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Philip K. Dick, le maître de la science-fiction

11 février 2022
Par Anna
Philip K. Dick, le maître de la science-fiction

L’écrivain Philip K. Dick (1928-1982) est probablement l’un des plus grands auteurs de science-fiction du XXe siècle. Son influence jusqu’à aujourd’hui est considérable : quantité de films cultes dérivés de son œuvre en donne une première mesure, et les échos à des faits de notre actualité en sont une seconde. Portrait d’un écrivain inclassable.

« Si vous pensez que ce monde est mauvais, vous devriez en voir quelques autres »

Et si le monde dans lequel nous vivions était factice ? Et si les humains n’étaient que des androïdes à la merci de créatures plus intelligentes qu’eux ? Et si cette succession d’interrogations ne trouvait jamais de fin ? Car du doute raisonné à la folie, il n’y a qu’un pas. Alors, comment déterminer si telles allégations franchement louches relèvent plutôt de la paranoïa ou du génie visionnaire ?

Après avoir lu l’œuvre de Philip K. Dick, vous tendrez (lorsque la question se posera) à considérer l’éventualité de la seconde option, a contrario du commun des mortels qui continuera imperturbablement à pencher pour la première.

Le procès de lucidité entoure l’écrivain lui-même. Le nom de Philip K. Dick charrie avec lui quelque chose de sulfureux, d’ambivalent, d’absolument en décalage avec le monde qui le préservera sans doute à jamais de tomber du côté du mainstream.

Cette impression tient principalement à son Exégèse, sorte d’œuvre improbable revenue des enfers, où l’auteur s’enferma à la fin de sa vie pour l’écrire, et par laquelle il semble pertinent, paradoxalement, de débuter ce portrait (Dick avait lui-même une conception un peu particulière du temps).

L’Exégèse consiste en des milliers de notes manuscrites par lesquelles Dick a transcrit ses expériences visionnaires et tenté de les analyser. Au récit minutieux des hallucinations et autres délires mystiques dont il dit être sujet, il mêle l’érudition philosophique et théologique qu’il acquit en véritable autodidacte. Le tout partit d’une « révélation » advenue en 1974 après une opération des dents de sagesse. La visite d’une femme portant au cou un pendentif en forme de poisson, symbole des premiers chrétiens, déclenche une vision qui bouleverse sa perception du monde : c’est le point de départ à une série d’hallucinations… et à quelques 8000 pages de journal qui aboutirent donc à L’Exégèse. Depuis, celle-ci a fait l’objet d’un travail critique considérable dont on peut avoir un aperçu en se plongeant dans les deux volumes publiés aux éditions J’ai Lu.

De la même période, l’histoire littéraire, et en particulier le monde de la science-fiction, a aussi retenu une conférence donnée par Dick à Metz dans le cadre d’un festival. Son titre : « Si vous pensez que ce monde est mauvais, vous devriez en voir quelques autres ». L’écrivain y développe plusieurs thèses qui permettraient de soutenir l’existence de mondes parallèles. Nous plonger dans sa bibliographie nous semble une bonne manière d’en explorer quelques-uns…            

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Le Maître de la science-fiction

Avec une quarantaine de romans et plus de cent nouvelles, Philip K. Dick est l’auteur d’une œuvre prolifique. S’il ne publia, comme son entourage le lui suggérait, presque aucune œuvre de « littérature sérieuse » de son vivant, ce n’est pas faute de s’y être essayé : ses manuscrits furent quasiment tous refusés, ses Confessions d’un barjo mises à part.

Dick se résigna donc à écrire de la science-fiction pour gagner sa vie, d’abord sous forme de nouvelles, qui paraissaient dans les pulps. Il se fait remarquer pour la première fois en 1962 avec la publication de son roman Le Maître du Haut Château, une uchronie dans laquelle il imagine ce à quoi ressemblerait le monde si la Seconde Guerre mondiale avait été remportée par les nazis. Un roman choral pour permettre au lecteur d’aller voir ce que si passe du côté des Japonais et des Allemands.

En bref, Dick témoigne déjà d’un goût pour la distorsion du temps et de l’espace, qui annonce les œuvres suivantes. Le monde tel qu’on se plaît à le concevoir sera de plus en plus mis à mal, comme si les remparts qui distinguent le réel de l’imaginaire s’effondraient alors que l’on s’enfonce dans son œuvre.

Suit en 1968 Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? et Ubik en 1969. Le premier interroge la notion d’humain, en inventant un monde où il est devenu impossible de les différencier des androïdes, devenus extrêmement sophistiqués. Le second imagine une expédition sur la lune qui tourne mal, et profite de son intrigue retorse pour aborder tous les thèmes de la science-fiction, de la télépathie au voyage temporel, en passant par la mort.

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Surtout, c’est le cinéma qui a converti l’œuvre de Dick en piliers gigantesques de la culture populaire. Total Recall, Minority Report ou The Truman Show sont autant de films tirés de ses écrits… Quant à l’histoire des moutons électriques, on la connaît davantage sous le nom de Blade Runner, son adaptation à l’écran par Ridley Scott en 1982, qui fut suivie l’année dernière par le Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve. Comme une façon de dire que l’œuvre de Dick irrigue définitivement l’imaginaire du XXIe siècle.

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Anna
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