Les Pokémon ont 25 ans. Aïe. Cet âpre constat dressé, profitons de l’événement pour revenir sur une légende de la création des Pocket Monsters : Satoshi Tajiri a eu cette idée de génie grâce à l’invention du câble Link, qui permettait de relier deux GameBoy.
Avec plus de 365 millions de jeux vendus, ce qui en fait la deuxième licence la plus prolifique de l’histoire derrière Mario, des cartes à collectionner, des séries animées, des films et toutes sortes de produits dérivés, les Pokémon se sont imposés comme un phénomène culturel mondial incontournable. Depuis leur apparition en février 1996, les Pokémon n’ont épargné aucune génération et chaque nouveau jeu est l’occasion d’en conquérir une nouvelle. Un succès immense, pour un concept né dans l’esprit d’un seul homme, Satoshi Tajiri.
Enfant dans les années 70, Satoshi Tajiri passe le plus clair de son temps à capturer et à collectionner des insectes, à tel point qu’il hérite du surnom de Dr Bug. Le genre de passion touchante qu’on ne peut raisonnablement pas continuer d’alimenter quand sonne l’heure de l’adolescence. Comme tous les autres japonais de son âge donc, il découvre les bornes d’arcade, qui envahissent petit à petit les salles de quilles qui rassemblaient autrefois les jeunes.
Rapidement, les jeux vidéo deviennent sa nouvelle passion. Satoshi Tajiri n’hésite pas à à démonter sa NES pour comprendre son fonctionnement, et remporte même un concours de création de jeux vidéo organisé par SEGA. Au début des années 90, il crée avec plusieurs de ses amis un magazine pour raconter sa passion : Game Freak.
L’épiphanie du câble Link
Quelques mois plus tôt, le monde du jeu vidéo a été bouleversé par l’arrivée de la Game Boy. Grâce à la console de Nintendo, il devient possible de jouer partout, tout le temps. Et c’est un titre en particulier qui va propulser la console portable japonaise : Tétris.
S’il n’est certainement pas nécessaire d’expliquer, même à nos plus jeunes lecteurs, le principe du jeu Tétris, il est probablement utile de rappeler l’existence du câble Link, qui permettait de relier deux Game Boy entre elles, afin de s’affronter sur différents jeux, et notamment sur Tétris, dans un monde ou l’internet n’était pas au bout des doigts de tous les joueurs.
Place à la légende, telle que Satoshi Tajiri la raconte. Alors qu’il se détend dans un parc, il aperçoit deux jeunes japonais jouant sur leur Game Boy, reliées par le fameux câble Link. Absorbés par le jeu, les deux gamins ne se rendent pas compte qu’un insecte se balade sur le câble, passant d’une console à une autre. Une image choc qui marquera à jamais l’esprit de Satoshi Tajiri, qui n’a pas oublié la passion de son enfance. Il imagine alors un jeu qui consisterait à attraper et à collectionner des créatures, que les joueurs pourraient s’échanger d’une machine à l’autre grâce au câble Link.
Il présente alors son concept un peu partout au Japon, et personne ne semble y croire. Même chez Nintendo, son idée est dans un premier temps balayée d’un revers de main. Heureusement, elle finit tout de même par arriver aux oreilles de Shigeru Miyamoto, le génial créateur de Mario. Il est le seul à voir le potentiel du concept de Tajiri, et il a suffisamment de poids dans l’entreprise pour lancer le développement du jeu. Parce qu’il est probablement autant un génie commercial que créatif, Miyamoto propose de créer, dès le premier jeu, deux versions très légèrement différentes l’une de l’autre, pour pousser les joueurs à s’échanger les créatures, comme l’avait imaginé Satoshi Tajiri. Ou pour encourager les joueurs à acheter deux fois le même jeu, diront certains esprits mal placés.
Le 27 février 1996, il y a tout juste 25 ans donc, Pocket Monsters sort en deux versions, Vert et Rouge, au Japon. Sans véritable opération de communication, ni promotion, les ventes démarrent doucement. Mais petit à petit, le bouche à oreille fait son travail, et tous les enfants japonais finissent par adopter ce qui deviendra Pokémon. Il faudra attendre le 8 octobre 1999 pour que les versions Rouge et Bleue débarquent en France, avec le succès qu’on connaît !