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L’écrivain du monde : portrait de Jean-Marie Gustave Le Clézio

23 avril 2019
Par Melanie C.
L’écrivain du monde : portrait de Jean-Marie Gustave Le Clézio

Prix Nobel de littérature il y a onze ans, J. M. G. Le Clézio a dessiné une œuvre à part. Le Franco-Mauricien, amateur de voyages, intérieurs et au long cours, fait l’objet ce mois-ci d’un essai : Le Clézio, l’homme du secret. Voilà l’occasion de revenir sur le parcours d’un inclassable revendiqué.

Sans étiquette

Un mot semble définir Jean-Marie Gustave Le Clézio dans l’essai que lui consacre Aliette Armel, Le Clézio, l’homme du secret, paru ce 18 avril : le mystère. La critique littéraire a côtoyé l’écrivain à de nombreuses occasions, et a surtout remarqué son silence et son secret, malgré une œuvre pléthorique. C’est dans celle-ci qu’il faut chercher la parole sans égal d’un maître des lettres mondiales. Né en 1940 à Nice, il est issu d’une famille bretonne installée sur l’île Maurice depuis trois siècles. Son entrée en littérature date de 1963, avec la parution du Procès-verbal, immédiatement couronné par le prix Renaudot. Ce texte, récit intérieur d’un jeune homme souhaitant se détacher du monde et du cours du temps, le place d’emblée parmi les figures du Nouveau roman. Mais très vite, Le Clézio s’éloigne de cette esthétique moderniste, pour se forger un style personnel et inimitable, loin des courants dominants et des formes traditionnelles. Après des récits existentiels, dont les nouvelles de La Fièvre et le roman Le Déluge, il va s’inspirer de ses voyages et de problématiques sociales et environnementales vues autour du monde pour constituer son œuvre.

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Une vie de voyage

Au cours des années 1960, après une coopération civile en Asie du Sud-Est, l’écrivain s’érige en chercheur de sens, d’harmonie et de beauté, dans une œuvre qui fait la part belle aux phénomènes naturels, aux paysages lointains, aux personnages exotiques édifiants. Le Livre des fuites et son tour du monde hypnotique, Terra Amata et ses décors arides, Voyages de l’autre côté et son itinéraire maritime sont autant d’exemples de la manière avec laquelle l’auteur érige des frontières entre une civilisation urbaine écrasant les individus et un monde « extérieur » où des merveilles, presque insaisissables, se logent. Durant sa carrière, Le Clézio manifeste son intérêt pour des causes importantes et des civilisations quasi perdues, notamment les Amérindiens. Une passion qui lui inspire par exemple les essais Les Prophéties du Chilam Balam et Haï, et des engagements forts, comme l’appel qu’il lança en 2012 pour sauver le cadre de vie des Indiens Huichols, au Mexique. Au fil de ses récits de voyage, enfin, Le Clézio a montré la voie à une vraie recherche de sens, plutôt que de la richesse, comme en témoigne l’un de ses ouvrages les plus fameux, Le Chercheur d’or, où la quête matérielle devient secondaire face à l’incroyable richesse de la Nature et du monde spirituel.

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La quête de soi et des autres

En cinq décennies, J. M. G. Le Clézio a exploré bien des formes, du récit court au roman initiatique, et s’est aussi adressé à la jeunesse, avec le conte Balaabilou (illustré par le mythique Georges Lemoine), qui sera réédité au mois de mai. Ses propres souvenirs d’enfance et son ascendance familiale ont donné la matière d’une partie de son œuvre récente. Ainsi, L’Africain s’intéresse à la figure paternelle de la famille Le Clézio, quand Ritournelle de la faim, paru juste avant son prix Nobel en 2008, évoque la mémoire du côté maternel, dans un roman où s’enchevêtrent les décennies et les lieux, bâtissant une cathédrale mémorielle qui a prouvé que le souffle de l’écrivain ne s’éteignait pas. Récemment, outre deux recueils de récits courts, Histoire du pied et autres fantaisies et Tempête, il a publié avec Alma un roman particulièrement important, où l’île Maurice et la France n’ont jamais été autant liée par la plume. Se reconnaissant d’une littérature francophone non exclusive à l’Hexagone, ayant fait du cosmopolitisme et du multiculturalisme son credo, J. M. G. Le Clézio, à bientôt 80 ans, fait figure de mythe vivant d’individu libre et créatif dans le milieu littéraire mondial.

Balaabilou jmg le clézio                             Alma

Article rédigé par
Melanie C.
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