Maintes fois repoussé, le nouveau film de James Gray, Ad Astra, sort enfin le 18 septembre. Le réalisateur très perfectionniste de La Nuit nous appartient et de The Immigrant a réussi à mettre un point final à son long-métrage. Mais que sait-on de ce film ambitieux ?
Qui ?
Après le projet abandonné The Gray Man, après Charlie Hunnam remplaçant de luxe dans The Lost City of Z, les planètes sont alignées : James Gray (The Immigrant) et Brad Pitt, pourtant devenu plus rare ces dernières années, ont enfin accordé leurs agendas pour tourner Ad Astra l’été dernier. Côté acteurs, c’est aussi l’heure des retrouvailles longtemps attendues, puisque, outre Ruth Negga, vue dans Loving, Tommy Lee Jones et Donald Sutherland, qui s’envoyaient déjà dans l’espace dans Space Cowboys, complètent la distribution.
Quoi ?
« Ad astra », c’est la version courte de l’expression latine « per aspera ad astra », variation antique de « vers l’infini et au-delà ». Mais point de Buzz l’Eclair ici. Brad Pitt sera Roy McBride, un astronaute autiste – pratique pour supporter d’être seul perdu dans l’espace – sur les traces de son père, disparu au cours d’une mystérieuse expédition vers Neptune à la recherche de vie extra-terrestre. Ce faisant, on nous promet des découvertes mettant en péril la nature même de la vie humaine et sa place dans le cosmos… Rien que ça.
Ce qu’on en attend…
L’espace, plus que la science-fiction, semble être le nouveau terrain de jeu de cinéastes cherchant à sortir de leur zone de confort. Damien Chazelle (First Man) et Claire Denis (High Life) s’y sont essayé l’an dernier, avec un succès d’estime. James Gray, lui, veut transformer l’essai, celui de se mettre dans les pas de Stanley Kubrick. Car le cinéaste est ambitieux et parle de son film comme d’une rencontre entre Apocalypse Now et 2001. Certainement le moyen d’explorer à nouveau, mais cette fois dans l’immensité, les liens intimes d’un père et son fils comme il l’avait magistralement fait dans La Nuit nous appartient (et à peu près tous ses films). Le tout avec une réflexion sur la place de l’homme dans l’univers ou la responsabilité des expérimentations scientifiques, bref, sur la conscience de l’humanité. Un défi de taille, qu’on espère le voir relever avec brio (qui d’autre ?).
Ce qu’on en a pensé
Ad Astra, ce sont cinquante nuances de Gray. Le réalisateur américain y distille ses obsessions récurrentes (les rapports père-fils, la question du choix, le sacrifice, le rapport au corps et des personnages en introspection), mais il les emmène plus loin encore qu’il ne l’avait jamais fait. Lui qui s’échinait à filmer les faubourgs de New York, qui traquait l’infiniment petit au creux des émotions, le voici qui s’ouvre de plus en plus, tout en gardant ce qui fait l’essence de son œuvre.
De Gray en Gray, le réalisateur joue de plus en plus avec l’immensité, l’inconnu, l’inédit, le lointain. Il quitte la forêt amazonienne de The Lost City of Z pour gagner l’espace et retrouver, inlassablement, des personnages qui évoluent en terrain connu. Mais James Gray s’autorise le spectaculaire, l’audacieux, comme l’attaque pirate sur la Lune, ou l’horreur pure (des gorilles amateurs de chair humaine). Brad Pitt y déploie toute la puissance de son jeu, comme libéré lui aussi du carcan de sa notoriété. En somme, un film sur la révélation de soi…