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Test Fujifilm X-T4 et 16 – 80 mm f/4 : le meilleur kit Hybride

12 mars 2021
Par Maxime Noël
Test Fujifilm X-T4 et 16 – 80 mm f/4 : le meilleur kit Hybride
©Maxime Noël

Fuijfilm est un acteur bien connu de la photographie. J’ai eu l’occasion de tester pendant plusieurs semaines, son boitier X-T4 assorti de son objectif de kit, un 16 – 80 mm à ouverture constante f/4. Des centaines de photos plus tard, voici mon verdict.

Un design moderne et vintage

Moderne et vintage, voici qui peut sembler difficile à allier. Pourtant, Fujifilm est familier avec l’exercice et présente une fois de plus, un boitier Hybride reprenant les codes esthétiques d’appareils photos Reflex d’un autre temps.

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Au premier abord, difficile de se rendre compte que ce Fujifilm X-T4, reçu dans son coloris noir, est bel et bien un boitier numérique. Son châssis compact arbore un joli revêtement texturé, renforçant l’aspect rétro de l’ensemble, et améliorant la préhension de l’appareil. Sur le dessus de l’appareil, on y trouve 3 barillets de réglages, le premier concernant la sensibilité ISO, le second permettant de régler la vitesse d’obturation et le dernier servant à la correction d’exposition.

L’essentiel des réglages de l’appareil peut ainsi s’effectuer à travers ces commandes physiques. Nul besoin de se plonger dans les menus pour influer sur les réglages. Une fois l’habitude prise, il devient très aisé et rapide de basculer d’un mode à un autre, du mode normal au mode rafale par exemple.

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Les diverses molettes et barillets sont pour leur part bien crantés et permettent un réglage précis. Les commandes dédiées à la sensibilité ISO et à la vitesse sont en plus assorties d’un bouton permettant de verrouiller leur position, idéal pour ne pas modifier le réglage par inadvertance.

L’objectif fourni en kit, le 16 – 80 mm f/4, s’intègre parfaitement à ce boitier vintage. Son style est en adéquation avec la signature esthétique Fujifilm.

Fujifilm va même encore plus loin qu’un joli design puisque l’ensemble, boitier comme objectif, est tropicalisé, idéal pour résister aux intempéries ou au climat humide des pays tropicaux. Les photographes en quête d’aventure seront ravis de trouver une tropicalisation sur un boitier à ce prix.

Fujifilm a réalisé un excellent travail en ce qui concerne l’aspect général de son boitier APS-C. Son style finalement intemporel ravira les photographes nostalgiques des Reflex argentiques tandis que ses prestations complètes l’inscrivent dans une gamme de boitiers Hybrides premium.

Ergonomie et navigation

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Pour un photographe venant du monde du Reflex comme moi, le gabarit d’un Hybride peut se montrer déroutant. Le boitier est plus petit, et on a plus de mal à caler sa main sur l’appareil. Par rapport au X-T3 qu’il remplace, le X-T4 adopte une poignée plus creusée. Le gain en confort est notable et la préhension s’en retrouve améliorée. Cela facilite la prise en main de l’appareil, d’autant plus que l’objectif du kit est assez lourd. Fujifilm marque un bon point là-dessus. La prise en main se montre plus agréable que sur un autre boitier de même gamme, le Sony Alpha 7C testé précédemment.

Au niveau des réglages, Fujifilm a également effectué un bon travail. Les diverses molettes et boutons sont faciles à utiliser, bien crantées et agréables à manipuler. Le bouton du déclencheur se situe sur l’épaule droite, mais, n’est pas suffisamment avancé à mon goût. Son positionnement, un peu en retrait, se conforme à ce qu’on trouvait sur des Reflex argentiques. Si ce positionnement est efficace pour le design et l’aspect général vintage, il est moins pratique et oblige à une légère contorsion de l’index pour être accessible.

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Doté d’un joystick, ce dernier permet de sélectionner le collimateur à utiliser pour l’autofocus ou encore à naviguer dans les menus. Efficace, il est bien positionné et permet une sélection efficace du collimateur. Fujifilm a encore eu une bonne idée en ajoutant ce simple joystick, facilitant grandement l’efficacité lors des prises de vue les plus nerveuses, d’autant plus que ce petit appendice ne se trouve pas sur tous les boitiers, surtout à ce niveau de prix.

Si vous préférez la visée par l’écran, alors l’écran tactile vous sera grandement utile pour sélectionner le sujet. Ce dernier en revanche n’est pas d’une grande aide dans la navigation dans les menus. Il est même inutile pour effectuer ses réglages. Heureusement, les menus sont assez clairs et simples et la navigation à travers les diverses sous-parties s’effectue facilement au moyen du joystick, ou des 4 boutons directionnels.

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De son côté, l’objectif se montre également bien réalisé. La première bague de réglage est celle du diaphragme. Bien crantée et agréable, elle permet de régler avec précision l’ouverture de l’objectif. Voici encore une fonctionnalité empruntée aux Reflex d’antan, qui ne manquera pas de séduire les amateurs du genre. La seconde bague est celle de la focale.  Elle permet ainsi de régler la longueur focale de l’objectif. Une nouvelle fois, elle se montre très agréable à l’utilisation, très douce et ne nécessitant pas d’effort particulier pour l’actionner.

Enfin, la bague de mise au point est celle se situant le plus à l’extrémité du caillou. A noté qu’elle est inutilisable lorsque le pare-soleil, fourni, est rangé. Il faudra donc le déployer pour pouvoir effectuer manuellement la mise au point. Rien de rédhibitoire puisque le pare-soleil constitue toujours une protection efficace contre le flare ainsi que les heurts accidentels pouvant toucher l’objectif. Il reste néanmoins recommandé de protéger la lentille frontale par un filtre UV de 72 mm de diamètre.

Performance et qualité

Une fois la prise en main effectuée, il s’agit de faire des photos. A ce petit jeu, l’X-T4 se prêt volontiers à l’exercice.

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Avec son écran monté sur rotule, les amateurs d’autoportraits ou de mise au point d’un simple toucher de l’écran tactile seront comblés. Je suis pour ma part un adepte du viseur. Je suis chanceux, le viseur du X-T4 est plutôt bien défini avec 3,69 millions de points. Il est d’ailleurs assez grand et les informations affichées ne viennent pas entacher le cadrage.

Très efficace, le viseur électronique de cet Hybride est bon. Certes, il existe sur le marché des appareils dotés de viseurs plus grands ou mieux définis, mais le tarif va de pair. Une très bonne surprise sur un appareil de ce type. Ajoutons également que l’œilleton en caoutchouc accolé au viseur est très large et confortable et permet de bien coller son œil.

Son gabarit compact et son design sobre le placent d’entrée de jeu dans la catégorie « photo reportage ». Discret, il s’emmène facilement avec soi pour des sorties de street-photography ou en balade. Son poids contenu est mesuré à 1 128 grammes en ordre de marche (boitier + batterie + sangle + 1 carte SD sur les deux emplacements + objectif). Il existe des boitiers Hybrides plus légers, mais Fujifilm avance tout de même une qualité de fabrication irréprochable et toujours sa tropicalisation. En clair, il est très agréable de se promener avec le Fujifilm X-T4 autour du cou. D’autant plus qu’il sera possible de mettre 2 cartes SD, pour séparer les JPEG et les RAW ou simplement dupliquer les images.

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L’appareil est également véloce. Le démarrage, l’autofocus ou la navigation dans les menus est fluide et rapide. Pas de temps mort. Les clichés s’enchainent rapidement et il suivra volontiers la cadence de son photographe. Seule la sortie de veille se montre un peu lente, et demandera au photographe de patienter quelques secondes que l’appareil se réveille.

Un autofocus rapide et précis

Par rapport à son petit frère l’X-T3, ce nouveau boitier avance des performances à la mise au point encore améliorées. Dans la pratique, l’autofocus se montre rapide et précis. Le suivi du sujet est vraiment efficace et, s’il arrive que le boitier perde le sujet, l’accroche se refait rapidement.

Dans la pratique, l’autofocus parvient à suivre un chien blanc lorsqu’il se défoule avec d’autres camarades canins. Ce boitier au look vintage se montre plus sportif que ce que sa plastique laisse paraitre. Les amateurs de photos de sport ou de photographie animalière pourront sans soucis utiliser ce boitier Fujifilm pour leur pratique favorite.

En revanche, ce X-T4 n’apporte pas la détection des animaux comme peuvent le faire les Hybrides Sony ou les récents Canon EOS R6 et R5. Une mise à jour logicielle future pourra peut-être apporter une solution… Rien de rédhibitoire toutefois puisque l’autofocus demeure très performant et la détection des animaux ne devient intéressante que pour certaines pratiques particulières.

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Aux côtés du X-H1 et du X-S10, ce X-T4 est le seul boitier Fuij disposant d’un capteur stabilisé IBIS sur 5 axes. Le gain est vraiment appréciable notamment pour les photos au téléobjectif ou en basse lumière. Cela m’a permis en basse lumière, de produire des clichés au 1/20ème à 50 mm exempt de flou de bougé. Une fois de plus, Fujifilm prouve que les Hybrides Sony ne sont pas en sécurité.

Du côté des portraits, Fujifilm annonce la détection des visages et la mise au point sur l’œil. Cette dernière est dans les normes, détectant efficacement les visages de nos sujets. L’appareil a en revanche un peu plus de mal lorsque le sujet est en mouvement. Il sera donc plus sage de réserver ce mode à des séances de portrait posé plutôt qu’à de la photo d’action. A noter également que le masque, en vigueur durant ces périodes troubles, rend la tâche plus ardue et l’X-T4 éprouve quelques difficultés à détecter un visage une fois affublé de notre précieux masque chirurgical.

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L’accroche est également efficace en basse lumière, ce qui rend le boitier performant lors des promenades nocturnes. Comme dit plus haut, la sélection du collimateur approprié se fait facilement au moyen du joystick.

Fujifilm nous prouve que son expertise en matière d’autofocus n’a rien à envier à ses concurrents. S’il y a certains axes d’amélioration, il n’y a en revanche aucun réel défaut ce qui permettra à tous les photographes de trouver leur compte avec ce boitier.

Rafale surprenante

De la même manière, la plastique de ce X-T4 laisse en rien présager ses aptitudes sportives. Pourtant, Fujifilm annonce une rafale capable de monter à 15 images par secondes en utilisant l’obturateur mécanique et jusqu’à 20 images par seconde avec l’obturateur électronique. Le buffer de l’appareil étant capable d’encaisser jusqu’à environ 35 images avant de devoir ralentir.

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Réglé par défaut sur 10 ips, il faut passer par le menu pour que le mode CH (Rafale élevée) débloque les 15 images sans oublier de régler sur l’obturation mécanique. Nous connaissons la tendance de certains constructeurs à vouloir grossir les chiffres mais ce n’est pas le cas de Fujifilm. Notre X-T4 de test s’est même permis de dépasser de peu les 15 images par seconde ! Promesse tenue donc ! De même pour le buffer qui encaisse volontiers 34 images en RAW.

Du côté de l’obturation électronique, la promesse est de 20 images par seconde ! Encore une fois, le pari est tenu, et encore une fois légèrement dépassé ! Fujifilm a réalisé un excellent travail pour permettre à son boitier de telles performances.

Ce X-T4 nous cache donc bien des aptitudes sportives, avec son autofocus performant et sa rafale fulgurante ! D’autres appareils font mieux comme le nouveau Sony Alpha 1 mais ce n’est plus la même catégorie ! On pourra juste regretter le buffer un peu étriqué qui ne permet d’enregistrer que 34 clichés, ce qui représente une rafale de 2 secondes environ. Et encore, puisque les photographes ayant réellement besoin d’une rafale plus longue ne sont pas légions…

Qualité des images

Fujifilm ne propose à ce jour aucun appareil photo plein format 24 x 36 mm. Le constructeur nippon a bien dans son catalogue plusieurs moyen-formats comme le tout récent GFX 100S, mais c’est une autre histoire…

Pour l’heure, nous devons nous contenter du capteur maison de 26 mégapixels. Pour rappel, il s’agit d’un capteur APS-C, conçu par Fujifilm et exploitant sa technologie X-Trans. Cette technologie n’utilise pas la traditionnelle mosaïque de Bayer pour le filtrage des couleurs, mais un modèle propriétaire, baptisé X-Trans. Cela permet de réduire les artéfacts et les effets de moiré, permettant ainsi de s’affranchir de filtre passe-bas. Ce montage exclusif à Fujifilm permet à la marque de proposer un niveau de détails rivalisant avec le plein-format, malgré l’utilisation d’un capteur CMOS APS-C.

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Avec les 26 mégapixels du capteur, les clichés délivrés offrent une belle précision et une amplitude de recadrage suffisamment grande pour ne pas grever la qualité. L’objectif 16 – 80 mm offre une grande amplitude et le niveau de piqué est très satisfaisant à toutes les focales compte tenu de son prix. Si vous souhaitez obtenir un piqué plus marqué ou une ouverture maximale plus grande, il peut être judicieux d’acquérir une focale fixe comme le XR 80 mm f/2,8 offrant une qualité optimale.

Les distorsions optiques sont assez contenues, même au 16 mm, un simple passage par un logiciel de post-traitement permet de corriger les légères déformations. Rien d’alarmant pour un objectif de ce prix. De la même manière, les aberrations chromatiques sont très contenues même à pleine ouverture. Il n’y a donc pas à s’inquiéter des disgracieuses franges violettes ou vertes apparaissant parfois sur les détails de scènes à fort contraste. Que ce soit au niveau du boitier ou de l’objectif, la qualité est bel et bien au rendez-vous. Fujifilm a effectué un excellent travail là-dessus et propose un kit complet et efficace.

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Au niveau des clichés en basse lumière, on sait que les appareils APS-C ont plus de mal que les appareils plein format à gérer la montée du bruit numérique. Si c’est effectivement le cas avec ce Fujifilm X-T4, on sent toutefois que les ingénieurs nippons ont intelligemment travaillé sur ce point. Le bruit numérique est absent jusqu’à 1600 ISO. A partir de 3200 ISO, il devient un peu plus perceptible jusqu’à devenir vraiment visible à 6400 ISO. A ce stade, un rapide passage par un logiciel de post-traitement permettra de corriger cela sans impacter trop lourdement les détails. A partir de 12 800 ISO, cela devient plus difficile, les détails s’effacent plus notablement et le capteur perd en dynamique.

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Encore une fois, rien de véritablement alarmant, d’autant plus que de telles sensibilités ne sont pas utilisées tout le temps… Un autre point intéressant concerne l’apparence même de ce bruit numérique. S’il demeure visible avec la montée en ISO, je le trouve personnellement esthétique. Il rappelle le bruit qu’on pouvait trouver sur nos pellicules argentiques et peut servir les intentions artistiques du photographe. Question de gout.

Pour les amateurs de photographie argentique, Fujifilm intègre à son boitier des traitements logiciels imitant le rendu des-dit films. Les posibilités de réglages sont grandes, avec la gestion de la couleur, de l’aspect, du détail… A vous de naviguer dans les menus pour sélectionner ce qui correspond le plus à vos gouts.

Mon ressenti

Dans l’ensemble, Fujifilm nous présente un kit Hybride très complet. L’appareil est vraiment performant. Sa qualité de fabrication de haut niveau, sa tropicalisation et son design inimitable le rendent vraiment attractif. J’ai personnellement été convaincu par cet Hybride APS-C, que ce soit sur le volet des performances ou de la qualité d’image, alors que je suis pourtant un photographe ne jurant que par le Reflex plein format.

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L’objectif fourni en kit est vraiment très bon. Sa plage utile est très large, et surtout, il présente une ouverture constante, ce qui est très rare, voir inédit pour un kit appareil + objectif encore une fois surtout à ce tarif. La tropicalisation de l’objectif va de pair avec celle de l’appareil et font de ce combo un outil idéal pour les photographes étant amenés à emmener leur appareil dans des conditions difficiles, le tout pour un tarif vraiment bien placé de 2 199 €.

Il existe un second kit incluant le boitier X-T4 ainsi qu’un objectif 18 – 55 mm ouvrant de f/2,8 à f/4. Moins polyvalent, il tirera son épingle du jeu avec sa plus grande ouverture au 18 mm. Ce kit coute ainsi 2 149 €. Pour « seulement » 50 € de différence, il serait dommage de passer à côté de ce kit polyvalent et qualitatif. Et si vous avez besoin de photographier en basse lumière, Fujifilm propose toujours un Fujinon XF 16 mm f/2,8.

Article rédigé par
Maxime Noël
Maxime Noël
Conseiller fnac.com high tech, photo et jeux vidéo.