Décryptage

De Mariah Carey à Selena Gomez : ces artistes qui passent à l’espagnol

15 juin 2021
Par Mathieu M.
De Mariah Carey à Selena Gomez : ces artistes qui passent à l’espagnol

Avec son nouveau disque, l’E.P. Revelacion, Selena Gomez change de langue. La chanteuse et actrice s’y essaie à l’espagnol, en hommage à ascendants mexicains. Elle suit ainsi une longue tradition, qui veut que les plus grandes popstars américaines, de Mariah Carey à Jennifer Lopez, s’adressent aux hispanophones. Une tendance qui ne devrait pas cesser de nous aider à apprendre la langue de Cervantès… Et de Shakira. On décrypte.

L’Espagnol, l’autre langue des États-Unis

De la Floride à la Californie, le sud des États-Unis compte une quarantaine de millions de citoyens hispanophones. Selon plusieurs études démographiques, la langue de Cervantès pourrait devenir la plus usitée aux USA dès 2050, quand environ 30% des Américains seront d’origine latino-américaine.

En valeur absolue, il y a plus d’Américains parlant l’espagnol que de Colombiens ou d’Espagnols. Partageant une longue frontière avec le Mexique, comptant Porto Rico comme territoire autonome et de nombreux ressortissants cubains en Floride, les États-Unis accordent de fait une large part à la musique en espagnol. Des artistes très spécifiques sont ainsi sélectionnés chaque année aux Latin Grammy Awards, le volet dédié de la principale cérémonie de récompenses musicales du pays.

Des trophées spécialisés mais populaires, qui front briller de nombreux artistes, en particulier venus d’Amérique latine. La section meilleur album de Latin Pop a consacré quelques stars, comme Julio Iglesias, son fils Enrique, ou encore Ricky Martin et Shakira.

Primée dans cette catégorie, la chanteuse américaine Vikki Carr symbolise ces musiciens qui passent aussi de l’anglais à l’espagnol, quand il s’agit de mettre en avant leur origine ou de s’adresser à un public hispanophone. Un phénomène qui est désormais entré dans les mœurs de la pop américaine.

Quand les stars de la pop se mettent à l’espagnol

Déjà en 1963, Johnny Cash, alors immensément connu dans le milieu country et rock’n’roll, s’était fendu d’une version espagnole de Ring of Fire, son hymne mariachi. Une adaptation légitime, même si le chanteur n’avait rien d’un locuteur inné de la langue de Cervantès. Dans les décennies qui ont suivi, de Barbra Streisand à Céline Dion, les tubes traduits ont été une façon d’honorer un public de plus en plus vaste.

Le phénomène a aussi touché Beyoncé, qui a interprété Irremplazable, version latino d’Irreplaceable, sur son album B’Day. Un disque où l’on entend deux versions de Beautiful Liar : l’une avec Shakira qui chante en anglais, l’autre dans une version « Spanglish », où espagnol et anglais s’entremêlent.

Dans les années 1990, l’ascension de stars issues de minorités hispanophones a fait basculer la pop américaine mainstream vers la langue de Cervantès, par petite touche. Outre les tubes latinos qui ont commencé à squatter les charts, avec La Macarena par exemple, des interprètes traditionnellement anglophones rendaient hommage à leurs origines, comme Cypress Hill avec le rap latin de Los Grandes Exitos en Espanol.

En 1998, Mariah Carey enregistrait un E.P. dédié, Mariah en español, avec ses tubes My All, Open Arms ou Hero interprété en espagnol. Son aura de chanteuse à voix avait à l’époque largement dépassé les États-Unis. Par ses origines cubaines, Mimi pouvait prétendre à toucher le public d’Amérique du Sud, des Caraïbes et du Mexique. À cette période, elle fut d’ailleurs en couple avec la plus grande star de la musique latine, Luis Miguel.

L’espagnol, une manière d’exprimer son identité dans la musique américaine

Fille d’un militaire américain d’origine équatorienne, Christina Aguilera a révélé l’influence de la musique latine dès son deuxième album officiel, intitulé Mi Reflejo. Outre des reprises hispanophones des hits de son premier opus Christina Aguilera, ce disque innovait par la présence de chansons originales jamais interprétées en anglais par l’artiste.

Jennifer Lopez, dont les parents sont portoricains, fait figure de modèle pour toute la communauté latino originaire de cette petite île des Caraïbes. Dès son premier album, On the 6, elle a intégré une chanson en espagnol, No Me Ames, en duo avec Marc Anthony et a sorti deux disques entiers en espagnol en 2007, Como Ama una Mujer puis dix ans plus tard, avec Por Primera vez. Dernièrement, outre sa collaboration avec l’artiste reggaeton Maluma, son aptitude à l’espagnol a été rappelée lors de l’intronisation de Joe Biden : elle a en effet adressé quelques mots d’espoir et de tolérance aux hispanophones américains dans leurs langues, un moment symbolique très fort de l’investiture.

Revelacion selena gomezCette année enfin, Selena Gomez a elle aussi décidé de faire parler ses origines mexicaines dans sa musique. Revelacion, son premier EP en espagnol, a été réalisé après que la star a repris des cours dans cette langue, afin de retrouver son vocabulaire et sa diction. Vœu pieux de l’artiste depuis dix ans, cette incursion dans la langue de Cervantès concrétise une vraie évolution esthétique : à travers cet opus, elle opère une jonction avec le reggaeton et les genres latinos qui marchent fort, après avoir régné en maîtresse sur l’electro-pop en anglais.

Depuis Despacito, les succès de Maluma, Daddy Yankee, J Balvin ou Bad Bunny et du reggaeton dans son ensemble outre-Atlantique, la chanson pop américaine voit sa déclinaison « en espagnol » gagner de plus en plus de terrain. Et le spanglish de devenir rapidement la norme là-bas, nourrissant la planète de hits chaloupés et pleins de Soleil !

Article rédigé par
Mathieu M.
Mathieu M.
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