La bataille fait rage entre Android et iOS qui se partagent pas moins de 98% des parts de système d’exploitation mobile. Mais désormais privée des services Google, la marque Huawei compte bien se frayer une place et gagner en importance, à la manière dont ses smartphones ont rencontré un réel engouement.
Un allié qui devient un concurrent
Tout est parti d’une affaire de politique. En mai 2019, l’administration Trump a porté des sanctions à l’encontre de la Chine et des séries d’embargos, notamment sur les produits technologiques. Les entreprises américaines se sont vu interdire de travailler avec des entreprises chinoises, dont Huawei qui est devenue persona non grata aux États-Unis. La marque de téléphonie s’est alors retrouvée sur une liste noire qui l’empêchait de développer ses infrastructures réseau pour l’arrivée de la 5G. Mais surtout, le deuxième fabricant de téléphones mobiles s’est retrouvé dans une situation où à l’avenir, ses prochains smartphones et tablettes se trouveront privés d’Android et des « Google Mobile Services » (PlayStore, Gmail, YouTube, Maps …).
Finalement, l’OS de Google continue à être intégré aux appareils de la marque. En revanche, le PlayStore n’est plus distribué sur les dispositifs fabriqués par Huawei. L’alternative est App Gallery, un magasin d’applications intégré de longue date sur les appareils de la marque mais que de nombreux utilisateurs délaissaient au profit du PlayStore de Google.
Désormais, Huawei compte rivaliser avec Google et développer une plateforme riche de plusieurs millions d’applications.
Un catalogue qui s’enrichit de jour en jour
Entre temps, Huawei a su convaincre les développeurs de décliner leurs applications sous l’App Gallery et ces derniers ont répondu présent. Il est dans l’intérêt des éditeurs de proposer leurs apps sur ce nouveau catalogue car environ 600 millions d’appareils Huawei et Honor ont été commercialisés par la marque chinoise, dont 200 millions rien qu’en 2019. Pour convaincre les développeurs qui seraient encore réticents, la marque a promis de leur reverser 100% des revenus de leurs applications la première année et 90% la deuxième année (contre 70% en temps normal).
Le but est de ne pas non plus chambouler les habitudes des utilisateurs en leur offrant des applications et services semblables. C’est pour cela qu’au fur et à mesure, l’App Gallery accueille des nouveaux arrivants aux noms biens connus : Le Monde, Telegram, Office, Molotov, Asphalt 9, Deezer, Zoom, Fnac, Snapchat, OUI.sncf, NordVPN et bien d’autres. Et s’il est vrai que certains services manquent, comme Google Maps, des alternatives tout aussi efficaces existent. C’est le cas de l’application ViaMichelin qui en plus de servir de GPS, prévoit combien vous coûtera le péage et vous signale les lieux d’intérêt classés au guide Michelin. Pour ce qui est des applications du groupe Facebook (Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp), elles devraient vraisemblablement bientôt faire leur apparition, suivies on l’espère par d’autres applications particulièrement utilisées.
Pour séduire, Huawei met aussi en avant la sécurité de sa plateforme d’applications. Sachant que la protection des données est un enjeu de plus en plus important pour les utilisateurs, la marque se targue d’avoir une politique de traitement des données certifiée par de grands organismes de contrôle. Par exemple, les données des utilisateurs européens sont stockées sur des serveurs non pas en Chine mais en Irlande. L’App Gallery dispose aussi d’un système de contrôle parental qui permet de limiter le téléchargement des applications en fonction de l’âge. On retrouve également StorySign, l’application développée par Huawei et destinée à la lecture pour les enfants sourds et malentendants.
Mais l’App Gallery recèle aussi des applications beaucoup moins connues. Parmi elles, certaines ont l’avantage de pouvoir être utilisées sans installation préalable. Elles sont appelées les Quick Apps et ne nécessitent que l’installation du Quick App Center qui regroupe les applications compatibles et se charge de les lancer à la demande. Elles s’apparentent à des Progressive Web App : de petites applications qui n’ont pas besoin d’être installées car elles fonctionnent comme des sites web qui ne sont lancés qu’une fois qu’on en a besoin. Il suffit juste de disposer d’une connexion internet.
Il existe aussi quelques applications permettant de profiter de la réalité virtuelle ou de la réalité augmentée, à l’instar de l’application Solar System Scope VR qui propose de contempler les étoiles de notre système solaire, et bien plus encore.
On notera aussi la présence de publicité quand on lance l’App Gallery mais il est possible de les ignorer.
Bon à savoir
Il reste possible de télécharger certaines applications qui ne sont pas encore présentes sur l’App Gallery comme WhatsApp en passant par l’application « Petal Search ».
Huawei ne compte pas s’arrêter là
A terme, l’objectif pour Huawei est de devenir un peu comme Apple en développant ses propres services pour ses propres appareils. Cela s’avère d’autant plus intéressant pour Huawei que la mise à disposition des services Google sur les appareils mobiles nécessite le paiement d’une licence. Les économies réalisées pourraient permettre de proposer des smartphones encore moins chers à l’avenir.
De l’autre côté, Google tend la main à Huawei dont il ne semblerait pas vouloir se passer. Le géant de la tech tenterait de trouver une solution pour faire abandonner la décision d’embargo à l’encontre de Huawei. De son côté, la marque chinoise semble décidée à prendre son envol, en témoignent les récents tests de Huawei Search, un outil destiné à remplacer Google Search pour effectuer de rapides recherches en ligne.
Depuis peu, les applications « Musique » et « Vidéo » de Huawei ne servent plus seulement à profiter du contenu multimédia en local mais donnent aussi accès à des plateformes en ligne. Ainsi, à la manière de Spotify, Huawei Musique propose un abonnement mensuel à 9,99 € par mois (après une période d’essai gratuite de 3 mois) pour profiter de 50 millions de titres en streaming grâce à des accords signés notamment avec Universal, Sony ou Warner. Du côté de Huawei Vidéo, on retrouve pêle-mêle des vidéos du net et des contenus de Rakuten TV qui propose des films en VOD.
La prochaine étape du géant Chinois serait un GPS natif créé en partenariat avec TomTom pour intégrer tous les prochains appareils Huawei et Honor.