Entre une bâtisse fascinante et une marâtre détestable, Ann Patchett signe une nouvelle histoire basée sur l’enfance et ses souvenirs dans La Maison des Hollandais. Un roman bouleversant qui confirme le talent d’écriture de l’autrice pour dépeindre avec acuité, l’âme humaine dans ses moindres recoins.
Ann Pratchett, une romancière beaucoup trop rare
Avec la publication de seulement sept romans en presque 30 ans, Ann Patchett distille ses histoires au compte-goutte. Le public américain l’a découverte en 1992 avec The Patron Saint of Liars et deux ans plus tard avec Taft, qui lui permet d’obtenir le prix Janet Heidinger Kafka. Mais pour le public français, il faudra patienter jusqu’en 2001 et Bel Canto pour découvrir son style précis, poétique, parfois sarcastique, mais toujours chaleureux. Derrière les drames humains qu’elle dépeint, se cache toujours une empathie pour ses personnages qui donnent l’impression au lecteur de les accompagner et de leur tenir la main. Bel Canto a d’ailleurs obtenu en 2002 le prix Orange et le prix PEN/Faulkner, mettant en exergue le talent de conteuse des temps modernes de cette autrice traçant son sillon dans la littérature avec parcimonie. Ann Patchett est aussi habile pour dépeindre la vie d’une chercheuse d’une industrie pharmaceutique qui s’exile en Amazonie (Anatomie de la stupeur), le racisme vécu par la communauté afro-américaine (Dans la course) que les sagas familiales sur cinq décennies successives (Orange amère). Et la magie opère toujours : que l’on soit dans des récits intimes ou plus grandiloquents, l’humain est toujours disséqué avec une plume bienveillante.
Un drame familial puissant
C’est aussi le cas de son nouveau roman, La Maison des Hollandais, qui relate une histoire de famille décomposée. Alors que les jeunes Maeve et Danny se sont installés avec leurs parents dans une demeure imposante construite par un couple de Hollandais, leur mère disparaît du jour au lendemain. C’est le début de la fin pour les deux frère et sœur, quand leur richissime de père se remarie avec une jeune et odieuse veuve qui n’a d’yeux que pour la maison… Ann Patchett traite à sa manière de la fin de l’innocence de l’enfance en détournant les thématiques de la marâtre et de la maison devenant un personnage à elle seule. Scrutatrice de l’âme humaine, elle montre ici comment on peut se reconstruire après toute une série de drames successifs et apprendre à dire pardon à celles et ceux qui nous ont fait du mal. Un roman intime à la portée universelle.
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Parution le 6 janvier 2021 – 320 pages
La Maison des Hollandais, Ann Patchett (Actes Sud) sur Fnac.com
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