Entretien

Trois questions à… Jean Teulé, auteur de « Crénom, Baudelaire » !

05 octobre 2021
Par Lucas
Trois questions à… Jean Teulé, auteur de « Crénom, Baudelaire » !

Jean Teulé a longtemps refusé d’écrire sur Baudelaire, alors qu’il a consacré des livres à Verlaine, Villon ou Rimbaud. Mais il a changé d’avis, et a trouvé dans la biographie du célèbre poète une matière si romanesque que son dernier livre, Crénom, Baudelaire ! raconte, par le menu, toute l’existence de l’auteur des Fleurs du Mal. Rencontre

À quel âge avez-vous découvert Baudelaire, et comment ?

Jean Teulé : « Adolescent, grâce à Léo Ferré. C’est ce chanteur qui m’a fait découvrir les poèmes de Rimbaud, de Verlaine et de Baudelaire. Mais je n’aimais pas sa gueule à Baudelaire. Je me rappelle avoir acheté les 33 tours de Léo Ferré chante Rimbaud et Verlaine, et aussi celui sur Baudelaire, mais j’avais jeté la pochette parce qu’il avait une tête désagréable.

J’avais vraiment un blocage sur ce type-là, jusqu’à son visage. Je suis content d’ailleurs d’avoir trouvé une photo de lui très dandy pour le livre. Comme tous les adolescents j’étais en revanche fasciné par Les Fleurs du Mal. À cette époque, quand je voulais écrire, cela ressemblait à des poèmes rageurs contre le monde, je souhaitais faire comme lui. Même si ça n’avait rien à voir bien sûr [sourire]. »

Baudelaire, Verlaine, Rimbaud… Vous leur avez consacré à chacun un livre (Rainbow pour Rimbaud, Ô Verlaine et maintenant Crénom, Baudelaire !), comment vous les compareriez ?

« Ils ont un point commun, tous : leurs problèmes viennent de la mère. Verlaine ses relations avec sa mère sont invraisemblables, une alternance entre passion et haine. Rimbaud appelait sa mère « la bouche d’ombre ». Leurs rapports étaient très bizarres, elle était dingue… La veille de l’enterrement de son fils elle a passé la nuit au fond de la tombe pour savoir comment serait son fils une fois inhumé… Baudelaire, sa blessure fondamentale c’est d’avoir une passion qui tient de la psychiatrie pour sa mère. Et le fait qu’elle se soit remarié 19 mois après la mort de son père a tout déclenché. Pendant le buffet dinatoire du remariage, il a fermé à clé la chambre conjugale puis jeté la clé dans un puits. Symboliquement c’est d’une force incroyable… Du jour au lendemain, à partir de cette date, toutes les femmes pour lui étaient des putes ou des salopes.

Vous avez l’intuition qu’il y a des « nouveaux Baudelaire » qui s’agitent, dans l’ombre, de nos jours ?

« Certainement, il n’y a pas de raison qu’il n’y en ait pas. Mais pour qu’un Baudelaire existe, il faut qu’il y ait un éditeur, un Poulet-Malassis, qui prenne des risques, quelqu’un qui y croit, et voue sa vie pour un auteur. Il y a peut-être des nouveaux Baudelaire, qui ne sont pas poètes, mais chanteurs, dessinateurs… »

Parution le 13 octobre 2021 – 448 pages

Crénom, Baudelaire !, Jean Teulé (J’ai Lu) sur Fnac.com

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Lucas
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