Oratrice inspirée et femme politique lettrée, Christiane Taubira n’a jamais caché son amour des mots. Elle les fait résonner d’une nouvelle manière dans Gran Balan, premier roman qui revient sur sa terre natale, la Guyane, et sur l’humanité profonde malgré les galères de ses habitants.
Christiane Taubira, la justice et la Guyane
Tout commence par une course. Contre quinze euros, Kerma, 25 ans, sert de taxi à deux jeunes délinquants. Attrapé par la police, il se retrouve inculpé, menacé d’une lourde peine. Le héros du livre doit alors expliquer sa précarité et raconte à travers son parcours celle de toute une génération.
Gran Balan (que l’on pourrait traduire du créole guyanais par « Grande Vitesse ») s’intéresse aux petites gens de la Guyane, à leurs difficultés quotidiennes, au courage pour se sortir de la pauvreté et des itinéraires tout tracés vers la marginalité.
Christiane Taubira y transcrit sa verve, son souci des humains et nous emmène à travers ce département qu’elle connaît si bien – pour y être née et avoir embrassé très jeune la cause indépendantiste locale.
Le premier roman d’une véritable femme de lettres
Diplômée dans le domaine des sciences économiques, en sociologie et spécialiste de l’agroalimentaire, Christiane Taubira a démontré tout au long de sa carrière politique une certaine aptitude à manier les mots. Qu’elle cite Aimé Césaire pour lutter contre la haine, qu’elle tance en termes soigneusement choisis ses contempteurs lors d’homériques séances de questions au gouvernement, qu’elle restitue de mémoire les poèmes qu’elle adore, son esprit et sa culture ont toujours dicté son parcours.
Avec Gran Balan, l’ancienne Garde des Sceaux transmet à l’écrit ce souffle militant et lyrique qu’elle avait su importer dans la classe politique.
Après de jolis textes engagés, comme Nuit d’épine, Nous habitons la Terre ou Murmures à la jeunesse, Christiane Taubira signe une déclaration d’amour à sa région et à ses habitants sous une forme fictionnelle qui semble finalement lui seoir avec bonheur.
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Parution le 10 septembre 2020 – 480 pages
