On lui devait l’arrivée du ragga en France : Tonton David, inoubliable interprète de Sûr et certain, Peuples du monde et bien sûr Chacun sa route, nous a quitté cette semaine, à l’âge de 53 ans. L’artiste aura marqué les années 1990 en propageant son message de tolérance et sa personnalité positive.
Tonton David, une jeunesse ragga
Réunionnais de naissance, fils du musicien Ray Grammont, David Grammont a vécu sa jeunesse en Afrique et en région parisienne. Adolescent, il a la bougeotte, vit de petits boulots à droite à gauche avant de voyager en Angleterre. À 20 ans, en 1987, c’est là qu’il découvre la culture jamaïcaine, qui a beaucoup d’écho au Royaume-Uni. À l’époque, le reggae roots a cédé la place, dans le cœur des rastas, au dancehall et à son dérivé, le raggamuffin.
Le jeune homme a trouvé sa voie : il adopte le pseudonyme de Tonton David, et participe aux premiers Sound System français, dont le High Fight, où l’on retrouve également Nuttea ou Mc Janik). Sa scansion du ragga, appelé « toast » dans le jargon, et son grain de voix, font merveille : son premier single Peuples du monde paraît sur la compilation Rapattitude, en 1990 dans laquelle le public aussi découvre Assassin et NTM. Sa carrière est lancée.
Un artiste installé
Avec son premier album, Le Blues des racailles, Tonton David se fait une place dans le milieu hip-hop français, dans lequel il est le visage du ragga engagé. Il se rend à la Réunion, dont il devient l’un des héros « locaux », puis en Jamaïque, en 1991-1992, et enregistre un deuxième disque en 1993. Plus apaisé, Allez leur dire, porté par Sûr et certain et Ma number one, cartonne dans l’Hexagone et se vend à 350.000 exemplaires.
Un succès dûment confirmé par sa participation à la B.O. d’Un indien dans la ville, dont il chante le titre Chacun sa route, accompagné de Manu Katché et Geoffrey Oryema au sein du groupe K.O.D.. En 1995, son troisième album, Récidiviste, au son très roots, montrait une intégrité restée intacte malgré une immense popularité.
Narrant ses racines aussi bien que les injustices, transmettant un message toujours positif, le chanteur s’était fait plus discret avec ses disques suivants, dont Il marche seul ou Ma gouille dans les années 2000. Régulièrement en tournée en France, il s’était installé dans la région de Saint-Avold en Moselle et participait largement aux travaux du tissu associatif local. Il préparait en 2021 un nouvel album, le premier en douze ans, avant sa disparition brutale, qui laisse orpheline les fans de ragga à la française.
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