Chanteur et compositeur iconoclaste, Sébastien Tellier s’en revient ce printemps avec Domesticated, un concept album autour des… tâches ménagères, et de la vie de famille. Un opus qui le voit se confronter à la jeune génération (avec le rappeur Varnish la Piscine) et au meilleur de l’electro actuelle. Dans la continuité de sa carrière, au final. Portrait d’un touche-à-tout.
Sébastien Tellier, musicien né
Fils d’un guitariste rythmique (proche du groupe Magma) reconverti dans l’événementiel, Sébastien Tellier a baigné dans la musique dès son plus jeune âge, recevant régulièrement des instruments en cadeaux de Noël et d’anniversaire. Adolescent obsessionnel et angoissé, il enchaîne les petits boulots avant d’avoir une révélation devant sa télévision, en découvrant un clip d’Air. Encore jeune homme, il décide à présenter ses chansons, qu’il compose depuis l’âge de douze ans, au label Source.
Intéressés, les membres d’Air le prennent en première partie et le signe sur leur sous-label, Record Makers, dont il va devenir l’un des piliers. Dès son premier disque L’Incroyable Vérité, son style mêlant des éléments de variétés, des références electro kitsch et des musiques de film synthétiques (type The Phantom of Paradise) apparaît. Un premier succès underground naît au début des années 2000, avec la célèbre Ritournelle, enregistré avec le batteur Tony Allen.
L’homme des concepts
Il n’est pas aisé de catégoriser Sébastien Tellier. Chanteur, pianiste mélodieux, guitariste inspiré, le garçon ne fait pas vraiment dans la french touch, même si son amitié avec les membres d’Air, avec Quentin Dupieux et SebastiAn (avec qui il a réalisé la B.O. de Steak) ou de ceux de Daft Punk (qui ont choisi un de ses titres pour leur film Electroma) le rapprochent de cette scène. L’artiste aurait plutôt des références ancrées dans les seventies, avec une candeur mêlée d’un goût pour la bizarrerie.
Preuve en est, ses albums portent successivement la marque d’un concept, qui va ensuite être lié aux paroles et aux musiques. Politics, sur l’état du monde, Sexuality, sur le plaisir, Confection, bande originale d’un film imaginaire, My God is Blue, sur les nouveaux mouvements religieux, sont autant de parenthèses, de digressions, derrière lesquelles il se réfugie pour orienter sa composition. Celle-ci mêle astucieusement ses influences, qui vont de Serge Gainsbourg à François de Roubaix en passant par Jan Hammer ou Lucio Battisti.
Enfin l’électronique ?
Au fur et à mesure de sa carrière, Sébastien Tellier a multiplié les sonorités, joué avec sa voix, mêlé provocation médiatique (la fameuse catapulte face à Brice Hortefeux) et prestations scéniques marquantes. Son dernier disque tend à le rapprocher davantage de l’electro, par ailleurs. Les ambiances s’y font rêveuses, encore plus synthétiques que par le passé, et l’usage récurrent d’autotune et de vocoder donne une nouvelle modernité à l’ensemble.
Consacré à un nouveau pendant de sa vie (depuis son album L’Aventura en 2014, il est devenu père de deux enfants), cet opus court et dense narre, de manière toujours aussi iconoclaste, les affres du quotidien, ménagers notamment. Domesticated ne sera cependant pas le disque à écouter pour faire ses vitres : il requiert un peu d’attention pour en apprécier toutes les nuances !
