Pixar n’en finit plus de signer succès sur succès. Après le très réussi En avant, mais discret car sorti au pire moment possible (mars 2020), le studio d’animation nous offre une nouvelle pépite nommée Soul. Le DVD et le Blu-ray sortent enfin, alors, êtes-vous prêts pour le grand voyage, certifié sans spoilers ?
Soul : un voyage initiatique
Le film Soul nous plonge dans le quotidien d’un professeur de musique pour collégiens, Joe, rêvant de monter sur scène pour exprimer sa vraie passion, le jazz. Un jour, un gros coup de bol lui permet d’être engagé par une star locale, après l’avoir impressionnée en jouant du piano. Il touche enfin du doigt son rêve… Le problème, c’est que c’est aussi… le dernier jour de sa vie. Joe meurt ce jour-là, et se retrouve perdu après la vie, dans le grand « au-delà »… Sauf qu’il ne l’entend pas de cette façon. Il est prêt à tout pour retourner sur terre et retrouver son corps, afin de vivre enfin son rêve. Pour cela, il fait équipe avec 22, une âme en formation qui n’a pas du tout envie d’aller sur terre. Le film raconte la confrontation de leurs points de vue, et offre une odyssée métaphorique en aller-retour entre la vie et la mort… A couper le souffle.
Un film à voir avec les oreilles…
Impossible de parler de Soul sans évoquer l’ambiance sonore, qui joue un rôle central, tout d’abord au travers de la passion pour le Jazz de Joe, surtout dans le premier acte du film. Tout y semble réel, le ressenti des instruments est palpable, et la scène où Joe impressionne au piano est poignante. Il faut bien entendu souligner le travail réalisé par les compositeurs de la bande originale, avec tout d’abord Jon Batiste, lui-même prodige du Jazz, et dont le personnage de Joe semble en bonne partie inspiré. Mais aussi le fruit des prodiges Trent Reznor et Atticus Ross, tous deux issus du groupe Nine Inch Nails, et rompus à l’exercice de la création de Bande Originale : ils avaient obtenu le doublé Oscar et Golden Globe de la meilleure musique de film pour The Social Network, ont signé aussi celle de superbes films comme Gone Girl, 90’s… Déjà une filmographie très impressionnante pour ces deux compères, qui offrent à nouveau des accompagnements tout en finesse et en douceur, et mettent en relief les personnages et l’univers. Une réussite unanimement acclamée car la musique de Soul a été récompensée aux Golden Globes 2021, en tant que meilleure musique de film.
Enfin, dernière mention auditive pour le doublage, qui est très important dans l’animation, car c’est là que se joue en tout premier l’interprétation des personnages. En version française, c’est Omar Sy qui prête sa voix à Joe, et Camille Cottin à 22. Le choix de ces deux doubleurs est excellent et convaincant. Enfin, Ramzy Bedia vient compléter ce casting pour un rôle un peu plus secondaire, et c’est encore une fois un très bon choix. En VO, c’est aussi un casting de rêve, avec le talentueux Jamie Foxx, et l’hilarante Tina Fey qui prêtent leurs voix respectives.
Scotché par un chef-d’œuvre du 7e art. (Oui. Vraiment.)
Ce film est réellement un coup de cœur. Tout y est beau. Les scènes dans « notre monde » sont pleines de couleur, de détails. La ville de New York, son ambiance Jazzy, son hommage à la culture afro-américaine (à travers, tout d’abord l’univers du Jazz, ou aussi les barber shops…). Au terme d’une année marquée par le mouvement Black Lives Matter, et après avoir essuyé des critiques par certains accusant le studio de prendre trop de libertés avec la culture mexicaine pour la création de Coco, il faut dire que Pixar marchait sur des œufs. Le pari est réussi car l’hommage est magnifique tout en restant fidèle. On croit en son environnement, et à sa personnalité, comme on croit à sa mère ou ses amis. Cela rend le personnage de Joe encore plus attachant, et son combat poignant. Il faut aussi souligner l’incroyable direction artistique qui a été menée, là encore c’est un pari réussi. Représenter intelligemment l’avant-vie, la formation des âmes, la perdition de certaines… Tout est subtil, et réussi. Le design des personnages, créatif, novateur, est là aussi le fruit d’un travail poussé.
On a bien cherché, mais trouver une seule fausse note dans Soul n’est pas une mince affaire. Notre seul regret, est simplement dû au contexte dans lequel le film est sorti. C’est celui de ne pas pouvoir profiter de Soul dans les salles obscures (comment on dit déjà… ? Au cinéma ?) car certaines scènes, on le sent, sont faites pour être vues sur un écran de cinéma. De même pour le son, dont on aurait pu apprécier toutes les subtilités et les nuances dans les meilleures conditions possibles, en dégustant de bons pop-corn… Pour cela, rien ne vaut la qualité du blu-ray, on y va les yeux fermés… Mais les oreilles grandes ouvertes !