C’est l’une des grandes figures des Misérables de Victor Hugo. Petite fille abandonnée par une jeune femme trop naïve, Cosette connaît une enfance traumatisante chez un couple d’avares. Sauvée de leurs griffes par Jean Valjean, elle doit encore affronter bien des difficultés avant de trouver la paix. Des péripéties qui font d’elles une héroïne inoubliable et chargée d’un fort symbolisme.
Cosette ou l’enfance maltraitée
Fille naturelle de la belle Fantine et du jouisseur Félix Tholomyès, Cosette est abandonnée par son père dès sa conception. Parce que les mères célibataires sont mal vues en ce début du XIXe siècle, Fantine la confie à un couple d’aubergistes. Bien mal lui en prend : les Thénardier font de l’enfant une esclave. S’ensuivent pour Cosette cinq années de misère à dormir par terre et manger les mauvais restes. Elle devient « L’Alouette » pour les gens du pays, une créature chétive qui s’active dès l’aube. À la nuance près qu’elle « ne chante jamais ». Elle incarne alors la figure classique de l’enfant maltraité : on pense à Jane Eyre, Oliver Twist et Harry Potter.
Ce que s’offrent les pauvres chez Les Misérables de Victor Hugo
Devenue ouvrière, Fantine se ruine pour payer les Thénardier. À cause des mensonges du couple, Cosette devient l’innocent instrument de sa perte. Victor Hugo dresse dans les Misérables une puissante critique de la société : face à l’hypocrisie ambiante et à la froideur des lois, les deux fragiles créatures sombrent dans la misère.
Leur unique salut vient de la solidarité qui existe parfois entre les êtres démunis. Car c’est Jean Valjean, un ancien bagnard, qui accompagne les derniers jours de Fantine, puis tire Cosette de son esclavage. Et qui devient, en passant, l’un des personnages les plus réputés de la littérature française. La preuve : les plus grands acteurs ont joué son rôle au cinéma, et notamment Gabin, Ventura, Belmondo, Depardieu, et Hugh Jackman, rien que ça.
L’héritage de Cosette
Si Valjean représente la virilité et l’abnégation, Cosette incarne une autre valeur chère au romantisme : la pureté. De l’enfant vulnérable à la jeune fille candide, Hugo lui compose un caractère sans tache. Elle est parfois trop coquette mais c’est « par innocence ». On en reste même un peu sur sa faim.
Mais peut-être faut-il voir en Cosette une allégorie qui va au-delà de celle de la féminité. Par sa fragilité face aux forces de la société, n’est-elle pas la parfaite représentation de ce que Hugo appelle les « misérables » ? C’est-à-dire : une foule de petites gens qui aimerait faire le bien, mais que l’ordre social enferme dans l’injustice.
De nos jours, l’expression « cosette » est synonyme d’enfant « exploité dans les travaux domestiques ». C’est toutefois oublier que la jeune fille connaît une vie après sa triste enfance. Et puisque son véritable prénom est Euphrasie – Cosette n’étant que le diminutif inventé par Fantine – on pourrait dire qu’une euphrasie est un être vulnérable, mais courageux et capable de triompher de puissantes forces ennemies.