Les marathoniens, ces athlètes hors du commun… Ils banalisent des performances incroyables en flirtant toujours avec les limites du corps humain. L’un d’entre eux ne cesse d’écrire l’histoire, Eliud Kipchoge. Celui qui s’est fait marathonien sur le tard vient de faire voler en éclat une barrière hautement symbolique, passer sous la barre des 2 heures. Forcément on ne pouvait pas passer à côté, c’est notre sportif du mois !
Les débuts
Eliud Kipchoge est le né le 5 novembre 1984 dans le district de Nandi au Kenya. Il est le cadet de trois frères et sœurs. Le chemin qui le sépare de l’école, il le faisait toujours en courant, tout comme il livrait aussi le lait de sa famille en vélo, sur des dizaines de kilomètres. C’est en 2001 que Patrick Sang, médaillé d’argent sur 3 000 mètres steeple aux jeux de 1992, repère Eliud Kipchoge, alors âgé de 16 ans, lors d’une course locale. Sang vient de mettre un terme à sa carrière et souhaite désormais être entraîneur. Il assigne Kipchoge à un plan d’entraînement, que celui-ci respecte avant d’en demander plus. Tant et si bien qu’il rejoint plus tard le camp fondé par le manager néerlandais Jos Hermens à Kaptagat, que dirige par Patrick Sang. Après un an seulement d’entraînement compétitif, il participe aux championnats du monde de cross ! Il y obtiendra une très honorable cinquième place.
Le 31 août 2003, il est au Stade de France, à Paris. Au bout d’un sprint époustouflant, il y devient champion du monde du 5 000 mètres, devant le Marocain Hicham el Guerrouj et l’Éthiopien Kenenisa Bekele. Les plus observateurs comprennent à ce moment-là le potentiel incroyable du jeune Kenyan.
A partir de cette première victoire, Eliud Kipchoge ne cessera de garnir son armoire de trophées : Argent aux mondiaux 2007 et aux jeux 2008 sur 5 000 mètres, bronze aux jeux 2004 et aux mondiaux en salle 2006 sur 5 000 mètres et 3 000 mètres. Mais le meilleur reste à venir…
Le passage au marathon
En février 2013, Kipchoge décide de laisser de côté les 3 000/5 000 mètres et participe au Semi-marathon de Barcelone. Pour sa première tentative dans cette nouvelle pratique, il établit le record de l’épreuve… Plus tard dans l’année, il fait ses premiers pas en marathon à Hambourg, en Allemagne. Course qu’il gagne ! En septembre, il participe au Marathon de Berlin, marathon dit major. Si la course est remportée par son compatriote Wilson Kipsang, il arrive en seconde position en 2 heures 4 minutes 5 secondes. Mine de rien, il vient de signer la quatrième meileure performance mondiale de tous les temps.
Le marathonien est lancé, et les succès ne vont vesser de s’accumuler. Jusqu’à un premier point culminant, lorsque en 2016 il remporte son premier titre olympique à Rio de Janeiro, dans le temps de 2 heures 8 minutes 44 secondes, le titre le plus important de sa carrière. Le 16 septembre 2018, il bat le record du monde lors du marathon de Berlin. Sans surprise me direz vous ! A une petite subtilité près, il améliore le record précédent de 78 secondes (la plus grande marge depuis 1978), en réalisant les 42.195 km en 2 heures 1 minute 39 secondes ! En résumé, le Kényan, toujours entraîné par Patrick Sang, s’est aligné sur dix marathons. Bilan : neuf victoires et une deuxième place.
De l’athlète parfait au marathon en moins de 2 heures
Michael Joyner, un médecin américain, avait estimé que le marathonien parfait, jouissant de conditions elles aussi parfaites, pourrait, au mieux, réaliser le parcours en 1 heure, 57 minutes et 58 secondes. Si l’on n’en est pas encore là, ce monstre de record qu’est Kipchoge est déjà parvenu à deux reprises à se rapprocher de cette prestation parfaite.
Une première fois en 2017 lorsque Nike lance le projet « Breaking2 », visant à amener Eliud Kipchoge à courir le marathon en moins de deux heures. Mobilisant biomécaniciens, physiologistes et ingénieurs autour du Kényan, Nike réserve le circuit de Formule 1 de Monza, en Italie. Malgré tous ces investissements et préparatifs, Kipchoge échoue à 25 secondes de la barre des deux heures. Un échec de courte durée puisque le 12 octobre 2019, avec le soutien d’Ineos, Kipchoge devient le premier athlète à franchir la barrière des 2 heures au marathon, en couvrant la distance en 1 heure 59 minutes et 40 secondes ! Si cette performance n’est pas homologuée, elle n’en reste pas moins sportivement et symboliquement extraordinaire. Kipchoge a repoussé une limite qu’on a longtemps cru infranchissable. Une fois de plus, il a marqué de son empreinte l’histoire de l’athlétisme et du sport en général. Nouvel exploit en vue, car le Kényan devrait tenter de remporter un deuxième titre olympique à Tokyo, en 2020.