À l’instar de Régine et Michou, l’artiste pluridisciplinaire Dani faisait partie de la nuit parisienne. Actrice, chanteuse et même fleuriste, elle passait de l’ombre à la lumière avec une infinie discrétion. Elle vient de nous quitter ce mardi 19 juillet à l’âge de 77 ans, après plus de cinquante années d’une carrière éprise de liberté.
Une actrice incandescente
Après s’être essayée au mannequinat dans les années 1960, Danièle Graule, alias Dani, a su très vite s’entourer : le photographe de mode Benjamin Auger, Jimi Hendrix ou encore Jacques Séguéla qui font partie de son sérail. Des rencontres qui vont lui permettre peu à peu de mettre un pied sur les plateaux de cinéma dès 1964, entre seconds et premiers rôles. Elle tourne chez Roger Vadim ou Jean-Daniel Simon avant la consécration en 1973 avec Quelques messieurs trop tranquilles de Georges Lautner. Sa voix grave, sa silhouette gracile entre force et fragilité la rendent vite incontournable.
On la retrouve en scripte volage dans La Nuit américaine de François Truffaut, en admiratrice de Valéry Giscard d’Estaing dans le documentaire 1974 : Une partie de campagne de Raymond Depardon ou encore en ex de Jean-Pierre Léaud dans L’Amour en fuite, toujours pour Truffaut. Elle se fera plus rare par la suite, choisissant toujours ses rôles précautionneusement. Elle promène notamment sa présence singulière et son apparente nonchalance chez Chabrol (Une affaire de femmes), Claire Denis (J’ai pas sommeil), Danièle Thompson (Fauteuils d’orchestre pour lequel elle sera nommée au César de la meilleure actrice dans un second rôle), Maïwenn (Mon roi) ou récemment chez Alex Lutz (Guy) et Olivier Marchal (Bronx).
Une chanteuse entre pop et rock
Reine de la nuit parisienne, Dani chante aux côtés de Tom Jones au début des années 1970, devient meneuse de revue et fait la première partie de Claude François. Elle tient même un night club fort couru, « L’Aventure », avant de sombrer peu à peu dans les addictions. Elle sera sauvée par les fleurs (elle tient une boutique), mais aussi par la musique. Étienne Daho la remet ainsi sur le devant de la scène avec le duo à succès Comme un boomerang, chanson inédite de Serge Gainsbourg. Entre 1993 et 2020, elle aura sorti cinq albums au son pop-rock, avec voix rocailleuse et textes ciselés, dont Le Paris de Dani et Horizons dorés, salués par la critique.
Une carrière aussi discrète qu’hétéroclite et une vie entre dépression et rédemption qu’elle a racontée à travers l’autobiographie La nuit ne dure pas. Mais telle un boomerang, Dani, dernière star des nuits parisiennes, nous reviendra toujours…
