Dans sa dernière réalisation, Adieu les cons, Albert Dupontel revient à ses basiques avec une comédie nerveuse et énervée, qui cultive tout de même quelques moments d’émotion. Retour sur un comédien-réalisateur atypique, dont chaque film est un événement.
Du one-man show aux plateaux de cinéma
Après des études de médecine, Albert Dupontel remise sa blouse blanche au placard pour faire de la figuration au cinéma (notamment chez Jacques Rivette), ainsi que des sketchs. D’abord à la télévision en 1990, sur Canal+ dans Sales histoires, des pastilles d’humour noir, puis sur scène. Il se produit sur des scènes de plus en plus grandes (du théâtre Tristan-Bernard à l’Olympia) avec son Sale Spectacle. Il enchaîne les rôles au cinéma, chez Jean-Michel Ribes (Chacun pour toi), Laurent Boutonnat (Giorgino, avec Mylène Farmer, puis Jacquou le Croquant) ou Jacques Audiard (Un héros très discret). Mais avec La Maladie de Sachs de Michel Deville, il interprète un médecin, réminiscences de son passé, et gagne ses galons de comédien. S’il joue souvent les inadaptés sociaux, les psychopathes ou les enragés dans ses films en tant que réalisateur, sa palette s’étoffe en tant que comédien.
On le retrouve dans des oeuvres ambitieuses, tantôt en premier ou en second rôle, que ce soit pour Gaspar Noé (Irréversible), Nicolas Boukhrief (Le Convoyeur), Jean-Pierre Jeunet (Un long dimanche de fiançailles), Danièle Thompson (Fauteuils d’orchestre), Cédric Klapisch (Paris) ou Bertrand Blier (Le Bruit des glaçons). Un acteur aux nuances de plus en plus variées qui en font l’un des comédiens les plus demandés de sa génération, même s’il n’hésite pas à se faire rare et discret, afin de privilégier la réalisation.
Un réalisateur entre rage et espoir
En 1992, il tourne son premier court métrage, Désiré, qui lui donne envie de poursuivre et de voir les choses en grand. De plus en plus grand, d’ailleurs. Ses films en tant que réalisateur s’offrent des budgets conséquents et des castings trois étoiles, au fur et à mesure qu’ils rencontrent le succès. Bernie sera le premier jalon d’une série de films souvent énervés, dans lesquels Dupontel n’hésite pas à s’attribuer le premier rôle et à donner la réplique à un pendant féminin tout aussi déjanté.
Claude Perron essuiera les plâtres de ses premiers longs métrages à succès, dans Bernie donc, mais aussi dans Le Créateur (avec la participation exceptionnelle de Terry Jones, Dupontel étant fan des Monty Python) et Enfermés dehors. Elle laisse la place ensuite à Catherine Frot dans Le Vilain, interprétant la mère acariâtre de Dupontel, à Sandrine Kiberlain en avocate enceinte dépassée par les événements dans 9 mois ferme et à Virginie Efira dans Adieu les cons, au cinéma le 21 octobre prochain.
Mais Albert Dupontel a surtout gagné ses galons de réalisateur émérite avec la reconnaissance publique et critique de la superproduction Au revoir là-haut, d’après le livre du même nom de Pierre Lemaître. Un budget de près de 20 millions d’euros, un casting dantesque (Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Mélanie Thierry), deux millions d’entrées et six Césars, dont ceux du Meilleur réalisateur et de la Meilleure adaptation. De quoi assagir Albert Dupontel ? Rien n’est moins sûr, car en 2021 est arrivé Adieu les cons, dont il partage l’affiche avec Virginie Efira. Cette comédie dramatique, basée sur la recherche du fils perdu de Virginie Efira, aidée par un Dupontel recherché par la police, à cause d’une tentative de suicide ratée, est une magnifique épopée moderne, touchante avec une vraie touche de fantisie qui lui est propre. Le titre a glané 7 Césars (dont meilleur film et meilleure réalisation), et est un carton au box-office.
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