Père de la musique électronique française, Jean-Michel Jarre, créateur de génie, revient avec un projet qui vous promet de vous immerger dans la forêt Amazonienne. En collaboration avec le photographe et cinéaste Sebastiao Salgado, Jarre a composé une symphonie forestière pleine de poésie. Retour sur un artiste unique.
Un entourage propice à l’amour de la musique pour le jeune Jarre
Difficile pour le jeune Jean-Michel Jarre d’échapper à l’attraction de la musique quand on a un père compositeur de musiques de films (Maurice Jarre) et surtout, un grand-père musicien, par ailleurs bricoleur, co-inventeur de la première table de mixage pour la radio et travaillant chez le fabriquant du petit électrophone portatif Teppaz. Difficile d’y échapper lorsqu’il fréquente avec sa mère une boîte de jazz où passent les Archie Shepp, Chet Baker ou Don Cherry. Difficile d’y échapper lorsque déjà très attiré par les sons, il rencontre Pierre Schaeffer et intègre le Groupe de recherches musicales, là où musiciens et chercheurs explorent et prennent toutes sortes de chemins pour expérimenter. C’est là qu’il découvre les premiers synthétiseurs, le VCS 3 et le Moog. Sa notoriété à la fin des années 60 est déjà grandissante et ne fera que le propulser dans la lumière.
Le père de la musique électronique française
Compositeur pour des ballets (Aor lors de l’inauguration du nouveau plafond de l’Opéra Garnier par Chagall), pour des génériques télé (Sport en fête), pour le cinéma (Les granges brûlées), acteur majeur des albums Les Paradis perdus, et les Mots bleus de Christophe, auteur pour Françoise Hardy, Gérard Lenorman ou Patrick Juvet, Jean-Michel a déjà une carrière bien remplie lorsqu’en 1976 il sort, Oxygène, véritable phénomène international, faisant de lui la personnalité de l’année pour le magazine américain People. Ses synthétiseurs analogiques font mouche. Equinoxe, Chants magnétiques, Zoolook, Rendez-vous, Révolutions, En attendant Cousteau, Chronology, Oxygène 7-13, Métamorphoses, Geometry of love, Téo & Téa, Electronica 1 et Electronica 2, Oxygène 3, Equinoxe infinity, chacun des albums de Jean-Michel est l’occasion pour l’artiste d’utiliser des nouvelles technologies, d’explorer des nouveaux sons. On peut sans aucun doute dire que Jean-Michel est le père de la musique électronique française. Célèbre dans la monde entier grâce aussi à ses concerts gigantesques mêlant musiques, jeux de lumières, lasers, effets pyrotechniques, Jean-Michel Jarre ne fait jamais rien à moitié. On se souvient de son concert pour le 14 juillet 1979, Place de la Concorde, ceux en Chine où il devient le premier occidental à y jouer depuis la mort de Mao, celui de Houston, de Lyon (à l’occasion de la venue du Pape Jean-Paul II), Londres, Paris (La Défense, Le Champ de Mars), Moscou et récemment, le concert virtuel dans la cathédrale Notre-Dame de Paris reconstituée puisqu’en pleins travaux.
Oxygene Part 4 (Oxygene)
Calypso (Waiting for Cousteau)
Amazônia, le nouveau projet musico-écologique
Amazônia, le nouveau projet de Jean Michel Jarre, poursuit cette exploration des sons et de la musique. Il est une véritable plongée sonore au coeur de l’Amazonie grâce au procédé audio binaural. On savait le musicien fervent écologiste puisque déjà la pochette de l’album d’Oxygène mettait en exergue une planète terre polluée symbolisée par ce crâne. Pas étonnant que l’ONU l’ait nommé porte-parole de l’UNESCO pour l’environnement et l’éducation.
Amazônia s’inscrit dans un projet plus vaste qu’un simple album. Amazônia est « une partition musicale de 52 minutes », pour le projet du photographe et cinéaste Sebastiao Salgado, une exposition immersive proposée à la Philarmonie de Paris (pour l’instant reportée). Pour accompagner cela, Jean-Michel Jarre n’a pas seulement capté des sons de la nature. Cette plongée musicale est « un mélange d’instruments électroniques et orchestraux avec d’autres sons réels », les premiers évoquant « le timbre des sons naturels ». On pourra y entendre des « sources ethniques (voix, chansons, instruments)« .
Sorte de fantasme de la forêt, une des forêts les plus emblématiques de notre planète, Amazônia prouve, à nouveau, combien l’imagination et la création de Jean-Michel Jarre sont sans bornes, sans limites. Il démontre que le progrès technologique dans ses mains, s’est mis au service de ce poumon vert et ce de manière poétique. Avec cette symphonie forestière, cette exposition place le visiteur dans une forme de nomadisme, une expérience intense comme peut l’être cette forêt lorsque l’on s’y émerge. Vous avez dit génie ?
