Décryptage

La clé du succès de nos autrices les plus prolifiques

03 mars 2021
Par Melanie C.
La clé du succès de nos autrices les plus prolifiques

Elles écrivent sans arrêt, publient beaucoup, vendent énormément, mais leurs noms ne sont pas encore sur toutes les lèvres. Mais qu’est-ce qui explique que ces autrices majeures de la littérature française et aux carrières discrètes, soient autant plébiscitées ?

Une notoriété qui se construit avec le temps

Jours-de-colere Amélie Nothomb, Christine Angot, Virginie Despentes, Leïla Slimani… voici quelques-unes de nos romancières les plus médiatisées et dont la renommée a dépassé les seules frontières françaises depuis bien des années. Elles publient avec une régularité de métronome, reçoivent éloges et prix et les files d’attente ne cessent de s’allonger lorsqu’elles font des séances de dédicaces. Mais elles ne sont pas les seules, loin de là, à fidéliser un public, même si pour certaines de leurs consœurs, cela a pris un peu plus de temps. Mais leurs carrières d’autrices sont désormais suffisamment étoffées pour générer des ventes colossales, tout en restant éloignées des projecteurs.

Marie-Bernadette Dupuy, qui écrit depuis 1985, a ainsi intégré la 9e place des plus gros vendeur·euse·s de livres français l’année dernière, avec plus de 600 000 exemplaires vendus de ses différentes sagas. Sylvie Germain de son côté, a dû attendre l’année 1994 pour vivre uniquement de sa plume et abandonner sa carrière de professeure de français, tout en ayant reçu le prix Femina en 1989 pour Jours de colère. Il en est de même pour Françoise Bourdon, ex-professeure d’économie et de droit et qui a pourtant décidé de tout miser sur l’écriture, jusqu’à publier plusieurs romans par an depuis 2001.

Des autrices passionnées d’Histoire

S’il fallait trouver un point commun à toutes ces romancières de l’ombre dont les œuvres sont toutefois dans la lumière, c’est une passion sans limite pour l’Histoire. Françoise Chandernagor s’est faite connaître en 1981 avec L’Allée du Roi, consacré aux amours de Louis XIV et de Madame de Maintenon et a décidé de poursuivre sur cette lancée. L’Histoire est ainsi en toile de fond de nombre de ses romans, avec régulièrement une figure féminine et féministe qui mène le récit, comme dans Les Dames de Rome ou La Sans Pareille. C’est sa passion sans bornes pour Sissi qui a conduit Marie-Bernadette Dupuy à écrire. Son premier roman Femmes impériales lui rend hommage et son dernier, Amélia, un cœur en exil, fait revivre l’impératrice. Ses sagas familiales et amoureuses se situent toujours dans un contexte historique connu de tous, comme la Première Guerre mondiale pour Le Chemin des falaises ou l’Occupation pour Les Fiancés du Rhin. Résultat, elle a vendu plus de 2,5 millions d’exemplaires de tous ses romans.

L-allee-du-Roi Françoise Chandernagor Les-dames-de-Rome Françoise ChandernagorLe-chemin-des-falaises

Françoise Bourdon inscrit ses récits non seulement dans une période historique, mais aussi dans une région de France bien précise. Le Maître ardoisier se passe dans les Ardennes, Les Chemins de garance dans le Vaucluse, Les Dames de Meuse en Lorraine… De quoi nouer des liens très forts avec des lecteur·ice·s attaché·e·s aux valeurs d’antan. Brigitte Giraud en fait de même, mais dans des pays différents, faisant ainsi voyager ses aficionados de l’Algérie d’Un loup pour l’homme au Portugal de Nous serons des héros, en passant par l’Allemagne d’Une année étrangère.  

 Le-maitre-ardoisier Françoise BourdonUn-loup-pour-l-homme Brigitte GiraudUne-annee-etrangere Brigitte Giraud


S’inspirer du réel et du vécu

Certaines ont décidé également d’écrire des histoires tirées de faits réels pour les porter au plus grand nombre. Karine Tuil traite souvent de crise identitaire juive, que ce soit dans Interdit, L’Invention de nos vies ou L’Insouciance, tout en fustigeant l’autofiction dans Tout sur mon frère. Elle s’intéresse également aux faits divers comme dans Les Choses humaines qui traite d’une affaire de viol et de ses conséquences.

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Kinderzimmer-babelValentine Goby, de son côté, a lancé la collection illustrée Français d’ailleurs, dans laquelle elle narre des récits à la fois personnels et historiques de personnes déracinées, passant d’un pays à l’autre comme dans Antonio ou la Résistance, de l’Espagne à la région Toulousaine qui reçut le Prix du roman historique jeunesse en 2013. Et quand elle aborde l’Histoire, c’est sous le prisme de la réalité, tel Kinderzimmer, retraçant les conditions de vie des déportées enceintes dans le camp de concentration de Ravensbrück.

De la régularité dans l’écriture et les thématiques

Le-sourire-de-l-ange Emilie FrècheCertaines de ces romancières ont décidé d’approfondir des thématiques récurrentes livre après livre, telle Émilie Frèche qui traite régulièrement de la question de l’identité et de la judéité comme dans Le Sourire de l’ange, ainsi que la complexité des couples sépharade-ashkénaze. Karine Tuil de son côté, s’est faite une spécialiste des romans à caractères sociaux. De quoi fidéliser leurs lecteurs.

La plupart de ces autrices – et bien d’autres – ont pour habitude d’écrire constamment. Pas une année, ou presque, sans qu’elles ne publient un nouveau roman, élargissant ainsi leur lectorat sensiblement. Depuis Le Livre des nuits, Sylvie Germain répond présente à chaque rentrée littéraire et a glané de nombreux prix prestigieux, dont le prix Goncourt des lycéens en 2005 pour Magnus. Valentine Goby a publié une quarantaine d’ouvrages au sein de plusieurs maisons d’édition en moins de 18 ans. Mais la grande gagnante à ce petit jeu, demeure Marie-Bernadette Dupuy. Elle va bientôt aborder son 80e roman de 1985 à nos jours. Qui dit mieux ? 

 Magnus Sylvie GermainLe-Livre-des-Nuits Sylvie Germain

Article rédigé par
Melanie C.
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