des sessions d’enregistrement qui avaient été égarées depuis tout ce temps ont été restaurées et donc incorporées. Résultat ? Cet album-concept de 1976 imaginé par Gainsbourg et enregistré à Londres résonne encore mieux que ce que nous avions entendu jusque-là. Des inédits, un autre mixage, d’autres arrangements rendent parfaitement hommage au romanesque rock de cette histoire de “Marilou”.
Tom Waits, Closing Time (50th anniversary edition)
On l’aurait presque oublié mais, en 1973, Tom Waits n’a pas encore ce timbre de fumeur de brunes qui caractérisera sa façon de chanter dans les années suivantes. Cinq décennies se sont écoulées depuis la parution de l’excellent Closing Time, premier album du songwriter à la copieuse carrière. Dans ce tout premier enregistrement déjà captivant, du folk, des touches de jazz, de blues, de country et déjà ce talent pour des lignes mélodiques et des constructions singulières. Une belle édition gatefold remasterisée aux Studios Abbey Road, un endroit réputé pour son savoir-faire et son travail d’orfèvre.
Bobby Darin, Commitment
L’esprit de cette superbe réédition pleine de bonus inédits tient donc dans son titre : Commitment. Saupoudrage blues, folk, country, rock, soul et quelques succulentes épices swamp évoquant Tony Joe White ou le tardif Bobby Charles. Album ovni jamais repressé pour cause de bide commercial à sa sortie à la fin des années soixante. Peu de temps avant sa disparition, le gentil crooner Bobby Darin (par ailleurs copain avec Robert F. Kennedy) se mue, le temps d’un disque, en véritable outlaw de la pop américaine. 1969, c’était chaud, chaud, chaud !
The Fleshtones, Stocking Stuffer (15th anniversary)
Pas besoin de présenter le quartet de Brooklyn aux fans de rock garage, mais pour celles et ceux qui hésiteraient entre Mariah Carey et Tino Rossi, le choix de changer de bande son de Noël serait un peu radical mais ne manquera certainement pas de piquant (puisque les sapins n’en ont plus). The Fleshtones, un groupe à l’époustouflante longévité (bientôt 50 ans d’existence), toujours prêts à vous servir et à offrir ce qu’ils font de mieux : un rock entre punk et garage, sans complexe et sans trop de sérieux non plus.
Funk, Soul & Reggae
Wattstax Boxset, The Complete Concert
Mega-concert avec une affiche qui aujourd’hui ferait tomber à la renverse un bon nombre de fans de soul et de funk, ce Woodstock “noir” comme il a souvent été qualifié a été réédité un peu plus tôt dans l’année dans une luxueuse et copieuse version. Avant de devenir ce marathon de musique réunissant un pool d’artistes dont les albums étaient publiés par la célèbre firme de Memphis (Stax Records, d’où le titre-concept), cet événement se voulait être une journée de commémoration des tragiques émeutes de 1965 qui enflammèrent le quartier de Watts pendant une semaine. Racisme institutionnel, violences policières, précarité et ségrégation à peine déguisée ont été les ferments du chaos et c’est aussi pour cette raison que tous ces musiciens afro-américains présents lors de cette journée historique s’étaient initialement déplacés. Truffé d’inédits, de notes de pochettes et de documents divers relatant ce grand moment de musique et de politique, le coffret Wattstax et ses 10 vinyles devraient logiquement faire sensation sous le sapin. Des versions double vinyle un peu plus allégées ont également refait surface à cette occasion.
Bob Marley & The Wailers, Catch A Fire – 50th anniversary
Cinquième LP signé par Bob Marley et ses acolytes des Wailers, ce tout premier album pour Island inaugure le début d’une carrière mondiale qui prendra fin au décès de l’icône de reggae. A l’occasion des 50 bougies de Catch A Fire, c’est une superbe réédition qui paraît ces jours-ci. En plus de sa version initiale que l’on connait (ou pas), les concerts et sessions capturés en Angleterre en 1973 (Londres et Edmonton) dans la foulée de la sortie sont cette fois officiellement publiés. Après des années à écouter des bootlegs pas terribles, enfin ! pourrait-on se dire. On y retrouve en prime de nouvelles et copieuses notes de pochettes par un érudit spécialiste (Chris Salewicz) ainsi que de nombreuses photos inédites.
Prince, Diamond & Pearls
La roue tourne pour Prince en ce début des années 90. Déjà idolâtré à l’échelle mondiale pour son talent d’artiste complet (multi instrumentiste, chanteur, compositeur, arrangeur, producteur, danseur…), le visionnaire Kid de Minneapolis s’entoure d’une nouvelle génération de musiciens qui donneront naissance à ce nouveau groupe (New Power Generation) qui reflète le son de cette nouvelle ère. R’n’B, Hip Hop, dance music et cet album au succès majeur (4,5 millions de copies vendues) avec des tubes tels que Cream ou Get Off. Comme souvent avec Prince, des quantités astronomiques de versions ont été enregistrées a l’époque pour seulement quelques-unes de retenues. Dans cette généreuse réédition, on trouvera donc un bon lot d’inédits et une remasterisation bien vue étant donné que c’est la toute première depuis la publication de Diamonds & Pearls.
Various Artists, If There is a Hell Below
Terminons le paragraphe avec une délicieuse compilation de titres bien trop rares pour être passée sous silence. Dans les ghettos noirs américains des années 60 et 70, on aime aussi le rock qui dérape… Et on le joue d’une certaine façon, avec la rage et une bonne dose de funk rugueux qui donnent une couleur particulière a ces titres obscurs et introuvables. Psyché-garage blues, acid funk, heavy rock & soul… Il faut aimer les guitare fuzz, les wah-wah et les rythmiques lourdes et rappeuses pour s’attaquer à If There’s A Hell Bellow. 13 titres où résonnent les influences de certains héros de l’époque (Hendrix, Funkadelic, Betty Davis, Black Merda…).
World, jazz & blues
Ali Farka Touré, Le Voyageur
On ne peut pas vraiment parler d’un nouvel album puisque le guitariste malien s’est envolé depuis des années. Et difficile également de parler d’une réédition étant donné que ces titres sont inédits. Mais voici, plus de 15 ans après sa disparition, une petite heure de perles rares enregistrées au fil de la longue carrière du musicien songhaï qui remontent à la surface des archives du label World Circuit pour notre plus grand bonheur. Devenu aujourd’hui culte sur les 5 continents, foncez sur cette magnifique sélection autour de l’un des plus célèbres bluesmen d’Afrique subsaharienne.
Pharoah Sanders, Pharoah 1977
Deux ans apres le carton de Promises (Floating Point, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra), c’est l’excellent label de David Byrne (Luaka Bop) qui a eu l’audace de ressortir cette année ce disque signé du grand saxophoniste de jazz Pharoah Sanders, rendant ainsi hommage à l’extraordinaire musicien décédé en 2022. Un album empreint de spiritualité, de magie communicative et de ce groove si particulier avec lequel Sanders aura flirté au fil de sa longue carrière. Sessions d’enregistrement rocambolesques aux dires des copieuses notes de pochettes de cette réédition, remasterisation complète et des lives qui n’étaient disponibles que dans des médiocres versions piratées. Plus que du bel ouvrage, un joyau.
The Soul Of Congo : Treasures Of N’Goma label
A l’heure où le congolais Fally Ipupa s’auto-déclare « nouveau prince de la rumba », voici qu’un micro-label belge – dont le sérieux éditorial devrait servir d’exemple – ressort des placards les premiers enregistrements de ce sous-genre qui en son temps faisait danser toute l’Afrique. Des gloires du passé d’avant et d’après les indépendances sont superbement remises en lumière dans ce coffret d’archives du label N’GOMA. L’une des premières maisons de disque à voir le jour en Afrique centrale créé à l’époque par un businessman grec surement un peu fou… Ou visionnaire. Passionné et philanthrope, il enregistrera et diffusera les musiques populaires urbaines de ce qui n’était pas encore la république « démocratique » du Congo. Un patrimoine immatériel inscrit aujourd’hui à l’UNESCO. Rumba des origines au swing intemporel et aux harmonies vocales inégalées, du miel pour les oreilles. Papa Simon si tu m’entends…
Hit The Bongo ! The Latin Soul Of Tico Records (Édition Limitée)
Avec cette chouette pochette où nous salue le patron des joueurs de congas (Ray Barretto), on peut logiquement se dire que ce double vinyle consacré aux musiques latines made in New-York va droit au but. Dans les sixties, la fièvre latine bat son plein et la communauté hispanophone de la grosse pomme devient le centre d’attraction de nombreux musiciens de pop, de jazz, de soul. Et justement, c’est là tout l’intérêt de cette superbe compilation qui regroupe toutes les stars de l’époque faisant vibrer la planète avec boogaloo, salsa, latin jazz et autres musiques latines en fusion typiquement new-yorkaises. DJ de la Saint-Sylvestre, à vos platines !
