LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Yasmine D. (Herblay). Le Pavillon des cancéreux est le récit d’une expérience tirée du vécu de son auteur, Alexandre Soljenitsyne. Un grand roman russe que l’on n’oublie pas tant sa réalité est proche de nous.
Le Pavillon des cancéreux
Le coup de cœur de Yasmine D. (Herblay)
Le Pavillon des cancéreux est le récit d’une expérience tirée du vécu de son auteur, Alexandre Soljenitsyne. Un grand roman russe que l’on n’oublie pas tant sa réalité est proche de nous.
Le Pavillon des cancéreux
L’histoire se déroule en URSS dans une ville d’Ouzbékistan.
Le pavillon dont il est question est un pavillon bien différent des autres, celui d’un service de cancérologie. Une société dans laquelle on partage le quotidien des médecins, des infirmières et aides-soignantes, et bien sûr des malades. « Le talent suffit mieux que la médiocrité à comprendre et accepter la mort. Et pourtant, à mourir, le talent perd beaucoup plus que la médiocrité ! La médiocrité exige de vivre longtemps. » Alexandre Soljenitsyne nous offre un grand roman de la société russe.
Les personnages
Pour le haut fonctionnaire du parti Roussanov, la cohabitation avec les autres patients va être difficile. Les chambres sont communes et destinées aux gens de moindre valeur. Il doit à tout prix quitter cet endroit. Son admission est certainement une erreur.
Le mal s’éloigne pour Kostoglotov, un ancien prisonnier du Goulag : les portes d’un futur meilleur s’ouvrent à lui, l’amour semble lui sourire.
La maladie hélas n’a pas de préférence d’âge et le jeune géologue Vadim souffre d’un mal incurable. Finir ses recherches, trouver une invention afin de laisser une trace de son travail est désormais son seul but.
Et puis tous les autres, les compagnons de galères : Diomka, ce jeune ouvrier de 16 ans qui perd son pied mais continue les cours du soir au pavillon ; Ephrem, Sigatov, Ouzbek et plus encore. L’équipe soignante, Zoé, Véra, autant de femmes qui feront chavirer le cœur de certains patients mais aussi Lioudmila, rattrapée à son tour par la maladie.
Ensemble pour survivre
Comme à son habitude, la littérature russe nous transporte dans un univers noyé de réalisme. La société dépeinte par l’auteur nous prouve une fois de plus les difficultés de la vie à l’heure de la déstalinisation. La maladie n’épargne personne ; elle ne choisit pas de camp, c’est pourquoi la cohabitation entre un haut fonctionnaire et des ouvriers est intéressante. Alexandre Soljenitsyne s’attache à nous le démontrer.
C’est hélas dans la maladie que les barrières tombent et que les hommes se retrouvent. Sans espoir face à la mort, les individus se rapprochent, le milieu social n’a que peu d’importance. Roussanov apprendra vite que son statut a ses limites, il va devoir accepter de vivre avec sa tumeur comme ses compagnons de détresse.
Ce roman traite de la maladie et du sens qu’elle donne à notre vie quand celle-ci est menacée. Bien que le monde de la médecine soit en perpétuel progrès, la douleur, la peur et la mort sont toujours d’actualité. C’est avec brio que l’auteur nous fait partager le quotidien de ces femmes et de ces hommes en nous faisant vivre ou revivre leurs douleurs, leurs peurs, leurs émotions et leurs espoirs. Chacun vient d’un lieu différent avec son histoire, son vécu, son passé, mais tous sont hospitalisés pour la même raison, un mal qui les ronge et les détruit petit à petit. Bien que la Russie et son régime totalitaire les divisent, c’est ensemble dans ce pavillon vétuste qu’ils trouveront la force d’essayer de vaincre leur maladie.
Un roman qui traverse le temps, dans lequel le courage et la lutte des hommes pour leur survie sont dépeints avec un très grand réalisme. Pouvons-nous être égaux face à la maladie ? Parfois, mais redonnons alors son vrai sens à notre vie.
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Traduit du russe par Alfreda et Michel Aucouturier
Première parution en 1966 – 784 pages
Le Pavillon des cancéreux, Alexandre Soljenitsyne (Robert Laffont) sur Fnac.com