Ici, il est question de romans à énigme, de romans noirs ou à suspense, de thrillers et de néo-polars… En bref, de la trajectoire d’un genre qui, à cheval entre les continents européen et américain, n’a cessé de se renouveler, incarné par ses héros de fiction (Sherlock Holmes, Philip Marlowe, Nestor Burma…) mais aussi par des écrivains de talent (de Poe à Manchette). Voici donc quelques conseils plus noirs que noirs pour constituer votre bibliothèque idéale !
La Disparition de Stephanie Mailer – Joël Dicker
« Parfois, je songeais que j’étais un lâche. Mais comme tous les hommes, au fond. Si le bon Dieu nous avait donné une paire de couilles, c’était justement parce que nous n’en avions pas. »
La ville d’Orphea à New-York, est victime d’un terrible fait divers dont le maire et sa famille sont les principales victimes. Pour élucider ce meurtre, les policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott, vont mener l’enquête jusqu’à trouver le coupable. Mais est-il vraiment celui que tout le monde recherche ? Tout est remis en question vingt ans plus tard lorsqu’une journaliste nommée Stephanie Mailer s’exprime sur une potentielle erreur lors de l’enquête. Jusqu’à ce que cette dernière finisse aussi par disparaitre à son tour…
La Disparition de Stephanie Mailer, un incontournable de notre grand auteur Joël Dicker.
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Joël Dicker : « Je crois que tout le monde aime lire mais que tout le monde ne le sait pas. »
De sang-froid – Truman Capote
« …un vrai dur. Il ferait pas de mal aux puces d’un chien. Il se contente d’écraser le chien. »
De sang-froid de Truman Capote s’inspire d’un fait divers que l’auteur a repéré dans un journal new-yorkais en 1959 : celui du meurtre d’un fermier et de trois membres de sa famille. C’est donc à Holcomb que Capote part à la découverte des origines du Mal, en dressant le portrait psychologique des accusés.
À travers un style tout à fait dépouillé, nous plongeons dans les méandres intimes des deux coupables, Perry Smith et Dick Hickock, mais également dans ceux d’une Amérique fragile et nébuleuse. Bienvenue au cœur de la nature humaine, brute et franche.
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Double assassinat dans la rue Morgue – Edgar Allan Poe
« Il me semble que le mystère est considéré comme insoluble, par la raison même qui devrait le faire regarder comme facile à résoudre, je veux parler du caractère excessif sous lequel il apparaît. »
Edgar Allan Poe est un auteur qu’on ne présente plus. Dans Double assassinat de la rue Morgue, un crime effroyable traverse tout Paris : l’assassinat d’une mère et de sa fille dont les corps ont été retrouvés mutilés, et ce, sans mobile apparent. Mais qui est donc le meurtrier ? Une enquête bien plus difficile à résoudre lorsqu’on sait que la porte était verrouillée de l’intérieur à l’heure du meurtre…
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Quatuor de Los Angeles, Tome 1 : Le Dahlia noir – James Ellroy
« « Il a fait ce qu’il a pu », ce n’est pas une mauvaise épitaphe. »
Premier tome de la série du Quatuor de Los Angeles, Le Dahlia noir de James Ellroy narre l’histoire de la jeune Betty Short dont le corps est retrouvé coupé en deux, nu et mutilé, dans un terrain vague de Los Angeles. En s’inspirant d’un fait divers qui a bouleversé l’Amérique en 1947, James Ellroy s’est inscrit en France comme l’un des plus grands auteurs de romans noirs.
Grâce à sa plume bien particulière ainsi qu’à sa capacité à nous faire découvrir les entrailles du Mal, James Ellroy continue toujours autant de nous fasciner.
Allez + loin et rencontrez The Demon Dog : James Ellroy, the Demon Dog, dans les coulisses de la Fnac !
Le grand sommeil – Raymond Chandler
« Qu’est-ce que ça peut faire, où on vous met quand vous êtes mort? Dans un puisard dégueulasse ou dans un mausolée de marbre au sommet d’une grande colline ? Vous êtes mort, vous dormez du grand sommeil… vous vous en foutez, de ces choses-là… le pétrole, l’eau, c’est de l’air et du vent pour vous… Vous dormez, vous dormez du grand sommeil, tant pis si vous avez eu une mort tellement moche… peu importe où vous êtes tombé… »
Qui voudrait de la vie du vieux général Sternwood dont les deux filles ont des vices très poussés, au-delà de toutes frontières du sens moral ? Personne, de cela nous pouvons en être certain ! Et quand l’une d’elles, Vivian, s’endette auprès d’un libraire qui vient faire chanter le riche général, tout s’accélère. Sternwood engage le détective Philip Marlowe, mais quand ce dernier passe la porte de la librairie, trois coups de feu retentissent : Carmen, nue et droguée, un pistolet à la main, et Geiger le libraire, mort à ses pieds. Il était grand temps de Marlowe arrive !
Dans Le grand sommeil, Raymond Chandler pose un regard d’acier sur la société californienne, corrompue et assiégée par des fous.
Le Silence des agneaux – Thomas Harris
« Certaines choses que Lecter avait dites à son sujet étaient exactes, d’autres sonnaient seulement vrai. Durant quelques secondes, elle avait eu l’impression qu’une conscience étrangère était lâchée dans sa tête et, tel un ours dans un camping-car, vidait des étagères à coups de patte. »
Le grand psychiatre et meurtrier Hannibal Lecter n’a que très peu de secrets pour vous, dévoreurs de romans noirs ! Mais il est toujours plaisant de se replonger, un temps, dans Le Silence des agneaux de Thomas Harris, où on le retrouve tel qu’il est : fin psychopathe et grand représentant de la démence criminelle…
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Le Vol des cigognes – Jean-Christophe Grangé
« Je sors de dix ans d’études acharnées, qui m’ont écoeuré à jamais de toute préoccupation intellectuelle. Durant dix années, je n’ai rien vu, rien vécu. je voulais en finir avec cette masturbation de l’esprit, qui laisse au ventre un vide terrible, une faim d’existence à se frapper la tête contre les murs. »
Véritable documentaire et thriller gorgé de suspense, Le Vol des cigognes de Jean-Christophe Grangé reste un incontournable. Louis Antioche, un étudiant tout juste engagé pour suivre la migration des cigognes et découvrir la raison de la disparition de nombreuses d’entre elles la saison précédente, découvre son supérieur mort d’une crise cardiaque dans un nid de cigognes. Il va donc assumer seul sa mission et partir dans une aventure qui va le dépasser lui-même : des cadavres d’enfants mutilés dans un laboratoire, la vision d’oiseaux massacrés… Et quant à tout cela se mêle le retour de son mystérieux passé, les événements s’entrechoquent périlleusement.
Millénium, Tome 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes – Stieg Larsson
« Mikael savait très bien que toutes les familles ont des squelettes dans le placard. La famille Vanger avait un cimetière entier. »
Une trentaine d’années auparavant, la petite nièce d’un gros industriel, Henrik Vanger, a disparu. Et tous les ans, à chacun de ses anniversaires, il reçoit un « cadeau ». Pour enfin faire la lumière sur cette affaire, il va contacter Mikael Blomkvist, un journaliste contraint d’abandonner son poste, brisé par le procès en diffamation qu’il vient de perdre contre un requin de la finance. Alors quand Mikael plonge dans les documents et les archives déjà examinés maintes et maintes fois, il ne pense rien trouver de probant pour élucider l’affaire… Jusqu’à cette intuition qui lui parvient et qui l’emmène au cœur d’un monde de psychopathes. Mais parfois, il est bien plus judicieux de se taire…
Le tome 1 de Millénium Les hommes n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson est le début de tout une série merveilleusement bien écrite et au suspense plus qu’haletant. Nous le recommandons chaudement !
Pars vite et reviens tard – Fred Vargas
« Crimes de sang. Groupe homicide. Cette définition tranchante de leur nouvelle ligne d’intervention blessait comme un rasoir. Très bien, il l’avait voulu, halant derrière lui quelques trente affaires criminelles dénouées à grand renfort de rêveries, de promenades et de montées d’algues. »
Dans Pars vite et reviens tard, le fameux personnage de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg mène l’enquête après avoir remarqué d’étranges signes tracés sur de nombreuses portes parisiennes du 18e arrondissement. En parallèle, Joss Le Guern, un ancien marin, découvre dans sa boîte à message des missives qu’il ne comprend pas. A-t-il affaire à un cinglé ? Ou simplement à quelqu’un qui s’amuse ? Quoi qu’il en soit, il devra se protéger car dans la tête de l’homme, on ne sait jamais ce qu’il s’y cache…
Le Poète – Michael Connely
« – (…) Quelle est cette phrase de Nietzsche ? « Celui qui combat les monstres… – … doit prendre garde, ce faisant, à ne pas devenir lui aussi un monstre. » »
Prix Mystère de la critique en 1998, Le Poète de Michael Connely est lui aussi un polar à avoir lu au moins une fois dans sa vie. Alors que l’inspecteur Sean McEvoy est retrouvé mort dans sa voiture d’une balle tirée dans la bouche, son frère Jack peine à croire à l’hypothèse du suicide. En s’introduisant dans la base de données du FBI, il découvre que plein d’autres policiers sont poussés au suicide avec tous un point commun : des lettres d’adieu accompagnées d’extraits de poèmes d’Edgar Allan Poe. Mais à trop mettre son nez où il ne faut pas, Jack prend le risque de devenir la prochaine cible…
Le Chuchoteur – Donato Carrisi
« Mila comparait la tristesse à ces vieilles armoires dont on voudrait se défaire mais qui restent toujours à leur place, et dont finit par émaner une odeur typique qui imprègne la pièce. Avec le temps, on s’y habitue, et on finit par appartenir nous aussi à cette odeur. »
Dans Le Chuchoteur de Donato Carrisi, il faudra attendre l’arrivée de Mila Vasquez, une experte dans les affaires d’enlèvement, pour avancer dans l’enquête sur la disparition de cinq petites filles. En effet, à chaque découverte, les indices mènent vers des assassins complètement différents. Mais, si tous les meutres sont liés entre eux, qui est donc le vrai coupable ?
L’assassin qui est en moi – Tim Thompson
« Nous vivons dans un drôle de monde, mon petit gars, une civilisation étrange. Les flics y jouent aux escrocs, et les escrocs y font régler l’ordre. Les politiciens prêchent la bonne parole, et les prédicateurs font de la politique. Les percepteurs perçoivent pour leur propre compte. Les Méchants veulent que nous ayons davantage d’argent, et les gentils se démènent pour qu’on ne puisse pas mettre la main dessus. Parce que c’e n’est pas bon pour nous, tu comprends ? Si on pouvait tous manger autant qu’on veut, on chierait trop, et ça provoquerait une inflation dans l’industrie du papier toilette. Voilà comment je comprends la situation. »
Si pour tout le monde, Lou Ford est un jeune adjoint au shérif fort agréable, à qui on ne peut rien reprocher, le doute est malgré tout permis. Atteint d’un trouble psychiatrique, il a, dans son passé, déjà commis un crime pour lequel c’est son frère Mike qui a écopé de plusieurs années de prison. Juste après sa sortie de détention, ce dernier est retrouvé mort sur un chantier, et Lou Ford a de bonnes raisons de penser que le responsable n’est autre que Chester Conway…
L’assassin qui est en moi de Tim Thompson n’a pas encore dévoilé toute ses surprises !
La femme en vert – Arnaldur Indriðason
« Le mauvais esprit qui planait au-dessus de la maisonnée ne se résumait pas à de la violence physique. Les infamies qui sortaient de sa bouche produisaient le même effet que des gifles en plein visage. »
La découverte d’un squelette vieux d’un demi-siècle, retrouvé dans les hauteurs de Reyjakik, donne du fil à retordre au commissaire Erlendur. Il lui faut d’ailleurs remonter jusqu’à la période de la Seconde Guerre mondiale, chez la famille qui vivait là, pour faire la lumière sur tous ces mystères.
La femme en vert est un fabuleux roman mené avec une précision hors pair, par une main de maître.
Ne le dis à personne – Harlan Coben
« Les souvenirs, ça fait mal. Surtout les bons. »
Huit ans après l’assassinat de sa femme par un tueur sanguinaire, le pédiatre David Beck reçoit un mystérieux mail codé qui ne pouvait être connu et déchiffrable que par lui-même ou feue son épouse. Mais comment douter de la mort d’Elizabeth quand le propre père de cette dernière a été celui qui a identifié le corps ? Et pourtant, tout se chamboule dans sa tête lorsqu’il clique sur le lien hypertexte et découvre par le biais du film d’une caméra de surveillance qu’Elizabeth est bel et bien en vie, et articule à son encontre « Pardon, je t’aime… »
Avec Ne le dis à personne d’Harlan Coben, inutile de vous préciser à quel point ce thriller haletant mérite sa place dans notre sélection.
La Fille du train – Paula Hawkins
« Il n’y a rien de plus douloureux, de plus destructeur que le doute. »
À force de passer devant cette maison tous les matins et tous les soirs pour rejoindre par le train la banlieue où elle vit et son travail à Londres, Rachel fraternise avec et ses occupants qu’elle décide de nommer Jason et Jess. Puis un jour, toute la vie imaginaire que Rachel leur a construit bascule : qui est cet homme avec qui Jess semble avoir une liaison, et qui n’est pas Jason ? Ses pensées seront vite troublées par un autre mystère : le visage de Jess est à la une de tous les journaux suite à sa disparition…
La Fille du Train de Paula Hawkins est aussi à découvrir en film.
Le Diable, tout le temps – James Ray Pollock
« L’envie a tendance à susciter le pire chez les gens, en particulier chez les plus jeunes. »
Le Diable, tout le temps de James Ray Pollock nous emmène de l’Ohio à la Virginie-Occidentale, entre les années 1945 à 1965. À travers les destins mêlés de personnes prêtes à tout pour servir leurs intérêts, l’auteur nous transporte dans un univers aussi terrifiant que vivifiant.
Meurtres pour rédemption – Karine Giebel
« Même pas le courage d’en finir ? La vérité, c’est qu’il y avait toujours ce stupide espoir qui s’amusait à refaire surface au moment clef. Instinct de survie ? Survie à la place de vie. Survie, c’était bien là le mot, bien là le drame. »
Avec Meurtres pour rédemption, Karine Giebel nous raconte l’histoire de Marianne, vingt ans et dont les barreaux de la prison sont le seul horizon, après avoir pris perpétuité pour un crime. L’enfer dans lequel elle vit au quotidien et contre lequel elle se dresse avec toute la véhémence dont elle est capable l’affaiblit. Mais un jour, la lumière transperce les ténèbres et lui offre une chance de liberté. Attention malgré tout à ne pas se brûler les ailes…
Aller + loin : Rencontre avec Karine Giebel : le retour des nouvelles noires et engagées
Le Chien des Baskerville – Sir Arthur Conan Doyle (1901)
Le système inventé par Poe fit quelques adeptes mais c’est le romancier écossais Sir Arthur Conan Doyle qui éleva le personnage de détective amateur brillant au statut de mythe. L’enquête la plus célèbre de Sherlock Holmes est probablement Le Chien des Baskerville. Dans ce court roman, la mission du fin limier de Baker Street sera de démonter une légende familiale tenace : un monstre venu des enfers ferait peser une malédiction sur la famille Baskerville. L’histoire prend ses quartiers au milieu de la lande anglaise, sauvage et embrumée. Dans cette ambiance qui flirte avec le fantastique, la ruse apparaît comme le seul remède à la superstition…
Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie (1926) ou Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux (1907)
Ce ne sont pas les esprits supérieurs qui manquent dans la littérature policière. Observateur, futé, et… sachant ménager ses effets d’annonce, telles sont les qualités indispensables d’un parfait détective. Dans le genre, Hercule Poirot, le personnage phare de l’anglaise Agatha Christie, fait au moins aussi bien que Sherlock Holmes. Il suffit pour s’en convaincre de se plonger dans Le Meurtre de Roger Ackroyd, rendu célèbre par son dénouement iconique. On vous conseille également d’aller voir du côté du Français Gaston Leroux, qui reprend à son compte dans Le Mystère de la chambre jaune le schéma du meurtre en chambre close déjà rencontré chez Poe.
Le Faucon de Malte – Dashiell Hammett (1930)
Place au roman noir américain. Le style « hard boiled » (dur à cuire) prend ses marques dans l’Amérique urbaine de la prohibition. Une écriture brutale, une humanité sans illusion, une société traversée par le crime, la violence et la corruption… Tels sont les codes du genre. L’énigme y est remplacée par l’action et le détective amateur s’esquive derrière le personnage du privé. Son incarnation la plus fameuse est probablement Sam Spade, un personnage né sous la plume de Dashiell Hammett. Il apparaît d’abord dans Le Faucon de Malte, dont la publication marque un moment important dans l’histoire du roman noir américain (il est aujourd’hui réédité sous le titre Le Faucon Maltais). Lecteurs, vos nerfs seront mis à rude épreuve dans cette énigme, davantage que vos méninges. Le Faucon de Malte se déroule dans un San Francisco peuplé de cadavres, à commencer par celui de l’associé de Spade, qui, d’entrée de jeu, laisse sa peau dans une étrange affaire de filature. Spade reprend l’affaire, qui le conduit sur la piste d’une statuette de faucon attirant toutes les convoitises… Il n’a aucune idée de ce dans quoi il met les pieds, mais il ouvre la voie du roman noir, dans laquelle nombreux sont ceux qui s’engouffreront.
Les Nouveaux mystères de Paris – Léo Malet (1954 – 1959)
Le roman noir américain, porté surtout en France par la collection Série Noire de Gallimard, ne manque pas de faire des adeptes dans l’Hexagone. À l’exemple de Léo Malet, entré en littérature sous l’influence des poètes surréalistes, qui aborde le roman policier à sa façon, en y intégrant ses convictions libertaires. Les enquêtes de son personnage Nestor Burma, détective libre et aventurier à l’image de l’auteur, s’étalent notamment sur un cycle de 15 romans, intitulé Les Nouveaux mystères de Paris. Le concept : à chaque arrondissement de Paris correspond une énigme. Malet apporte au roman noir une certaine forme de poésie et un goût affirmé pour la déambulation parmi les rues de la capitale.
Le Petit Bleu de la côte ouest – Jean-Patrick Manchette (1976)
Il faut rendre à César ce qui est à César et c’est à Jean-Patrick Manchette que revient la formule de « néo-polar », ce qui vaut bien mention de son œuvre ici (et quand bien même, il aurait semblé difficile d’en faire l’impasse). Sous la sombre influence du roman noir américain des années 30, le néo-polar est un genre de « sales gosses » qui insufflent à leurs histoires un rythme soutenu et les teintent d’une couleur politique. Dans le mouvement des événements de Mai 68, le polar ajoute en effet à la violence commandée par ses intrigues une observation critique de la société. Marginaux, SDF, chômeurs reviennent en force prendre les commandes de ces histoires… Mais pas seulement, car la violence fissure aussi le quotidien des hommes sans histoires. Comme celui de Georges Gerfaut, cadre commercial lambda, que Manchette transforme dès l’entame du Petit Bleu de la côte ouest en cible à abattre. S’ensuit une poursuite infernale et mystérieuse dont le mobile n’est pas tant le sujet que le prétexte, et qui permet à Manchette d’aborder en sous-texte la question du malaise des cadres. La position du tireur couché, Laissez bronzer les cadavres !, Morgue pleine, Que d’os !… : les titres des autres livres de Manchette sont, à eux-seuls, déjà tout un programme.
Mygale – Thierry Jonquet (1984)
Autre auteur phare du néo-polar et compagnon de la bande de la Série noire, Thierry Jonquet a lui aussi fait de ses romans les réceptacles d’une certaine détresse sociale. On peut aborder l’œuvre en commençant par son roman Mygale, porté à l’écran par Pedro Almodovar sous le titre La Piel que habito. Mais c’est encore Jonquet lui-même qui vous donnera l’envie d’aller plus loin : « J’écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n’en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n’accorde aucune chance de salut. Chacun s’amuse comme il peut. » Un lecture-étape importante dans l’élaboration de notre bibliothèque idéale, qui nous permettra ensuite d’aborder les subtilités du roman noir contemporain en toute sérénité… ou pas.
Et vous, quel est le roman noir le plus indispensable de votre bibliothèque ?
Aller + loin : Quelle est la différence entre un thriller et un polar ?